Attentat de Nice. Un terroriste sous influence ? Décryptage.
Publié le 01/11/2020 à 12h58 | attentat, Basilique, Brahim Aouissaoui, enquête, islamisme, Issaoui, Italie, Jihad, menace, migrants, Nice, Notre-Dame, PNAT, terrorisme, Tunisie | 1 commentaire
L’enquête sur les assassinats commis par le Brahim Issaoui* (Aouissaoui était le nom mal orthographié, figurant sur le document que lui avait délivré la Croix-Rouge italienne) est désormais menée à l’échelon international. « On bosse désormais avec les tunisiens, et les italiens Pour éclairer toutes les zones d’ombres dit magistrat. On veut tout savoir du parcours de Sfax à Nice du jeune tunisien qui s’est mué en tueur capable du pire, et qui est derrière qui au juste, qui l’a aidé, qui a pu être dans la confidence, qui aurait pu même décider de l’action, et téléguider son auteur ». L’itinéraire de l’Islamiste, passé au peigne fin interroge encore. « La rapidité de sa mutation, le temps si court entre son arrivée à Nice et son passage à l’acte, sa détermination implacable, nous font nous interroger sur les complicités dont il a frocément bénéficié, et sur l’existence d’éventuels « mentors », ayant pu le « driver » dans l’ombre ».
En Apparence, le parcours de Brahim Issaoui, s’apparente à celui de nombreux migrants, prêts à tout, pour fuir la misère de leur pays, et tenter de trouver un avenir meilleur ailleurs. Habitant Sfax, l’assassin de la Basilique « Notre-Dame » de Nice, avait déjà effectuée une tentative avortée. Mais cette fois, selon ses proches, il n’avait prévenu personne.
Il disparaît de Tunisie le 14 septembre. De Sfax, il réussit à gagner l’Ile de Lampedusa – un des plus grands « spots » de migrants venus de tous horizons – en empruntant un des nombreux bateaux de fortune, géré par des « passeurs » pro, qui font la courte traversée. Il est à Lampedusa le 20 septembre. A son arrivée, les autorités italiennes l’interrogent. Des vérifications sont faites : Aucun signe alarmant ou précurseur. Le jeune homme est calme, sans stress. Les italiens constatent que Brahim Aouissaoui, est un religieux fervent, mais non répertorié comme agitateur ou militant actif de l’Islam politique, ou possible islamiste combattant. Le 23 septembre, il est vu sur le pont du navire « Rhapsody », à Lampedusa, qui sert de « centre d’accueil pour près d’un millier de migrants. Il y a été dirigé dans l’attente du résultat d’un test COVID. Le 8 octobre, après sa « quarantaine » (quatorze jours de fait) , et un résultat du test négatif, il débarque du « Rhapsody » à Bari.
Il est transféré dans un centre d’accueil, à nouveau interrogé. L’Italie étant littéralement submergée par le phénomène migratoire, comme il est considéré tel un migrant ne présentant aucune dangerosité, il est, ainsi que d’autres, « remis dans la nature » non sans avoir reçu une injonction de quitter le territoire, mais par ses propres moyens… C’est alors que tout bascule. il ne rentre pas chez lui mais met le cap sur la France. Il affirme–ce qui est faux- – y avoir de la famille. Des investigations multiples sont donc en cours pour cerner les complicités actives, directes, dont il a bénéficié. Les italiens ont interpellées plusieurs personnes, notamment à Palerme, ou il aurait pu séjourner aussi. Coté français, 6 complices potentiels sont désormais en garde à vue. Mais pour l’heure, le mystère de son parcours erratique demeure. Avait-il l’intention de frapper avant d’arriver en France ? En avait-il reçu mission ? Si oui, qui sont les donneurs d’ordres? La encore, le timing interroge: « Dès son arrivée clandestine en France, – pas plus de 48 heures apparemment avant le crime – alors qu’il est officiellement « indétectable » – Brahim Issaoui entreprend de faire des repérages autour de l ‘église ou il va frapper, ainsi qu’en attestent les vidéos de caméra-surveillance récupérées. Dans le même temps, il multiplie contacts téléphoniques ou directs avec des personnes dont le degré d’implication reste à déterminer. « Nous avançons, pas à pas » dit un policier. C’est une enquête complexe, loin d’avoir livrée tous ses secrets. Mais nous ne ménagerons aucun effort pour aller au bout ». Un autre précise : « On ne peut exclure l’existence d’un réseau qui aurait fait de l’ancien petit délinquant tunisien, devenu religieux rigoriste, un tueur du Jihad et l’aurait guidé vers sa cible. Mais des contradictions demeurent. L’absence de toute revendication laisse perplexe. Dans quelques jours, nous y verrons plus clair » assure un des membre du PNAT, qui supervise l’enquête préliminaire e prévient: « La France est dans l’œil du cyclone. On est en posture défensive, face à un déferlement de colère venu du monde arabo-musulman. Dans ces conditions, nos compatriotes, tant sur le sol national, qu’à l’étranger doivent le savoir Le risque de nouveaux passages à l’acte, de nouveaux attentats a rarement été aussi élevé ».
Frédéric HELBERT