Affaire Benalla. Perquisition à Mediapart. Du grand-guignol au tragique, Enquête.
Publié le 05/02/2019 à 01h01 | affaires, Benalla, Crase, Ecoutes, Edwy Plenel, enquête préliminaire, Enregistrements téléphoniques, Fabrice Arffi, Journalisme, Justice, Macron, Mediapart, Parquet de Paris, Perquisition, Police, Politique, Presse, Rémy Heitz | 1 commentaire
BENALLA: UNE AFFAIRE SANS FIN
Ce devait être une « bonne journée » pour Emmanuel Macron. Au programme, une nouvelle étape dans sa tournée de promotion du grand débat, avec une descente dans l’arène à Evry face a des élus de banlieues.. Et une prise de position à l’International claire sur le Venezuela avec la reconnaissance par le chef de l’état lui-même, de Juan Guaido comme Président d’un pays mené à la ruine et au chaos par Maduro. Et puis patatras ! Voilà que soudain au cœur de l’après-midi, on apprend que 2 magistrats accompagnés de policiers ont lancé une perquisition hasardeuse visant « Mediapart », l’une des publications les plus offensives dans l’interminable affaire qu’elle nomme dessein l’affaire « Benalla/Macron » « Quelle mouche a piqué le procureur de Paris ? »se demande l’un de se pairs. On savait ajoute le magistratqui nous parle que Rémy Heitz ne serait pas le meilleur garant de l’indépendance du Parquet, vis à vis d’un exécutif qui l’avait directement choisi, même imposé, mais de là à lancer une manœuvre aussi pathétique que contre-productive visant le média le plus féroce dans l’affaire, et ayant multiplié les révélations plus qu’embarrassantes, pour un état, ses administrations et son chef, s’étant montré au mieux incompétents, au pire, toujours protecteurs de (l’ex) mascotte du couple présidentiel mais de là à se fourvoyer à ce point, j’en tombe de ma chaise. Ou alors c’est qu’il y a panique à bord.. ».
Retour à la chronologie des dernières péripéties du feuilleton : la semaine dernière, « Mediapart » révèle non seulement l’existence, mais aussi une partie (seulement) du contenu d’une conversation téléphonique épique entre Alexandre Benalla, et Bruno Crase, comparses non seulement le 1ermai dernier dans la rue, à l’heure de l’usurpation de la qualité de policiers, et de la distribution de « bourres-pif », mais aussi de bien troubles affaires conclues avec un oligarque russe et ce alors que « l’épaule du président » était encore en fonction à l’Elysée. Cette conversation qui a eu lieu quelques jours après la mise en examen des deux compères, est donc en violation absolue des conditions de leurs contrôles judicaires, leur interdisant de communiquer. Ils se sont assis sur cette disposition, mais non pour parler de la pluie et du beau temps. Benalla s’était alors notamment vanté, sur un ton rigolard, de toujours jouir du soutien plein et entier du « patron ». Evidement, cela fait mauvais genre (D’autant que la question de ce soutien n’a jamais jusqu’à aujourd’hui cessé de se poser). L’on aurait pu penser que la divulgation de l’enregistrement, eut amené la Justice à pour le moins rappeler sévèrement à l’ordre des hommes si peu respectueux des règles fixées…
Mais dans l’affaire Benalla, où plutôt les affaires Benalla, rien ne se passe jamais comme on l’attend, et le grand-guignol côtoie la gravité du contenu des dossiers. Et c’est ainsi que le Parquet de Paris a, d’initiative, décidé de viser non ceux qui avaient encore pris des libertés condamnables, mais ce média (part) qui est la bête noire d’Emmanuel Macron », n’ayant cessé de multiplier les révélations faisant douter du fait qu’au plus haut sommet de l’état, on ait vraiment coupé les ponts avec lBenalla. Lequel ne s’est pas fait prier pour le laisser entendre lors de sa dernière audition devant la commission d’enquête du Sénat. A moins qu’il ait menti sans vergognes. « Les deux hypothèses sont possibles et compatibles » d’ailleurs fait remarquer un familier du « château ».
C’est donc le Parquet de Paris, dont la hiérarchie politique n’a rien ignoré des initiatives, voir même les a vu d’un bon œil selon une source bien informée, qui a décidé de se retourner contre « Mediapart » au nom d’une « atteinte au respect de la vie privée », et en allant jusqu’à estimer que les journalistes évoluant sous la direction d’Edwy Plenel, – lequel fut en son temps victime comme tant d’autres (dont votre serviteur) du scandale des « écoutes de l’Elysée », menées par une « cellule anti-terroriste » de sinistre mémoire dirigée par le commandant Prouteau, ayant totalement perdu la boussole et franchi la ligne rouge – auraient eux même procédé à des interceptions sauvages, (diable !, et obtenu ainsi l’enregistrement de la conversation Benalla/Crase. Il faut, quelle que soit l’opinion que l’on ait de Plennel, et de la dimension morale qu’il confère à sa « mission de journaliste » s’accrocher pour y croire. « C’est en tout le cas pour ces motifs que le journal est poursuivi, alors que Benalla et Crase sont tranquilles comme Baptiste. C’est le monde à l’envers » confie dans un murmure un responsable élyséen, qui n’est plus gère en odeur de sainteté au château, et qui n’a jamais supporté Benalla, « ses outrances, ses caprices, ses colères, son autoritarisme ; et sa frime de gamin jouant avec tous les « gadgets’ policiers et autres qu’il collectionnait les James Bond ».
Coté judicaire, nombre d’experts du Code pénal et de celui de procédure pénale, sont pour le moins dubitatifs, c’est le moins que l’on puisse dire, sur la manœuvre, et la méthode selon laquelle elle a été conduite. « Dès lors qu’il s’agissait d’une enquête préliminaire, et non de l’action des juges déjà mobilisés, ceux qui se sont présentés à «Mediapart » auraient été bien inspiré de réviser leurs classique » sironise un magistrat roué. « Ils se seraient souvenus qu’en l’état, aucune perquisition n’est possible dans ces conditions, sans l’accord des personnes visées. C’était donc voué à l’échec. Cela ne servait à rien(« Si ce n’est à faire voir rouge l’ensemble des journalistes, toutes catégories, opinions et médias confondus, y voyant là une bien malheureuse tentative de briser le sacro-saint « secret des sources ». Mieux, ou pire, c’est selon les options politiques des uns ou des autres, « l’assaut » contre « Mediapart » a amené même des politiques de droite, à condamner publiquement cette « équipée foireuse » dit l’un d’eux, qui pourtant exècre d’ordinaire cette publication.
« Les perquisitions (ou tentatives) dans les médias n’ont jamais rien amené de bon constate un vétéran de la magistrature qui s’est occupé d’affaires de Presse et qui a ses sources sur LE dossier. Les journalistes ne sont pas au dessus des lois. Il est des moyens de les poursuivre, à bon escient, le cas échéant de les faire condamner mais là, le Parquet s’est totalement fourvoyé, et le Procureur de Paris aurait mieux fait d’y réfléchir à deux fois, plutôt que de foncer tête baissée pour aller droit dans le mur. La Justice ne gagne jamais à se laisser iènstrumentaliser. Pour la première fois, dans ce dossier, elle a fait preuve d’un zèle intempestif, et totalement contre-productif, alors qu’elle n’a cessé depuis le début de l’affaire de se montrer à la traine, obligée de réagir au gré des révélations de presse qui mettent systématiquement l’ exécutif dans l’embarras. La pseudo-atteinte à la vie privée de Monsieur Benalla, je vous le dis, c’est de la foutaise ! C’est ce que révèlent l’ensemble des enregistrements qui est grave ! Et c’est sur le contenu de ces enregistrements et bien d’autres délits, dysfonctionnements, zones d’ombres, coupables indulgences, petits arrangements et complicités douteuses d’une affaire qui part dans tous les sens, qu’il convient d’enquêter sérieusement et indépendamment. Le pouvoir aurait tout ç craindre d’une telle enquête. Il le sait. Il a beaucoup joué avec le feu. En voulant éteindre le brasier, il le nourrit. A la fin, cela pourrait, pardonnez-moi l’expression, lui péter à la gueule »
Frédéric Helbert