Gilets jaunes. Faillite sécuritaire voulue par le gouvernement? Enquête.
Publié le 26/11/2018 à 08h38 | casseurs, Castaner, Champs-Elysées, faillite sécuritaire, forces de l'ordres, Gendarmerie, gilets jaunes, gouvernement, Macron, Manifestation, Police, Politique | 3 commentaires
Samedi pendant plus de 12 heures, manifestants, de la matinée jusqu’à la nuit tombée, manifestants portant gilets jaunes, et quelques groupes radicaux de toutes obédiences, de l’ultra-droite, l’ultra-gauche, d’ailleurs ou de nulle-part, ont pu délibérément « casser », briser, détériorer, dresser des barricades, déclencher des incendies, le tout sur la plus « belle avenue du monde » et dans tout le secteur des Champs-Elysées. Les images que vous allez voir, et les témoignages que j’ai recueilli sur le terrain, puis dimanche, démontrent qu’ils l’ont fait sans être nullement confronté à la sévère, a la « très ferme réponse », qui avait été promise, quelques jours auparavant, aux éventuels fauteurs de troubles, et par le Président Emmanuel Macron et par son ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, bombant le torse. Et ce, en pouvant accéder sans difficultés dans un secteur qui était leur être normalement totalement interdit: Les Champs-Elysées, qui sont devenus, théâtre de scènes de guérilla urbaine où les manifestants et casseurs ont imposé leur loi.
Les forces de l’ordre, présentes en grand nombre, prêtes à intervenir, sont restées souvent inertes, où statiques, se contentant de « grenader » massivement, pour disperser des lignes de front, lesquelles se reformaient aussitôt ailleurs… Pourquoi ? « Parce que c’était la consigne dit laconiquement un CRS, Même quand ca cassait et brulait sec. Il n’était pas question pour nous de « voler dans les plumes » des manifestants ayant basculé dans la violence gratuite. On devait juste les « contenir » et reprendre le terrain « step by step ». Sauf que dès qu’une parie était reprise, çà s’allumait ailleurs ». Le policier précise :Le quartier des lieux de pouvoir lui était« sanctuarisé ».Nous, nous avons reçu un ordre qui donne la clé de la tournure de événements, ordre transmis à toutes les unités de terrain, Place de l’Etoile et sur les Champs-Elysées « Ne pas aller au contact ». Vous ne présentez des photos qui attestent de ce que nous avons simplement obéi. Nous avons été plusieurs fois, notamment à la nuit tombée, en mesure de cerner et d’intercepter des petits groupes de casseurs. Nous avons le savoir-faire et des unités spécialisées, mais quand on demandait à la hiérarchie, la réponse qui tombait par radio était systématique. Elle tient en un mot. « Négatif ».Parfois face à des groupes en mouvement perpétuel, on s’est retrouvé à quelques dizaines de mètres, des lignes d’en face. Ils nous insultaient, nous provoquaient, continuaient à casser, et à alimenter les brasiers. Lorsque nous récupérions une portion d’avenue, permettant l’intervention sécurisée des pompiers, çà recommençait à flamber et casser ailleurs. C’était un cycle infernal et surréaliste. Tranquillement des gilets jaunes et autres nous suivaient à pied dans nos progressions ici et là, allant jusqu’à former une ligne de danger sur nos arrières, que nous devions protéger aussi. Par ailleurs, conformément aux ordres, la circulation automobile sur la Place de l’Etoile est restée « libre » du matin au soir, y compris lorsque d’innombrables débris de matériaux urbains y étaient jonchés. C’était complètement dingue, franchement j’ai de la bouteille, mais je peux vous dire que tant en matière de maintien de l’ordre que de sécurité publique, je n’ai jamais vu un bordel pareil ».
Le constat est posé là. L’explication, elle, est livrée par un haut-gradé de la Police Nationale :
« C’était voulu. La « stratégie » a été décidée en haut-lieu. L’autorité politique ne voulaient pas d’intervention musclée d’abord, de peur que cela ne dégénère et en vienne à entrainer des combats de rue, avec tous les risques que cela implique. Le « syndrome Malik Oussekine », le souvenir de la mort de Rémy Fraisse, étaient présents dans tous les esprits. Pas question de risquer dans un contexte aussi sensible, une action des policiers où des gendarmes, qui aurait pu déboucher sur le décès d’un manifestant, d’un touriste, de qui que ce soit ! »
Mais ce n’est pas tout. « J’en a la certitude et la confirmation, ajoute le haut-gradé, que ce « laissez-faire », donnant lieux à des images de guerre avec ces incendies géants de barricades, relayées dans toute la France par les médias, relevait aussi d’un calcul politique cynique visant à discréditer le mouvement des « gilets jaunes ». Et à le fractionner. D’autant que tout le monde a participé à la casse, des vrais gilets jaunes, des manifestants sans gilets, et puis des individus isolés, où appartenant à des groupes violents de tout bord, qui eux n’avaient qu’une seule intention « foutre la merde » et en découdre. L’attitude et les propos de Castaner, dénonçant dès le matin l’ultra-droite, est assez transparente en la matière. Le tweet de Macron est venu parachever l’entreprise politique de dénigrement. La ficelle était quand même grosse : Vous avouerez qu’il y a un méchant paradoxe, à dire « Honte aux casseurs » alors que ces casseurs ont pu évoluer en toute liberté des heures durant. Plus fort et machiavélique encore, les manifestants basculant dans la violence ont eu la « possibilité gracieuse » de s’emparer, par delà le matériel urbain, d’une quantité phénoménale de matériels de chantier, liés à des travaux en cours dans le secteur, pour dresser leurs barricades, et y mettre le feu. Il y avait notamment, comme sur les photos que vous me présentez(cf. ci-dessous) des stocks de planches de bois, et même des bonbonnes de gaz Les forces de l’ordre sur le terrain avaient anticipé et rendu compte, mais elles n’ont reçu aucune consigne de sécurisation préventive ! »
Ce que confirment policiers et gendarmes mobilisés sur le terrain. « Bien sur dit l’un d’eux, que nous avons prévenu, alerté nos hiérarchies. Le Ministère le savait, la Préfecture le savait, tout le monde le savait… Le matin, on a rendu compte à nouveau des dangers que cela pouvait faire courir. Mais en haut-lieu, on a « laissé courir ». Ce n’est qu’à la nuit tombée, que nous avons par exemple récupéré les bonbonnes de gaz, en urgence, alors qu’elles étaient situées non loin d’incendies en cours…
« Pour le reste, les manifestants s’en sont donnés à cœur joie. Les propriétaires de quelques magasins, hôtels, restaurants attaqués sont furieux aujourd’hui ».. Personne ne les avait prévenu. Ils étaient sur que les Champs-Elysées et artères adjacentes seraient bouclés. Quand on veut le faire, on peut le faire! Regardez les dispositifs mis en place lors d’évènements comme le défilé du 14 juillet, ou la commémoration récente du centenaire de l’Armistice… Tout est verrouillé, ultra verrouillé! Samedi, rien ne l’était ! ». L’ordre est revenu dimanche sur les Champs-Elysées. Restent bien des questions et incertitudes quant à l’avenir du mouvement dans les esprits de tous, tant manifestants que policiers où gendarmes, qui le disent clairement : Rien ne sera réglé autrement que politiquement. « Et pas dans deux mois, çà urge »dit membre des forces de l’ordre fatigué. « On est tous au taquet. On est pas à l’abri de faire « une connerie », on le sait. Et ce qui s’est passé samedi a été le fruit d’une stratégie dangereuse du « en même temps », ou les petits calculs politiques ont prédominé. Il faut sortir de cette crise avant qu’une catastrophe sécuritaire ne survienne si la stratégie du pourrissement du mouvement se poursuit ».
Frédéric Helbert.