Manchester. la réponse des « runners » aux terroristes: « We are not afraid »!

Publié le 29/05/2017 à 02h33 | #ManchesterRun, 400000 participants, Après Attentat, course dans la ville, Elan solidarité, Hommage aux victimes, Manchester, Photos, Run for Manchester, We are not afraid | 1 commentaire

« Nous n’avons pas peur »: Le message adressé par des dizaines de milliers d’habitants de Manchester aux jihadistes.

-REPORTAGE-

Le grand (semi) marathon de Manchester est un rendez-vous annuel et traditionnel . Le rendez-vous de toutes celles et ceux qui d’ordinaire, participent à cette épreuve et oeuvre de bienfaisance (charity-run), dont tous les bénéfices sont reversés à la lutte contre le cancer. N’importe où ailleurs, et certainement à Paris, une telle épreuve, réunissant des dizaines de milliers de personnes, participants et spectateurs, dans les rues de Manchester, sur un parcours parfaitement impossible à sécuriser, quelques jours après un attentat majeur, aurait été annulé. N’importe ou ailleurs mais pas en Grande-Nretagne, pas à Manchester!

« Il n’en était pas question, pas une seconde, disent ces 2 amis  de renoncer.Au contraire, on se devait de le faire pour l’honneur des victimes, celui de notre ville, pour « dire merde aux bâtards qui ont fait çà ».Pour rien au monde on aurait renoncé, et on regardez-moi, regardez les autres , est ce qu’on à l’air d’avoir peur?. La peur, le repli, la division, le renoncement, la guerre entre communautés, c’est tout vers quoi veulent nous entrainer les islamistes, on ne tombera pas dans le piège ». 

Pas de tireurs d’élite sur les toits, pas d’imposants points de filtrage dans les rues,  Pas de militaires, pas de tensions inutiles.. Accès libre à tous, participants comme spectateurs. Les journalistes sont les bienvenus et libres de leur mouvements.  Rien à voir avec la France…  Juste une surveillance à minima, avec quelques bobbies et  des hommes lourdement armés placés aux  points cardinaux du parcours. L’un d’eux accepte de parler: « C’est comme çà ici dit-il en souriant.. A quoi cela servirait de durcir à l’extreme le dispositif de sécurité? A gâcher la fête, à semer davantage de pressions, sans pour autant apporter aucune garantie. Notre doctrine est à cent mille lieues de la votre en matière de sécurité publique. Nous refusons toute gesticulation inutile! Tous les pros savent qu’il est impossible d’empêcher ceux qui sont vraiment décidés à frapper, et prêts à mourir pour cela ».  L’éternel  flegme britannique….

6 jours après l’attentat dévastateur, et alors même que le contre terrorisme opère encore pur démanteler la totalité du réseau, les habitants de Manchester se sont donc précipités en masse, les uns pour courir, et marquer leur solidarité avec les victimes, les autres pour assister à cette célébration unique en en son genre. Tout au long du parcours, on croise de nombreux anglais venus en famille, avec leurs enfants, certains poussent des berceaux.

 

Pas le moindre signe d’anxiété. Simplement le désir de montrer que la vie doit se poursuivre, comme avant. « Se montrer frileux, rester chez soi, ne serait pas digne de l’esprit de cette ville, de cet esprit qui anime l’immense majorité d’entre nous. L’Angleterre n’a pas cédé pendant le « blietz », (les bombardements intenses de l’Allemagne Hitlérienne lors de la 2èeme guerre mondiale), Elle ne vas pas hisser le drapeau blanc aujourd’hui! Notre ville est ouverte à tous, elle est riche de sa diversité, nous en sommes fiers, nous ne baisserons jamais la tête dit un père de famille venu soutenir ses enfants qui participent à la course.

Partout, à chaque coin de rue, les mêmes images de gens surinants. venue en famille. Pour participer où assister à une fête populaire, dont la tenue prend un sens particulier en des jours douloureux pour le pays.

Chez les « runners » le même « british spirit » affiché. Celui de la résistance, avec parfois ce gout de l’excentricité typique…

Un peu plus loin, un champion de karaté, venu courir  avec son kimono! « Qu’ils viennent cogner à ma porte ces laches et croyez-moi, je saurai les recevoir » clame t-il…

Pour cet autre,  dans la tempête, la tenue de commandant était de rigueur. Sourie et doigt levé… Manière de dire qu’on ne déserte pas le navire quand la mer devient houleuse.

Même « Batman était là…

Près de 40 000 runners, dont certains se sont inscrits au dernier moment et sont venus de toute l’Angleterre, communient dans des moment d’une rare intensité.

De minces barrières balisent le parcours. Les trottoirs sont envahis par des spéculateurs enthousiastes. Très peu de policiers,  essentiellement des « bobbies et policers locaux, dépourvus d' » sans armes létales, « pour surveiller. Il n’y aura pas le moindre incident, pas le moindre mouvement de foule dangereux. La joie voisine avec l’émotion, la discipline et le respect mutuel.

Après une minute de silence scrupuleusement respectée en mémoire des victimes puis la lecture d’un magnifique poème, d’une ode signée Tony Walsh. « Do something for Manchester ».  le départ est donnée par vagues successives.

Chacun va courir  à son rythme, peut-importe le temps, la performance, l’essentiel était vraiment de participer. et d’associer à cette course de charité traditionnelle, un hommage magnifique de vie, de foi en l’avenir, de rejet absolu du terrorisme  et de refus de la peur. Et u message d’amour à la ville meurtrie de Manchester.

De cette après midi magnifique d’émotion, impensable encore une fois ailleurs qu’en Grande-Bretagne, 6 jours après le carnage terroriste et alors que la « chasse au réseau » dure encore, resteront des images, tant d’images, et de messages symboliques, des mots marqués sur des pancartes, agriffées sur des dossards, écrits sur les murs, scandés par les uns et les autres… en quelque sorte Le chant des partisans de Manchester qui se résume en une formule: « We are not afraid ».

A manchester,

Frédéric Helbert