Attentat Nice. Le Procureur contraint par les victimes à relancer l’enquête.
Publié le 05/04/2017 à 15h31 | attentat, Cazeneuve, Conditions sécurité, enquête, Information judiciaire, Jean-Michel Prêtre, Nice, parties civiles, Procureur de la République, Sandra Bertin | 1 commentaire
DES PARTIES CIVILES OBTIENNENT LA REOUVERTURE D’UN VOLET ESSENTIEL DE L’ENQUETE, SUR LES DYSFONCTIONNEMMENTS SECURITAIRES, QUE LA JUSTICE AVAIT CLASSEE SANS SUITE…
La détermination de familles de victimes à connaitre la vérité a fini par porter ses fruits. Le parquet de Nice, a été contraint à faire volte-face et à ouvrir une information judiciaire sur les possibles failles du dispositif préventif de sécurité déjoué par le terroriste au camion. Les parents du petit Yannis, 4 ans, tué lors de l’attentat, sont de ceux qui continuent à réclamer des comptes tant à l’Etat qu’à la ville de Nice et son maire. Ils avaient déposé à cet effet une plainte avec constitution de parties civile. Le procureur de Nice a donc du battre en retraite. Jusque-là il n’avait eu de cesse d’expliquer que selon lui aucune infraction pénale ne pouvait être caractérisée quant aux conditions de sécurité du dispositif installé sur la promenade des Anglais que l’état et la ville de Nice avaient tout mis en oeuvre pour protéger les 30 000 personnes présentes au feu d’artifice du 14 juillet.
En janvier dernier, une première enquête préliminaire, sur ce volet précis de l’affaire, avait été classé sans suite. Mais les parties civiles, ont estimé que le procureur Jean-Michel Prêtre était juge et partie, en raison des liens réguliers entre le Parquet, la Préfecture, et la Mairie. Et certainement pas le mieux placé pour trancher…
Car de l’enquête préliminaire classée sans suite, il était apparu qu’elle avait pour le moins négligé l’objectif fixé. A savoir: « vérifier la prise en compte du risque terroriste, pesant sur les festivités, l’adéquation des moyens mis en oeuvre pour y parer suffisamment » et vérifier « l’effectivité de la mise en oeuvre des dispositifs sur le terrain » ainsi que l’écrivait lui-même le Procureur de Nice.
« Le problème dit un des policiers étant intervenu le soir de la tragédie, c’est que cette enquête préliminaire a été volontairement limitée. On n’y trouve rien qui permette de pointer d’éventuels dysfonctionnements structurels sur le terrain. Aucun rapport d’intervention. Nous mêmes, nous n’avons pas été entendus! Seule la hiérarchie a été interrogée… Aucune trace non plus dans le dossier de l’enquête préliminaire des échanges radios lorsque l’attaque terroriste est survenue. Aucune trace quant au fait que l’info circulait très mal au moment des faits, du fait que les fréquences radios la police nationale et celles de la police municipale n’étaient pas les mêmes « .
Un autre enquêteur s’interroge sur la « neutralité » du procureur de Nice. « C’est lui qui avait pris les dispositions permettant les contrôles d’identité le soir d’une fête ayant tourné au drame… Et il entretenait des rapports réguliers avec le DDSP, le directeur départemental de la Sécurité Publique »… Par ailleurs l’enquête de L’IGPN était passé bien vite sur de nombreux mystères, mais l’IGPN, dépend du Ministère de l’Intérieur » dont la responsabilité avait été pointée.
On se souvient des polémiques très vite survenues après l’attentat sur le « sérieux » et l’efficacité du dispositif… Sur Le nombre de fonctionnaires requis, le placement des barrages, et les moyens utilisés, censés bloquer toute circulation d’un véhicule sur la Promenade des Anglais. De la version de l’Etat alors soutenue par le premier ministre Manuel Valls (sifflé lors de sa venue à Nice) et Bernard Cazeneuve, version remise en cause notamment par plusieurs enquêtes de Presse, et ici même (cf. articles de l’époque). On se souvient d’une autre enquête préliminaire ouverte pour « abus d’autorité » suite aux déclarations de Sandra Bertin, la policière municipale, qui en poste au centre de supervision urbain, (dispositif de télé-surveillance municipal). Elle avait affirmé avoir subi des pressions venues du Ministère de l’Intérieur pour qu’elle modifie son rapport et fasse apparaitre des points de contrôle – de fait inexistants – de la Police Nationale. Alors que cette polémique était devenue éminemment politique, là-encore, le Procureur de Nice avait classé la plainte sans suite, en janvier dernier aussi.
Jean-Michel Prêtre pouvait-t-il n’ignorer que des familles meurtries n’abandonneraient pas leur combat pour que toute la lumière soit faite? Le dépôt de plaintes avec constitution de partie civile a entrainé l’ouverture d’une information judiciaire. Deux juges d’instruction sont désormais nommés pour reprendre à zéro une enquête délicate, sensible. Les familles se situent hors du champ politique. Leur combat pour la vérité vise tout aussi bien l’Etat, le gouvernement, que la Ville de Nice, et la Préfecture, co-organisateurs d’un feu d’artifice, s »étant soldée par la mortelle randonnée du camion conduit par le terroriste, finalement tué, et un effroyable bain de sang.