L’oubli stupéfiant de la conférence de presse Fillon…

Publié le 06/02/2017 à 18h08 | affaires, conférence de Presse, Emploi fictif, Fillon, Légion d'honneur, Marc de la Charrière, notes e lecture, Penelope, Philippe Crépu, Rémunération 100 000 euros, Revue des deux mondes | Écrire un commentaire

 Quid des 100 000 euros perçus par Pénélope Fillon pour 2 petites notes  de lectures rédigées pour « la Revue des 2 mondes » ?

L’un des volets majeur de l’enquête menée par le parquet financier concerne une très discutée rémunération de 100 000 euros versée par la « Revue des 2 mondes » à Penelope Fillon. Or ce volet n’a pas été abordé, pas une seule seconde ne lui a été consacré lors du grand oral devant la Presse de François Fillon. Le candidat LR l’a escamoté, et les journalistes présents ont oublié d’y revenir. Enquête.

L’affaire dans l’affaire de la « Revue des 2 mondes » est potentiellement explosive. Certes, il ne s’agit pas d’argent public, mais encore une fois d’une rémunération d’importance, délivrée à Penelope Fillon. Par le milliardaire Marc Ladreit Delacharrière,  grand ami, de Francois Fillon (mais aussi proche François Hollande), pour une collaboration très discutée à la « Revue des deux mondes », propriété dudit milliardaire. Seulement voilà, selon un témoin de première importance, Philippe Crépu, qui n’était rien moins qu’ alors directeur de la revue, Pénélope Fillon n’a que très peu (une litote) collaboré à ladite  «Revue des deux mondes ». Philippe Crépu est formel. Il l’ a déclaré formellement aux enquêteurs lors de son audition. Il n’a pour sa part, en tant que directeur de publication, reçu que 2 petites notes de lectures, signées sous le pseudo de « Pauline Camille ».  Et n’avoir jamais eu affaire directement à la femme de François Fillon. Il ne lui a jamais parlé, ne l’a jamais croisée, ni dans les locaux de la revue des 2Mondes, ni ailleurs…

Le propriétaire de la Revue, Marc Adret de Lacharrière, a tenté d’éteindre l’incendie ravageur et de réfuter ces ‘arguments, pour le moins gênant, en affirmant qu’il avait chargé l’épouse de Penelope Fillon d’une « mission de réflexion stratégique informelle » quant à l’avenir de la revue, laquelle était en perte de vitesse alors… affirmation aussitôt  jugée « totalement extravagante » par Philippe Crépu qui n’a jamais eu vent de cette « réflexion stratégique ». D’ailleurs aucune trace de cette mission, où des effets qu’elle aurait pu produire,  n’a été trouvée. Seul fait établi: La masse salariale de la Revue employant une dizaine de salariés, explose en 2012 et 2013…

Les enquêteurs s’interrogent d’ailleurs sur le fait qu’alors que François Fillon était 1^er ministre, son ami,  a été fait grand-croix dans l’ordre de la légion d’honneur (la distinction la plus élevée). Une décoration qui lui a été remise par François Fillon lui-même. C’était en 2010. Avant que Marc de la Charrière ait décidé de rémunérer royalement Penelope Fillon.

Voilà donc une question essentielle, dont on peut légitimement s’étonner que François Fillon n’y ait pas fait allusion dans le cadre d’une défense qui se voulait globale, et –sic- totalement transparente…

On s’étonnera aussi qu’aucune question sur ce point précis de l’enquête concernant le candidat de la droite, et cette astronomique rémunération versée par la « revue des 2 mondes » à son épouse, ne lui a été posée par mes confrères présents à la conférence de Presse… ils étaient pourtant 250 accrédités et présents. Et qui plus est François Fillon, lui, ne s’est pas privé d’instruire le procès « des médias ». Certes, après un discours liminaire où François Fillon s’est d’ailleurs livrée à un pilonnage en règle contre les vilains que nous sommes,, ne restaient plus que 20 minutes pour bien des questions,  mais quand-même… quand même !

Et donc, L’interrogation sur cette problématique ardue reste en suspens. A quel travail réel correspondait cette rémunération de 100 000 euros ? Une telle rémunération était elle légitime, alors que seules 2 petites notes de lecture ont été livrées? Quelle était la réalité d’une « fumeuse » mission d’exploration stratégique qu’aurait confié à Pénélope Fillon le propriétaire de la Revue sans en informer son directeur? Pour quelle raison ce propriétaire, multi-milliairadiare, avait-il été auparavant élevé au rang le plus élevé des déclarations délivrées par la grande chancellerie  la légion d’honneur par François Fillon lui-même? Peut-il y avoir un lien?  

A défaut d’avoir abordé le sujet publiquement et de répondre à des journalistes qui ont oublié de lui poser la question, François Fillon devra s’en expliquer devant la Justice. Car même si le candidat de la droite a contesté lors de sa conférence de presse le bien fondé de la saisine du Parquet National  Financier dans l’affaire,  dans un communiqué l’institution judiciaire a répondu que l’enquête se déroulait « avec la sérénité et la célérité appropriée ». Les investigations  se poursuivent au plan judiciaire sur cet aspect explosif de la procédure. Des investigations sur lesquelles a prévenu le Parquet, il serait hasardeux de préjuger dès à présent de l’ issue »…

Frédéric Helbert