Enquête internationale sur le mystérieux profil du terroriste égyptien du Louvre.
Publié le 03/02/2017 à 18h00 | Abdalah El-Hamahmy, Arabie Saoudite, attaque, Dubai, égyptien, identification assaillant, Louvre, machettes, moyens financiers, profil inconnu, réseaux sociaux, Sentinelle, Turquie, tweets, UAE | Écrire un commentaire
L’ENIGMATIQUE ATTAQUANT DU LOUVRE. Enquête.
Les policiers se posent encore de nombreuses questions sur l’homme identifié formellement comme étant le terroriste qui s’en est pris, avec bien peu de moyens, aux militaires du dispositif Sentinelle à l’entrée du Carrousel du Louvre. Un terroriste stoppé net par la patrouille composée de 4 paras du 1er RCP de Pamiers alors qu’il agitait une de ses machettes, en criant « Allah Akbar ». Deux soldats ont légèrement blessé au cours de l’attaque, essayant d’abord de maitriser l’assaillant sans faire usage de leurs armes, en vain. Avec sang-froid et maitrise du feu, le para qui a tiré, a usé du mode « coup par coup », là où une rafale aurait couté instantanément la vie au terroriste ayant attaqué la patrouille.
L’enquête entamée juste après l’attaque a avancé très vite, apportant quelques réponses essentielles mais laissant en suspens de nombreuses zones d’ombres.
Si l’homme n’avait aucun papier d’identité sur lui quand il est passé à l’attaque, les policiers, après l’attentat, ont retrouvé un téléphone portable dans son sac.. L’exploitation de ce téléphone, non crypté, a conduit vers une identification et des découvertes stupéfiantes.
L’étrange » terroriste-touriste de Luxe ».
les données extraites, facilement, d’un portable où rien n’était crypté, permettent aux enquêteurs d’aboutir à une identification express. Celle d’un égyptien de 28 ans s’appelant Abddalah el-Amashmy. Un nom qui n’apparait nulle part dans les fichiers de l’anti-terrorisme. L’homme, marié, père de famille,(sa femme enceinte est actuellement en Arabie Saoudite) est tout sauf un clandestin. Ainsi qu’en attestent les comptes ouverts à son nom retrouvé sur plusieurs sociaux comme Twitter, Facebook. Sur l’un de ses profils, il se présente comme responsable des ventes dans une compagnie des Emirats-Arabes-Unis, spécialisé dans le développement durable au sein de laquelle il travaille depuis 3 ans. Il affiche un parcours impeccable, sans tache, sans accroc, depuis l’obtention d’une maitrise en droit public dans son pays natal. Et les photos postées sur ses différents comptes, montrent un homme « moderne », vêtu à l’occidentale, soit de manière décontractée, soit en costume-cravates.
Bref, un jeune homme en apparence « bien sous tous rapports ». Et « Innocent! » clame son père, qui affirme en brandissant la photo de son fils qu’il s’est rendu à Paris pour un voyage d’affaires.
Un père, interrogé par plusieurs médias. Et Reda Rafae El-Hamahmy n’a eu de cesse de répéter que jamais, aucun signe d’une possible radicalisation n’a été détecté par la famille. « C’était un jeune homme bien » martèle le père qui se refuse obstinément à croire à la « version officielle », montée selon lui par les français. « Mon fils n’est pas un terroriste. Un terroriste n’envoie pas à son père une photo de lui heureux comme un enfant devant la Tour Eiffel! » …
Personne d’ailleurs n’avait remarqué quoique que ce soit. L’auteur de l’attaque du Louvre n’est « tamponné » nulle part par les services anti-terroristes, où la police. Ni en France, ni en Egypte, ni à Dubai, pas plus qu’aux Emirats-arabes-Unis… Dont les services de renseignement sont réputés pour leur efficacité, et leur vigilance de chaque instant face au péril de l’Islam radical.
Abdalah E-H est titulaire d’un passeport (égyptien) en règle. Sa demande de visa pour la France (visa délivré 8 novembre dernier par les autorités consulaires françaises ) n’a posé aucun problème… Le croisement des données recueillies après l’attaque fait apparaitre qu’il est arrivé le 26 janvier dernier à l’aéroport CDG. Il avait d’ailleurs annoncé, joyeusement, ce voyage sur son compte Twitter.
Et son retour était prévu samedi 6 février. Reste à comprendre maintenant, comment tout a basculé, et cet itinéraire sans précédent de touriste/terroriste. Peu banal, pour ne pas dire unique. L’homme a acheté un billet d’avion Dubai/Paris. Il a par ailleurs loué une voiture. Puis déboursé 1700 euros, pour louer un appart hotel, dans un luxueux établissement de la rue de Ponthieu, près des Champs-elysées à Paris! (là où une perquisition a été conduite). Et pour finir, le 28 janvier, en fin d’après midi, il est allé acquérir dans une armurerie des « machettes, déboursant 681 euros pour l’occasion… Ces machettes étant numérotées, les enquêteurs n’auront aucun mal à remonter jusqu’à l’armurier. Lors de son achat, réglé en liquide, qui a reconnu un homme s’étant présenté comme un égyptien.
La perquisition conduite en urgence a permis de « clouter » l’identification. Les enquêteurs ont retrouvé le billet d’avion, les étuis correspondant aux machettes achetées, un pull similaire à celui récupéré dans l’un des sacs de l’agresseur sur les lieux de l’attaque, et par ailleurs son passeport égyptien, ou il a été remarqué qu’y figuraient notamment des visas saoudiens et turcs. Ils ont aussi retrouvés un I-Pad, plusieurs cartes de téléphone, (en cours d’exploitation) ainsi qu’un permis de travail valide aux Emirats-Arabes-Unis. Ce qui ne s’obtient pas sans avoir été longuement « scanné » par les services de l’immigration.
Leurs homologues français qui s’étaient posés donc la question de savoir si l’agresseur était vraiment cet égyptien au profil impeccable, n’ont plus de doute. Dans le cadre de l’enquête ouverte par le Procureur de Paris, François Molins, les services et le Ministère de l’Intérieur égyptiens ont été prévenus et sollicités, pour récolter le maximum d’informations sur la vie, le passé, les relations de l’attaquant du Louvre. En l’état les autorités égyptiennes n’ont trouvé aucun signe d’activisme politique quelconque, aucune trace d’un quelconque passé criminel, aucun élément attestant d’une appartenance à un quelconque groupe militant.
Après le silence, l’incohérence…
Passé sur la table d’opération, dans un état critique, il a été sauvé par les médecins français. Ses jours ne sont plus en danger. Après un passage en soins intensifs, il a été déclaré apte à comprendre et parler. Samedi, il est placé en garde à vue sur son lit d’hôpital. Mais la première audition tourne court. L’homme s’est refusé à toute déclaration. Pas le moindre mot d’explication prononcé. Seconde tentative hier: L’agresseur confirme son identité, puis livre brièvement une explication ubuesque: » Il voulait s’attaquer à des symboles français, et son but était de tagger des oeuvres d’art avec les bombes de peinture retrouvées dans son sac. Sauf qu’avant de réaliser cette « performance » incongrue, il a d’abord voulu jouer au samouraï avec les paras français. Pour l’heure, il faudra se contester de çà, puisque son état s’est dégradé subitement, ne permettant de poursuivre l’audition. Du coup la garde à vue a été provisoirement levée. « On garde ainsi du temps pour le moment venu recommencer à cuisiner un homme qui nous est apparu bien étrange » confie un agent de la DGSI. (la garde à vue peut aller jusqu’à 96 heures).
Si l’énigme de l’identité est levée, toutes les questions essentielles sur les motivations réelles de l’égyptien, travaillant aux Emirats-arbes Unis et venu de Dubai!, sur un éventuel réseau où commanditaire, où un lien quelconque avec une organisation jihadique restent toujours sans réponse. Des contacts sont établis via Interpol avec les polices autorités et autorités de tout pays, où l’agresseur a séjourné, pour tenter d’obtenir davantage d’informations. Les Emirats-arabes-Unis, qui sont alliés, amis, partenaires commerciaux de la France, et grands admirateurs de sa culture, ont juste délivré un communiqué officiel où ils condamnent fermement « un crime hideux » .
En termes médiatiques, l’attaque a eu un très fort impact dans le monde entier, le jour de l’agression mais enquêteurs ont plus de questions que de réponses sur ce « terroriste de luxe » et son parcours atypique. Ils ne parviennent toujours pas à comprendre comment et pourquoi un homme inconnu de tous les services spécialisés, ayant une vie sans histoire, bénéficiant de moyens financiers larges a fait près de 7000 km, et déboursés plusieurs milliers d’euros, pour finir par mener une attaque, d’aussi faible intensité, vouée à l’échec en termes opérationnels. Certes l’achat des machettes démontre la préméditation. Mais sinon, rien ne colle. Le fait qu’on ait retrouvé des bombes de peintures dans son sac à dos, laisse aussi songeur. A quoi devaient-elles servir? Pourquoi l’agresseur s’est-il attaqué à l’arme blanche à des militaires, alors qu’il aurait pu faire un carnage dans la foule des touristes? Cela ne correspond pas au mode opératoire de l’état islamique, dont la première « recommandation » destinée à ceux voulant passer à l’acte, est de faire le maximum de victimes…
Reste en l’état des faits indiscutables: Vendredi matin,. Le jeune homme d’affaire au profil lisse a laissé place à un « combattant », vêtu d’un tee-shirt à tête de mort, portant des gants, et tentant de tuer à coup de machettes des militaires « Sentinelle ». Juste avant le passage à l’acte, L’égyptien publie en rafale une douzaine de tweets à caractère religieux, et puis menaçants. Ceux d’un homme semblant se destiner au ‘Jihad par l’épée » et au martyr comme celui où il dit agir « au nom d’Allah, pour les frères syriens et tous les combattants du monde ».
Le dernier, (ci-dessus) posté une demi-heure avant l’attaque, au vu de ce qui s’est passé, est digne d’un jihadiste prêt à passer à l’acte, annonçant qu’il n’y a pas de compromis, de retour en arrière possible, qu’il n’est pas question de baisser les bras, de se relâcher, à l’heure de mener une guerre implacable…
Il va donc bien falloir tenter d’éclaircir ces zones d’ombres. Avec un type pareil, et face à tant de contradictions, s’inquiète un magistrat du parquet, on n’est pas au bout de nos peines…
Frédéric Helbert
A suivre…