la guerre du Burkini en France? L’état Islamique et ses partisans jubilent…
Publié le 27/08/2016 à 21h07 | anti-terroisme, arme propagande, Boniface, Conseil d'état, EI, Etat Islamique, Islamophobie, menace, planète Jihad, Politique, récupération, risques | 2 commentaires
La Guerre anti-burkini: une arme pour les jihadistes. L’inquiétude de l’anti-terrorisme français
« On peut penser ce que l’on veut du port du Burkini, personne d’ailleurs ne se prive de participer à cette foire d’empoigne nationale, mais ceux qui ont déclaré la guerre au Burkini, et entendent bien la prolonger, en dépit de la décision de droit, rendue par le Conseil d’Etat semblent oublier un point qui est tout sauf de détail… Ils offrent sur un plateau une arme de premier choix aux propagandistes de l’état Islamique » . C’est un spécialiste de l’anti-terrorisme qui parle, et enrage. De fait, les politiques, et les autres, qui entretiennent la querelle, relayée partout, sur les médias classiques, comme sur les réseaux sociaux, sont les meilleurs vecteurs d’un argument majeur, sans cesse rabâché par les membres, partisans, propagandistes et recruteurs de l’Etat Islamique: la France est un pays qui opprime les musulmans, et qui les empêchent de vivre leur religion. Cet argument revient sans cesse depuis des lustres, dans le cadre d’une propagande soigneusement « huilée ». C’est l’argument de base servi à toutes les sauces par les recruteurs: la France selon eux a été et reste un éternel pays de croisés, de mécréants, qu’il faut fuir où combattre, parce qu’il est l’ennemi de l’Islam. « Ce qui s’est passé avec les arrêtés anti-burkini, les images qui ont fait le tour du monde de cette femme entourée par des policers en arme, la contraignant à se dévêtir, et la verbalisant, vous ne pouvez imaginez à quel point, cela réjouit les jihadistes! » précise un membre des services de renseignements, chargé de surveiller spécifiquement les frémissements propagandistes de Daech sur la toile.
Certains politiques jouent avec le feu, en clivant la société, et en ayant crée une crispation majeure autour d’un épiphénomène. « Ils ont fait un cadeau inespéré à l’état islamique dit un autre, et ce d’autant que sur le fond, le port du Burkini, qui permet à certaines femmes d’aller à la plage, seules parfois comme c’était le cas à Nice, et de vivre leur religion, tout en profitant des joies de la baignade, du sable et du soleil, est par essence honni par les hommes de l’état islamique, pour lesquels la femme doit être entièrement voilée de la tête aux pieds, et n’a pas le droit de se promener librement sans qu’aucun homme ne les accompagne où ne les surveillent ».
Un juge spécialisé, estime qu’il y a là danger, et que personne ne semble le réaliser. « Tout le monde s’écharpe autour du sujet, la décision du Conseil d’Etat n’a en rien apaisé les choses. Entre un premier ministre qui dénigre cette décision, d’autres qui rajoutent de l’huile sur le feu, des maires qui disent qu’ils maintiennent leurs décrets, et surtout des tensions et des violences qui surviennent désormais un peu partout, nous allons vers des risques et dangers inconsidérés » prévient-il, et pourtant, croyez-moi, la France n’avait pas besoin de cela. On était déjà dans l’oeil du cyclone, et on en rajoute une couche. C’est du caviar pour ceux qui veulent nous frapper! Où qui ne pouvaient rêver mieux. Regardez le climat délétère qui s’installe et peut faire penser à certains musulmans qu’ils sont les victimes d’une vindicte permanente ». Ce juge sait de quoi il parle: Il en a vu passer dans son cabinet d’instruction, des jeunes, beaucoup de jeunes, qui lui ont dit vouloir partir en Syrie, parce que là-bas, on leur avait donné l’assurance qu’ils pourraient vivre en toute liberté et pleinement leur religion, sans subir l’oppression! « Et cela se remarque particulièrement chez les jeunes filles, issues de familles musulmanes, ou pas, converties parfois de fraiches date, et s’étant fait embobiner, retournées le cerveau, par des recruteurs, où des pseudo « princes charmants » leur promettant tout et n’importe quoi. Et Elles y croient! Moi, comme d’autres, nous nous efforçons de leur dire que c’est du baratin dégueulasse, de l’endoctrinement, du n’importe quoi, et que du rêve elles passeraient à l’enfer, et là, voila que les propres autorités de la République, que des hommes politiques censées être responsables, confondant tout, vont nourrir le brasier de la haine, et font un lien pathétique entre le port du Burkini et le Jihad! » Entre une « mode » vestimentaire vécue comme un compromis par les femmes, et le terrorisme! C’est grave, très grave, c’est irresponsable et extrêmement dangereux ».
Nombre d’experts de terrain de l’anti-terrorisme, qui sont des techniciens pas des politiques, s’inquiètent. Un haut-responsable tempête. « ceux qui voudraient que les choses se calment sont débordés par les « aboyeurs », ceux qui crient inconsidérément au loup. Ceux qui font de la résistance à la décision du Conseil d’état. Mon sentiment à propos de la bataille du Burkini est que – au regard des faits, du nombre de personnes, de municipalités concernées – elle a pris un tour démentiel confinant à l’hystérie. Tout le monde semble ignorer les dangers que cela fait courir. Nous le savons, pour l’état islamique qui dispose d’un appareil de propagande formidable, et qui monte au front en bon ordre de combat, ce débat, que d’aucuns voudraient prolonger à l’infini, est un cadeau inespéré. Il est de notre devoir, à nous, qui tentons par tous moyens de parer la menace des islamistes radicaux prêts à tout, de tirer la sonnette d’alarme ».
Car ce n’est pas le Burkini qui est vecteur de terrorisme, c’est la manière dont certains ont instrumenté le débat. Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, le rappelait fort justement d’une phrase, une simple phrase résumant tout: « Ce sont en fait les arrêtes anti-burkini qui ont suscité des troubles à l’ordre public ». Et la façon -brutale ou vécue comme telle- dont ils ont pu parfois être appliqués,, n’a pas arrangé les choses. Aujourd’hui, les photos, vidéos, récits de divers incidents survenus ici et là ,ont fait non seulement le tour du monde provoquant l’indignation et une condamnation unanime, et bien entendu celui de la « planète jihadiste ». Laquelle sait se saisir de la moindre faille, pour en faire une arme, à des fins de propagande, où pire…
Frédéric Helbert