Nice : récit de Sandra Bertin conforté par témoins. Un rapport IGPN qui colle pas!
Publié le 28/07/2016 à 23h30 | abus d'autorité, attentat, Bernard Cazeneuve, DGPN, dispositif sécurité, enquête judiciaire, Justice, Nice, Polémique, rapports, Sandra Bertin | 1 commentaire
Et voila l’enquête dans l’enquête qui rebondit à Nice, après la violente polémique autour du récit de Sandra Bertin, chef du Service de surveillance vidéo du centre opérationnel de commandement (COC) de Nice, en poste le soir du terrible attentat. Un rebondissement dont le gouvernement se serait sans aucun doute volontiers passé.
L’enjeu est de taille. Puisque le Ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve en tête, avait réagi avec vigueur, lorsque la policière municipale avait affirmé (en première exclusivité au « Journal du Dimanche ») qu’elle avait subies « des pressions directes » venues de représentants du Ministère pour que son rapport atteste bien de la présence de Policiers Nationaux , en des points de contrôles précis gérés par les fonctionnaires de l’Etat. Ce à quoi Sandra Bertin avait répondu n’avoir été en mesure de visualiser sur les vidéos surveillances ces effectifs en question. De fait, il apparait que les images des caméras, dès lors que l’arrivée du camion tueur est remarquée, ne se concentrent que sur le véhicule, lequel emprunte le trottoir pour contourner le dispositif policier. Impossible dans ces conditions de voir les équipages de la Police… lesquels sont positionnés en plein milieu de la route, et donc n’apparaissent pas dans le champ des caméras. Le rapport final de Sandra Bertin ne mentionnera donc pas ce qu’elle n’a pas vu… Et ce malgré les insistantes pressions qui semblent bien avoir été exercées par les interlocuteurs de la policière municipale. un commissaire de la la direction départementale de la Sécurité Publique des Alpes-maritimes, puis un commissaire de l’état-major de la direction centrale de la Sécurité Publique, (direction dépendant de la celle de la Police Nationale, laquelle dépend bien évidement du… Ministère de l’Intérieur. Il n’est rien d’anormal à ce que tel rapport remonte dans les meilleurs délais vers les plus hautes instances, mais c’est ce qui a été demandé précisément à Sandra Bertin qui pose un sérieux problème. Car il semble bien ressortir aujourd’hui de l’enquête que la jeune femme ait été lourdement incitée à faire état d’une vision des choses qui n’était pas la sienne. Plusieurs membres du centre opérationnel en ont attesté. L’un d’eux a entendu Sandra Bertin dire: » Je ne mettrai rien d’autre que ce que j’ai vu sur les écrans ». Un autre affirme je me trouvais là lorsque l’adjoint de Sandra Bertin est venue la trouver le 15 juillet lui disant qu’un commissaire de police, envoyé par le Ministère de l’Intérieur souhaitait la voir… Un autre dit avoir compris qu’il y avait divergence sur la manière de rédiger le rapport…
Autant d’accusations qui ont été pourtant vigoureusement démenties dans un premier temps par le Ministère de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve allant jusqu’à porter plainte… La policière municipale a répliqué en allant livrer son récit, produire les attestations des témoins, devant la Justice, et le Parquet de Nice – au vu des éléments – a estimé bon devoir ouvrir une enquête préliminaire pour « Abus d’autorité »
LA NOTE DE L’ IGPN CONTREDITE PAR LES FAITS
Mais voila que par delà les déclarations divergentes, deux rapports écrits s’opposent.. Car Sandra Bertin, fidèle à sa logique aucunement mentionné dans le sien une présence de policiers nationaux qu’elle dit ne pas avoir vu. Malgré cela, la note du 15 juillet de la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) fait bien état d’un « équipage » présent, dont on n’aurait pu distinguer la réaction, en raison de l’angle de la caméra. Une caméra dont les images vidéos dit la note, ne montre que le camion « dont le chauffeur est contraint de se déporter sur le trottoir pour contourner les barrières bloquant la voie. Là est le »hic » qui contredit formellement le contenu de cette note:, puisque l’on sait avec certitude qu’à l’heure où Mohamed L. Bouhel arrive à hauteur de ce barrage – faisant de la promenade des Anglais une zone piétonnière – que ce sont des policiers municipaux qui sont positionnés! Ils ont relevé les fonctionnaires de la Police Nationale après 20h30. (Si des policiers nationaux sont là, c’est bien plus loin, à l’entrées de la zone dite « événementielle »).
Il y a donc un écrit officiel, qui a servi de base de communication aux représentants de la République, où de fait un point essentiel est formellement contredit par une réalité indéniable. La polémique n’est pas prêt de s’éteindre.
Frédéric Helbert