SAIP, application alerte défaillante à Nice. scandale technique, politique, financier
Publié le 17/07/2016 à 19h49 | applications alertes, attentat, Bug, Cazeneuve, Ministère de l'Intérieur, Nice, QWIDAM, SAIP, Sécurité Civile | Écrire un commentaire
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Nombre de ceux qui ont vécu l’enfer à Nice, s’en souviendront. L’application d’alerte et d’informations, SAIP, qui aurait été o combien utile, alors que la panique s’était emparée de la ville,est restée désespérément muette, jusqu’à 1h34 du matin, soit 3 heures après l’attentat. Pourtant le COGIC, la cellule de crise opérationnelle H24 au Ministère de l’Intérieur avait rapidement demandé qu’elle soit activée aux environs de 23h. En vain. Un bug technique à ce jour inexpliqué, a empêché tout envoi de messages à ceux ayant téléchargé l’appli sur leurs smartphones. Pendant 3 longues heures, alors que le chaos régnait sur la promenade des anglais, et dans ses environs, voila la mention surréaliste qui s’affichait alors sur les écrans.
Parallèlement une autre application, qui avait déjà fait ses preuves en conditions réelles, QWIDAM, a elle lancé son premier message à 22h54, (peu après l’attentat). Et a continué dans les heures qui suivent à guider, prévenir, rassurer, conseiller. (Ce dont je faisais état le 15 juillet au matin) Mais ce n’est pas elle que le Ministère de l’Intérieur avait choisi de retenir, valider et de valoriser, malgré ses états de services, puisqu’elle fonctionnelle et efficace, elle et a « séduit » diverses municipalités, services de pompiers départementaux, entreprises privées, particuliers ainsi que la Fédération Française de Sauvetage et de Secourisme, avec lequel un accord de partenariat a été signé.
L’étrange Deal politico-économique…
C’est là qu’il faut s’intéresser au choix étrange fait par le Ministère de l’intérieur. Après les attentats de novembre dernier, il décide de promouvoir la mise en oeuvre d’une application d’alerte et de conseils en cas de crise. Dans des conditions qui restent opaques, c’est la société « Deveryware » qui est chargée de mettre en oeuvre le concept. En partant de zéro et d’une feuille blanche. Le projet a donc un cout et l’addition au final n’est pas anodine:
439 476 euros selon nos informations.
Mais le Ministère paie rubis sur l’ongle et appose son label sur l’application SAIP. Ensuite largement vantée auprès de la population.
Et ce malgré une donne stupéfiante: QWIDAM, qui avait signé déjà des accords commerciaux avec des institutions publiques, des milliers d’utilisateurs, des services (à l’échelon des communes) dépendant du Ministère de l’Intérieur, et des entreprises du CAC 40, surfant sur un large succès d’estime, avait proposé -GRATUITEMENT- son application au gouvernement! Mieux ou pire, à deux reprises l’entreprise ayant mis au point un système à l’efficacité éprouvée est reçue au Ministère de l’Intérieur, le 5 février et le 31 mai. dernier Et effectue deux démonstrations probantes de son savoir-faire devant les techniciens de la Direction générale de la sécurité civile. QWDAM offre même lors une fonctionnalité unique. Puisque l’appli qui envoie des messages d’alertes, peut aussi en recevoir de la part de ses utilisateurs! En ayant imposé une règle stricte, en cas d’abus où de mauvaises plaisanteries, de signalements inopportuns: la désactivation automatique de l’application. Mais rien n’y fait, SAIP est choisi. Les réserves émises par certains techniciens, politiques, sur le cout, et les potentialités réelles de SAIP, ses failles et déficits techniques, en comparaison avec les performances de qualité de QWIDAM, restent lettres mortes.
Le 8 juin 2016 (2 jours seulement avant le début de l’EURO 2016 de foot, l’application est lancée, télé-chargable, via AppleStore ou GooglePlay. Le Ministère de l’intérieur fait l’appui feu avec une campagne de promotion et de d’explications quant à l’utilité de cet « outil » novateur.
le 14 juillet, la tragédie de Nice, aurait du permettre de tester le bon fonctionnement de l’appli en temps et conditions réelles et extrêmes, et d’ aider par là même des milliers de gens en panique ou souffrance. L’affaire a tourné au fiasco pour un outil sophistiqué portant le label « République française ». Le lendemain plusieurs sources spécialisées en informatique et gestion de crise me signalaient l’existence de l’ autre application QWiDAM ayant elle, parfaitement rempli sa mission. Information que je relaie immédiatement dans des tweets repris notamment par le magazine « Paris-Match », avec lequel je collabore régulièrement.
Quelques heures plus tard, Beauveau annonçait la convocation sans tarder des concepteurs de l’ application défaillante. Lesquels ont assuré que tout allait rentrer dans l’ordre au plus vite. A voire…
Du coté de chez QWDAM on engrange de nouvelles adhésions. Et l’on se déclare prêt à venir suppléer les défaillances de SAIP…
Reste qu’au regard de tous ces éléments, plusieurs responsables politiques, de tous bords, notamment des sénateurs s’étant intéressés à la question, estiment que l’affaire ne peut s’arrêter là. « C’est bien beau dit l’un d’entre eux, que Bernard Cazeneuve montre les dents, mais qui, si n’est lui, et ses services, et le gouvernement dont il est un des ministres-clé, ont choisi contre vents et marées un dispositif ayant couté très cher, dispositif validé en dépit du bon sens, et s’étant montré parfaitement foireux dans des conditions dramatiques? SAIP a été choisi sans appel d’offres, et la facture a été lourde, là où une autre application offrait ses services gratuitement. Par ailleurs, c’est un choix absurde techniquement, et par nature très élitiste, qui a été fait. Quid des gens qui ne possèdent pas de Smartphone? Pourquoi ne pas avoir choisi un système beaucoup plus fiable, et qui alerte réellement toute la population via SMS (comme celui qu’Israël a choisi et qui ne laisse personne au bord de la route en cas d’incident)? Pourquoi continuer parallèlement à entrainer à grands frais, (des millions d’euros) un système de sirènes, totalement obsolète, et plus jamais utilisé? On ne peut en rester là s’emporte le sénateur. J’estime, sans rire, qu’il faudrait que ceux qui convoquent soient à leur tour convoqués, pour qu’ils ‘s’expliquent sur leur choix initial qui relève au regard de ce que l’on sait désormais d’un pur scandale à la fois technique, politique et financier ».