Les 4 enfants tués sur la plage à Gaza: l’aveu de Tsahal
Publié le 25/07/2014 à 09h11 | aveu méprise, bavure, Centre palestinien droits de l'homme, crimes de guerre, enfants tués, enquête interne, Famille Bakr, Lieutenant-colonel Peter Lerner, Mads Gilbert, plage Gaza, Radji Sourani | 1 commentaire
« Nous avions une parfaite visibilité de la plage. Nous ne comprenons pas encore et enquêtons sur ce qui a pu déclencher la Tragédie ». Lieutenant-colonnel Peter Lerner, porte-parole de Tsahal.
à Gaza, Frédéric Helbert,
(Envoyé spécial de Paris-Match)
« Israël avait le contrôle visuel de la situation ». Il y a eu un bug quelque part. C’est l’incroyable aveu lâché hier par un des nombreux porte-paroles de Tsahal, l’armée israélienne concernant une affaire hautement sensible. Celle des 4 enfants tués alors qu’ils jouaient sur la plage, après deux tirs d’obus israéliens, venant de la mer, tirs filmés en exclusivité par les caméras de TF1, dont les images ont été diffusés dans le monde entier et y ont alors semé l’émoi et l’effroi.
Dans une guerre où nulle partie ne lâche rien sur le terrain de la « responsabilité », une guerre, ou les machines de propagandes s’affrontent avec autant de férocité que les combattants, une guerre où Israel, qui dispose et use d’une puissance de feu sans aucune comparaison avec celle du Hamas et des autres groupes militaires palestiniens, ne cesse d’affirmer ne vouloir « cibler » que les terroristes, les lanceurs de roquettes, ceux qui selon les éléments de langage revenant sans cesse dans les rangs de Tsahal (IDF), « prennent en otage la population, et utilisent à dessein les maisons et zones civiles, une guerre ou plus l’on compte plus de 700 morts désormais chez les palestiniens dont plus de 200 enfants, près de 5000 blessés, (dont quelques 1500 enfants), une guerre ou pleuvent sans cesse les obus partout, n’importe ou, visant sans cesse des zones densément peuplées, des stocks de vivres, de nourriture, de denrées de première nécessité, des écoles de l’ONU, où sont réfugiés les 300 000 déplacés, des hôpitaux, des mosquées, (au prétexte éternel que ces endroits ont servi à stocker des armes, des missiles, où a abriter des lanceurs de roquettes), C’est une incroyable confession, évitant la langue de bois, qui est venue hier d’Israël. Un aveu public d’une responsabilité quant à la tragique frappe mortelle qui a frappé 4 enfants qui jouaient sur la plage de Gaza, aujourd’hui déserte, d’ordinaire bondée en cette saison. Un aveu lâché par rien moins qu’un des porte-paroles de l’opération israélienne baptisée bordures protectrices ».
Le Lieutenant-colonnel Peter Lerner a raconté -en direct- au network américain ABC, -je cite- (que) « Israël avait un CONTROLE VISUEL de la situation sur la plage », (grâce à ses équipements ultra-sophstiqués, notamment les drones de surveillance, qui surveillent tout Gaza 24 heures sur 24). Un contrôle renforcé même le jour de la tragédie, car selon le haut-gradé israélien, les services de renseignements militaires avaient alors transmis aux navires israéliens pouvant du large frapper la cote, « qu’une opération terroriste était en préparation et qu’elle devait être déclenchée à partir du front de mer de Gaza ». Le « tuyau », apparemment crevé, des SR Israéliens donnait un lieu très précis, placé sous surveillance visuelle renforcée.
« Nous avions une cible précise, une indication du lieu d’ou devait opérer les terroristes » a assuré le Colonel Lerner. Déplorant la tragédie, le militaire a spécifié, que la surveillance visuelle accrue aurait (a?) sans aucun doute du permettre de voir qu’au lieu de terroristes, c’était une bande de gamins, qui jouaient tranquillement sur la plage, considérée comme une zone « safe » pour les palestiniens, puisque c’est là que se situent tous les hôtels, petits où grands, abritant des centaines de journalistes venus du monde entier couvrir le conflit. Les hôtels bordent la grande plage. Reste que le Lieutenant Colonel Lerner explique la sanglante bavure par un manque de coordination entre ceux chargés de surveiller, et ceux qui ont tirés à deux reprises, deux obus. Un premier détruisant un cabane de pécheurs, un second frappant de plein fouet les enfants qui courraient pour tenter de s’échapper, terrorisés par la première frappe.
L’aveu, qui en creux, n’est rien d’autre que celui d’une prise de responsabilité unique et entière – assumée par un haut-gradé de Tsahal – de la mort des 4 enfants qui jouaient sur la plage, de fait délibérément visés, puisque le contrôle visuel était total et précis, et n’aurait donc, en théorie, jamais dû aboutir à une frappe mortelle pour les enfants, s’arrête là.
C’est déjà beaucoup! C’est même incroyable dans un contexte, où Israël, accusé par de nombreuses ONG internationales, ou locales, de frapper délibérément, intentionnellement les civils palestiniens, toutes générations confondues, se défend systématiquement en affirmant que le Hamas utilise la population comme « bouclier humain » et opère (pour lancer ses roquettes) à partir de zones civiles, densément peuplées.. C’est beaucoup mais pour d’avantage de précisions, il faudra attendre. Le Lieutenant-Colonel Lerner a expliqué à ABC qu’une enquête interne était toujours en cours et que Tsahal cherchait encore à comprendre ce qui avait pu expliquer le manque de coordination à l’origine selon lui de la frappe sanglante.
Crime de guerre pour les palestiniens. Un parmi des centaines d’autres selon le centre palestinien des droits de l’homme…
Reste que coté palestinien, on y voit là, la confirmation indéniable, qu’Israël a agi intentionnellement, et que ceux qui ont tiré l’on fait en toute conscience, dans un but non avoué mais clair. Faire régner la terreur absolue dans toute la bande de Gaza, faire savoir qu’aucune zone n’était protégée, que tout le monde pouvait être visé. « Il s’agit rien moins que d’un crime de guerre abject, comme il y a des des dizaines et des dizaines par jour, des centaines même dans toute la bande de Gaza, la zone la plus densément peuplée du monde au mètre carré. affirme le patron du centre palestinien des droits de l’homme, ancien vice-président de la FIDH (Fédération Internationale des droits de l’homme, Radji Sourani, aujourd’hui avocat, qui ferraille sur le terrain de droit, et passe ses journées à constituer des dossiers afin que soit saisie directement la Cour pénale Internationale, « en évitant dit-il la case ONU, où tout est toujours bloqué. Il faut en finir avec cette idée qu’ont les israéliens qu’ils peuvent commettre tous les crimes de guerre possible en toute impunité ».
Dans les rangs des familles endeuillées, la colère et la désespérance sont toujours là. En témoignent ces photos de Ahaed Bakr que j’ai rencontré. L’homme a perdu un fils. Un autre de ses enfants est le seul survivant du massacre, et semble profondément traumatisé. Emmuré dans le silence. A l’heure qu’il est, la famille n’a reçu aucune aide, assistance, d’aucune sorte.
Ahaed Bakr, qui se remémore sans cesse l’instant tragique ou l’un de ses autres fils qui jouait sur la plage est revenu en courant et pleurant, juste après le drame, est un homme simple. Un pécheur, amoureux de la mer, et qui n’aurait jamais imaginé que les israéliens aient pu tirer sur des enfants sur la plage, jugée comme l’un des endroits les plus surs de Gaza-City. Les experts palestiniens du centre des droits de l’homme sont venus le voir pour rassembler tous les témoignages et éléments permettant de constituer un dossier sur ce « crime de guerre ».
« Oui, c’est un crime de guerre de la pire espèce estime de son coté le professeur urgentiste Mads Gilbert, venu de Norvège pour assister ses confrères palestiniens. Un crime de guerre parmi des centaines d’autres, parmi des crimes des masse comme l’implacable « dimanche rouge de Shulayeh, dans la périphérie Est de Gaza. Combien de morts faudra-t-il encore dénombrer avant que les leaders de la communauté internationale, Obama en tête, finissent par agir, faire pression pour stopper cette guerre effroyable. Ces gens-là sont totalement déconnectés d’une réalité terrifiante. Je fais ici mon devoir de médecin, comme je le ferais en Israël, si cela était nécessaire. Mais les politiques, que font-ils? Et l’ONU qui bavarde!? et le CICR dont la représentante me dit qu’elle n’a pas d’équipe à m’envoyer, pour nous aider, et enquêter de manière indépendante, faute d’effectifs suffisants?! »
Le témoignage précieux du Lieutenant-Colonel Lerner recueilli par ABC est précieux pour le centre de défense palestinien des droits de l’homme basé à Gaza. « Il pose dit son président désormais la question beaucoup plus vaste d’un nombre incalculable de frappes qui ont visées des civils, et parmi eux des centaines d’enfants. Combien d’autres ont pu être décidées en se basant sur de mauvais renseignements? Combien de fois les pilotes où artilleurs, ayant une parfaite acquisition visuelle de leur cible, ont usé de leurs obus où missiles sachant que des civils, des femmes, des enfants, des médecins, des ambulanciers, des journalistes allaient payer le prix lourd de ces frappes, à l’image de celle qui a couté la vie aux « quatre enfants de la plage »?
FH