Terrorisme: Nemmouche: Signalé, fiché partout… Jamais stoppé!
Publié le 03/06/2014 à 06h00 | Contrôle aéroport, DCRI, échec total, faillite détection, fiches, Fichier personnes recherchées, Nemmouche, Pénitentiaire, Shengen, signalements multiples, tuerie Bruxelles | Écrire un commentaire
AUTOPSIE D’UN ECHEC
Fiché, détecté, repéré, signalé, Medhi Nemmouche, aurait pu, du selon un « chasseurs de terroristes expérimenté », être neutralisé avant la tuerie de Bruxelles. Il était « tamponné » partout. Du premier signalement en 2009 jusqu’à à un contrôle de passeport sans conséquences directes à Francfort il y a 3 mois. Enquête sur une succession de ratages aux mortelles conséquences.
Ce n’est plus un scoop, c’est d’abord en prison que celui qui n’était d’abord connu que comme un délinquant et braqueur multi-récidiviste, s’est mué en « islamiste radical ». Les signaux d’alerte n’ont pas échappé aux services de l’administration pénitentiaire. Entre 2007 et 2012, ils se multiplient dans plusieurs maisons d’arrêt du Sud de la France. Par delà sa « conversion » à « l’islam radical », Medhi Nemmouche fait aussi du prosélytisme parmi ses co-détenus.
Un premier signalement est fait en 2009 par les services de l’AP auprès de la DCRI, la direction centrale du Renseignement Intérieur. C’est une première trace, qui lorsque l’on sait les ravages que peuvent provoquer ce type de radicalisation où d’auto-radicalisation en prison ne peut être négligée, est répertoriée dans les fichiers de la DCRI.
Pourtant en décembre 2012, Medhi Nemmouche de prison, sans aucune demande de suivi post-pénitentiaire. Ni contrôle judiciaire.
Il laisse derrière lui une simple adresse, celle de sa grand-mère et sa tante demeurant à Tourcoing. Où il n’ira pas vivre. Il se rend directement en Belgique à Courtai. Il n’y restera pas longtemps, signe que sa volonté de s’en aller faire le Jihad a été murement franchie lorsqu’il était entre quatre murs.Et qu’il bénéficie sans nul doute d’aide et de complicités pour atteindre son but. Le 28 décembre, l’homme sans travail ni revenus, part pour la Syrie. En passant par Bruxelles, Londres, Beyrouth, et Istanbul…
Un nouveau signalement parvient un peu plus tard, en 2013 toujours à la DCRI. Des renseignements permettent de penser que l’homme, sans qu’il soit localisée précisément, ait intégré les rangs de DAESH en Syrie. (Daesh: acronyme arabe de l’EILL, l’état islamique pour l’Irak et le Levant), l’organisation la plus radicale en Syrie, celle qui recrute le plus grand nombre de combattants étrangers, et compte de nombreux français dans ses rangs.
La DCRI demande alors l’inscription de Medhi Nemouche au FPR, le fichier des personnes recherchées. Une fiche de catégorie S est rédigée. la catégorie « Sureté nationale ». Troisième signalement, donc et pas des moindres. Ce fichier peut être consulté par les autorités judiciaires, les services de police, de Gendarmerie, des douanes et des différentes polices d’état liées à la France par convention ou accord international permettant accès à tout où partie des informations enregistrées dans le Fichier des Personnes Recherchées.
Dans la foulée, le signalement est transmis à un autre service, le SIS, système d’informations Shengen. Système d’entraide et de coopération policière ultra-perfectioné. Cette nouvelle démarche doit permettre en théorie de déclencher une alerte en cas de retour en Europe d’une personne recherchée ayant fui hors de la zone Schengen. Les informations concernant Menmouche sont enregistrées dans le système.
18 mars dernier. Medhi Nemmouche est effectivement de retour en Europe. En route vers sa mission de tueur au nom du « Jihad par l’épée ». C’est là qu’il est contrôlé à l’aéroport de Francfort. Son passeport mentionne un itinéraire qu’en chemin de retour de Syrie, celui qui va accomplir la tuerie du Musée Juif de Bruxelles, a fait un stop en Malaisie, autre sanctuaire pour différentes organisations islamistes. Que s’est-il passé alors? d’autant que le passeport de Nemmouche est une véritable carte des spots du Jihad international. entre Bruxelless, Beyrouth, Istanbul, la Malaisie, Francfort (la base des hommes du 9/11)…
L’On sait désormais qu’un douanier a effectué un nouveau signalement, transmis à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure ayant succédé à la DCRI).
Comment ce douanier a t-il procédé? Par où le renseignement est revenu en France? Qui l’a transmis, qui l’a réceptionné Et surtout comment se fait-il alors que l’alerte générale n’ait pas été déclenchée? Qu’un lien ait été établi entre tous les signalements? Que Nemmouche n’ait pas été ciblé par une équipe du renseignement humain? « Si le travail avait été fait s’interroge un expert, Nemmouche n’aurait-il pas été immédiatement interpellé? ou à tout le moins « filoché » à distance, placé sous surveillance directe? On retrouve à Francfort il y a 3 mois, un islamiste radical, qui a disparu pendant un an, a été signalé comme faisant le Jihad en Syrie, et qui revient en Europe après un hallucinant détour, et rien de concret ne se passe? Au bout du compte on en arrive à LA question! Avons-nous ignoré où mal utilisé des renseignements qui auraient pu permettre d’éviter La tuerie de Bruxelles? »
Un autre expert dresse un inventaire sans concession:
« Services pénitentiaires, DCRI, Fichier des Personnes Recherchées, fiche S (sureté d’état), Système d’informations Schengen, SIS, DGSI, Memmouche était « tamponné » partout! Pourtant aucun système d’alerte n’a fonctionné, au niveau national ou international. Dieu merci, les douaniers ont fait le « job », alors que le jihadiste débarquait en France avec armes, munitions, bagages, et certainement d’autres cibles à frapper, mais il a fait l’aller-retour en Syrie en toute tranquillité, a frappé et tué 4 fois à Bruxelles au Musée Juif… On a foiré, les allemands ont foiré royalement. Tout le système a planté. Si on met ça sous le tapis, si on s’épargne un débrief costaud sur ce qui s’est révélé -en termes de détection, et de coopération européenne, de détection et de suivi national, et de passage à l’action raté pour les services concernés- une « plantade » totale, alors, soyez en sur, ça recommencera ».
Frédéric Helbert