Quand le GIGN intervenait en terre arabe pour libérer la grande mosquée de la Mecque.
Publié le 24/09/2013 à 00h22 | Arabie Saoudite, GIGN, Israel, La Mecque, Libération lieu Saint, Nairobi, Polémique, prise d'otages, Techniques d'intervention, USA | 3 commentaires
L’incroyable intervention du GIGN en terre du principal lieu saint de L’Islam.
En 1979, autant dire il y au siècle, Le fondamentalisme musulman existait déjà. Le 20 novembre, coup de tonnerre à l’échelle mondiale. Un groupe de 200 à 500 activistes islamistes armés, opposants à la famille royale saoudienne, s’attaque à la mosquée Al-Masjid-al-Haram, rien moins que la grande mosquée de la Mecque, le lieu le plus saint de l’Islam, en plein Hadj, prenant en otages des pèlerins. A la tête du groupe fondamentaliste, lourdement armé se trouve un caporal vétéran de la Garde nationale saoudienne, membre d’une puissante famille sunnite. Il dirige un commando composé de certains de ces compatriotes et d’égyptiens. Il juge la dynastie Al saoul, corrompue, illégitime. Elle a commis notamment le crime selon lui de s’ouvrir politiquement à l’Occident. Plus tard, fut évoquée l’idée que ce sont grâce aux camions de l’entreprise ben Laden, qui effectuait des travaux de réfection, que furent introduites les armes utilisées par le commando rebelle.
A l’époque, le choc est énorme dans le pays, dans tout le monde musulman, sur la planète entière. D’abord incapable de réagir le gouvernement saoudien finit par demander aux plus hautes autorités religieuses de permettre le port et l’utilisation d’armes au sein de la Grande-Mosquée. C’est à la Garde nationale qu’et confié la mission de reconquérir le lieu saint. Un échec terrible. Le commando fondamentaliste inflige de lourde pertes aux hommes de l’armée royale. 127 d’entre eux sont tués dans les premiers combats. D’autres se rallient même au clan des fondamentalistes, insulte suprême pour la la Monarchie.
Elle décide alors par l’intermédiaire du Ministre de L’intérieur, le Prince Nayef ben Abdel Aziz, ministre de l’Intérieur d’appeler en secret en renforts la France et son unité spécialisée, étrangère, déjà réputée: le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie Nationale fondée et dirigée par Christian Prouteau. Une intervention qui n’est mentionnée nulle part dans les archives de la Monarchie.
Les conditions de l’intervention du GIGN, son degré d’implication, restent encore aujourd’hui entouré de mystères. Mais elle a été décisive pour parvenir à la libération de la Mecque. Très peu d’hommes été envoyés en Arabie-Séoudite, pour servir de conseillers techniques, et de stratèges, élaborant les plans d’intervention. On parle d’une poignée d’hommes, pas plus de cinq, emmenés alors par le capitaine Paul Barril, dont les qualifications opérationnelles, étaient réputées. On sait cependant que Les hommes du GIGN ont du se soumettre à une rapide cérémonie de conversion à l’Islam, aucun non-musulman n’ayant l’autorisation de pénétrer dans le périmètre sacré. L’histoire reste officiellement avare de détails quant aux conditions exactes de leur intervention. Officiellement les commandos français n’ont pas posé le pied dans la mosquée, mais ont agi à distance en cordonnant la manœuvre d’une unité de forces musulmanes composée de 3000 hommes. Après avoir planché sur diverses options, le recours à l’usage de puissants gaz incapacitants pour neutraliser les fondamentalistes, près de deux semaines après la prise de la Grande Mosquée, est choisi et s’est montré décisif avant l’attaque finale permettant de libérer les lieux,qui fut très meurtrière. Et les représailles terribles.
L’intervention du GIGN dans le premier des lieux saints de l’Islam intervention donne encore lieu parfois à des débats enflammés entre musulmans. Reste que cette intervention permit de faire comprendre à la monarchie saoudienne qu’il lui fallait créer sa propre unité d’intervention rapide, la « force spéciale d’urgence ». Du coté du GIGN, ou le silence est de mise sur cette opération, on a commencé à étudier alors les tactiques pour intervenir dans un lieu immense et labyrinthique, (le Mall de Nairobi est qualifié de « labyrinthe » aussi comme le fut le site d’in Amenas en Algérie ou les autorités ont écrasé dans le sang l’opération islamiste, sacrifiant les otages). Chaque événement de ce type donne lieu à de nouvelles réflexions au sein de l’unité.
Reste une question: Une intervention, fusse-t-elle secrète et à minima mais décisive, serait-elle encore possible aujourd’hui? « Certainement pas dit un ancien du GIGN. Le risque de fuites serait trop grand. et le contexte, à l’heure du Jihad mondialisé a changé.Il n’est qu’à voir les débats qui n’ont jamais cessé après notre intervention à la Mecque. Mais le Kenya n’est pas l’Arabie Saoudite. On aurait peut-être, peut-être insiste le vétéran de l’unité d’élite pu filer un coup de main, ne serait-ce qu’au niveau des stratégies, pour manœuvrer après l’attaque. Les Kenyans, toutes les images l’ont montré, n’étaient pas à niveau. Mais demandez à nos confrères israéliens et américains qui ont été sollicité et ont envoyé des équipes sur place… Pour nous cette nouvelle attaque nous conduit à travailler, travailler encore pour essayer de trouver des moyens d’intervenir en cas de crise majeure de ce type. Notre pays n’est à l’abri de rien »
Frédéric Helbert