Syrie: La division du frère de Bachar el-Assad derrière l’attaque chimique de Damas? Enquête.
Publié le 25/08/2013 à 01h57 | 4ème division blindée, Attaque chimique, chawkat, Damas, Deraa, gaz toxique, Ghouta, Homs, Liban, Maher el-Assad, Sarin, syrie | 5 commentaires
Offensive chimique de Damas: L’oeuvre de la 4ème division blindée de Maher el-Assad? Enquête, témoignages exclusifs.
Enquête à Beyrouth, Liban
Selon plusieurs services de renseignements militaires, occidentaux, israéliens et arabes,(disposant tous de moyens d’écoutes sophistiquées, et de sources directes) l’attaque massive à l’arme chimique (probablement du gaz Sarin: Incolore, inodore et qui selon l’exposition peut tuer en quelques instants sans provoquer de lésions apparentes) a été menée par la 4 ème division blindée de l’armée syrienne. Plus précisément ce serait la 155ème brigade de la division, spécialisée dans l’emploi de ces armes chimiques qui ne se manient pas à la légère, et sans un « savoir-faire » éprouvé, qui aurait opéré. Or la 4ème division blindée de l’armées syrienne,est l’unité la plus redoutée, et réputée comme une des plus dures et violentes du système Bachar. A sa tête, un homme réputé pour être un « boucher » capable de tout. Maher el-Assad, le propre frère du Président syrien. Maher el-Assad est l’homme de la terreur absolue du système Assad. Nul ne peut rivaliser avec lui en termes de cruauté. Son père, Hafez el-Assad, l’avait un temps, choisi pour lui succéder, mais l’impulsivité de Maher, sa brutalité instinctive parfois incontrôlable, y compris au sein du clan a conduit finalement Hafez el-Assad, « l’aigle de Damas » a revenir sur son choix pour faire de Bachar le futur président de la Syrie. « Maher y croyait dur comme fer dit un ex-proche du clan, mais il a été jugé trop instable… Un jour à la suite d’une dispute, il a tiré sur l’un des pivots du régime, Assef Chawkat », mort l’an dernier dans des conditions mystérieuses. Selon les informations qui m’ont été confiées par des sources de 1er choix, Chawkat, beau-frère de Bachar, aurait été empoisonné par le clan Assad, et son assassinat aurait été « maquillé »: La version officielle veut que ce soit un attentat perpétré au coeur même du régime qui lui aurait couté la vie. Chawkat aurait voulu arrêter la guerre civile et négocier. Mais de nombreuses zones d’ombres ont toujours pesé sur ce qui aurait été en fait un pseudo-attentat, fruit d’une opération décidée et montée de l’intérieur par les « faucons » du clan Assad, dont Maher est en tête de liste. On lui attribue aussi l’assassinat d’autres membres importants du régime qui se sont dressés sur sa route.
Itinéraire d’un meurtre de masse.
En 1994, les « aptitudes », son caractère, et sa « formation », ont orienté Maher el-Assad vers la direction de la 4ème division blindée, considérée comme la plus dure, la mieux équipée, la mieux entrainée et armée du régime. Celle que l’on a envoyé mener des batailles sans aucune merci comme ce fut le cas Deraa, à Homs, Qussair…. La division compte 12 000 hommes à la base, tous d’origine alawouite, (branche sectaire dérivée du Chiisme dont est issu Bachar el-Assad et son clan). « Elle est la « meilleure », la plus « efficace » avec la garde Républicaine dont Maher el-Assad fait aussi partie. Il en a même été le chef avant de prendre en mains les destinées de la 4ème division blindée« dit un de ses anciens officiers qui a déserté et est passé au Liban clandestinement (Ils sont très rares dans son cas, la division a compte un nombre infimes de défections dans ses rangs). Le témoignage de cet homme est donc des plus précieux/ « La 4ème n’a aucune limite dans l’emploi de la force, et l’étendue de ses « méthodes », conventionnelles où non, dit l’ex-colonel, qui précise: « Au début de la répression des manifestations qui étaient pacifiques, les snipers de notre division avaient des ordres très clairs, délivrés par Maher en personne. So discours ne souffrait aucune ambiguïté: « Il faut viser les parties vitales. Faire le maximum de dégâts, frapper sans retenue. En face ce sont tous des terroristes, des rats à éliminer » .
Depuis Maher el-Assad est devenu invisible. Plus aucune apparition publique. La rumeur de sa mort a même un temps couru, puis celle d’un attentat qui lui aurait couté une jambe. Informations démenties officiellement. « Mais cela ne veut rien dire explique un ancien cadre de l’armée syrienne. Pour sa propre sécurité, et en même temps pour entretenir un mystère qui rajoute à la terreur, il peut s’agir d’une stratégie choisie. Quoiqu’il en soit, La 4ème division, dont Mahera fait une arme terrible, reste le fer de lance de l’armée syrienne. Maher connu pour sa violence, sa brutalité, crainte parfois même par ses proches, a « éduqué » à sa manière tous les cadres de la division: N’avoir aucune retenue dans l’usage de la force est le mot d’ordre de l’unité« . La 155ème brigade: des experts de l’ultra-violence, et des « fanatiques » dit un déflecteur de haut-rang Selon les informations que j’ai pu recueillir pour le blog, auprès de différentes sources, c’est une donc cette unité spécialisée de sinistre réputation , La 155ème brigade de la 4ème division blindée qui aurait opéré à partir d’une base secrète située dans un secteur montagneux à l’ouest de Damas, du coté de l’aéroport, pour coordonner l’offensive chimique d’ampleur dans la zone de la Ghouta, bastion rebelle, ou plus d’un millier de personnes ont été tuées dont au moins 300 victimes de gaz toxiques mortels. Une brigade qui a longtemps été entrainée à l’usage des armes chimiques selon les confidences d’un ancien colonel du Ministère de l’Intérieur syrien. « On lui apprenait à maitriser l’utilisation de ces armes particulièrement dangereuses, et à envisager les utiliser pour une attaque à l’intérieur même du pays, et non exclusivement contre un pays étranger, on lui apprenait comment distinguer les substances neuro-toxiques, faire les dosages, préparer les armes à la dernière minute, sophistiquer et miniaturiser les moyens d’emplois. (obus, d’artillerie, roquettes, Munitions de calibres différents, armes explosant dans les airs juste au dessus d’une zone visée etc…« . Quand aux informations suggérant que Bachar n’aurait pas ordonné lui-même l’attaque de la Ghouta, L’ex-militaire, sunnite, les juge crédibles. « Les relations entre les deux frères, sont bonnes mais parfois tendues dit-il. Bachar se méfie toujours d’un Maher, parfaitement imprévisible, et qui bénéficie d’une aura manifeste auprès des militaires alawouites les plus enragés. L’influence et le pouvoir de Maher se sont considérablement accrus depuis que la guerre est devenue d’une férocité terrible. Maher et sa division sont des rouages déterminants d’une armée qui permet au régime de tenir. Et il a pu estimer qu’il n’avait pas besoin de l’aval politique pour déclencher l’attaque chimique de grande envergure de la Ghouta. Mais qu’est ce que cela change au fond? Est ce que cela ferait soudainement de Bachar un « gentil » face à l’affreux Maher? Est-ce que cela exonère de toutes ses responsabilités Bachar el-Assad qui a déclenché une guerre contre la majorité de son peuple? Une guerre qui a provoqué à ce jour bien plus que cent mille morts? entrainé des millions de civils vers l’exode? Une guerre où les armes chimiques sont employées depuis 2012! A qui voudrait-on faire croire cela? »
« Moi je crois ajoute l’ancien militaire, affecté longtemps au sein du Ministère de la Défense au suivi des programmes de développement secret des armes chimiques et qui a côtoyé longtemps plusieurs officiers supérieurs de la 4ème division blindée à la responsabilité des hommes de Maher el-Assad dans cette attaque ». Et pour illustrer sa conviction, il se souvient de ces moments terribles qui l’ont amené à déserter, moments au début de la répression de l’insurrection, où ses anciens « camarades d’armes » maniaient des lances-projectiles neuro-toxiques miniaturisés comme des jouets, et riaient en affirmant: « Nous utiliserons toutes ces armes, et toutes les autres possibles, sans aucune restriction, ni mesure, pour mater la révolte des bâtards et s’il le faut on rasera le pays, et on le nettoiera de la racaille des traitres qu’on éliminera comme des moustiques nuisibles ».
Frédéric Helbert, à Beyrouth.