Liban: Enfer de la guerre sectaire, diplo française aux fraises, Etat libanais absent. Révélations.
Publié le 24/08/2013 à 02h44 | attentats, Cannes, chiites, Fabiuis, Hezbollah, Liban; Tripol, mosquées salutistes, Quai d'Orsay, Saint-Tropez, sheik Bilal al-nasri, Sleimane et Mikati sur la cote d'azur, sunnites, voitures piégées | 2 commentaires
Après les chiites de Beyrouth, Carnage chez les sunnites de Tripoli.
Une semaine après l’attentat à la voiture piégée ayant visé en son puissant fief, le Hezbollah, à Beyrouth, un nouveau cran dans l’horreur, et la tourmente a été franchi à Tripoli, le bastion des salafistes et autres jihadistes qui veulent une guerre totale à Bachar el-Assad. Double attentat à la voiture piégée visant des lieux symboles, les mosquées radicales de Al Takwa, celle ou « officie » une des figures libanaises plus redoutées du salafisme, le sheik Bilal Al-Nasri. Un personnage étonnant que j’ai rencontré à de multiples reprises. A la fois chef spirituel et chef de guerre, le sheik Bilal qui vit dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh, sous surveillance permanente mais parfaitement vaine de l’armée libanaise, reçoit toujours avec courtoisie, et parle à l’interlocuteur étranger sans aucune violence. Mais l’homme est redoutable. Il prône la guerre totale en Syrie contre le régime de Bachar el-Assad. Régime dénoncé comme criminel, assassin, capable de toutes les boucheries. Il cordonne l’envoi de combattants en Syrie, et a plusieurs reprises menacé le Hezbollah. Recruter pour lui et les autres leaders du salafisme est un jeu d’enfants dans la deuxième ville du Liban, qui vit dans une misère noire, où des jeunes par centaines sont condamnés au désœuvrement. Quand des affrontements sporadiques éclatent contre la minorité alawouite du quartier Jabal-Mosen, l’homme au turban noir, toujours armé d’un revolver, n’hésite pas à mettre la main à la patte en utilisant son vieux fusil de Sniper équipé d’un trépied et d’une lunette de visée…
La mosquée du Sheik Bilal a donc été soufflée à l’heure de la fin du prêche par une voiture piégée garé non loin, Les fidèles de tous âges, toutes conditions, étaient ciblés. Mais l’explosion énorme a fait quantité de victimes alentours, parmi les passants et une foule nombreuse dans les rues en un vendredi, jour de congé, en terre musulmane.
Le bilan du double attentat ramène aux heures les plus noires de la première guerre civile libanaise. Le Hezbollah « planté » sur une posture ultra-sécuritaire concentrant ses forces sur la mise en place d’un dispositif de contrôle systématique de toutes les entrées et sorties de son fief de Dahieh affirme que quelles que soient les divisions voir les haines, il n’aurait jamais songé à organiser ces attentats de masse. « Si nous avions décidé de frapper les salafistes, nous aurions monté une offensive ciblée dit un responsable de l’aile militaire. Faire ça, est contraire à nos propres intérêts« . Mais les salafistes visés ne sont pas convaincus… Ce qui fait ressurgir avec virulence la menace désormais d’une guerre interne sans limites, qui serait un « copiez-coller » de ce qui se passe en Syrie. Une guerre inter-confessionelle sans pitié, mettant en lumière la véritable opposition meurtrière qui agite la région. Chiites contre sunnites. Le spectre est là. Et se voiler la face comme l’ont longtemps fait les autorités libanaises ou les nations « amies » du Liban n’est plus de mise. « Cela fait longtemps que la pseudo neutralité du Liban, de fait totalement impliqué dans la guerre de Syrie, et que le pays est une caisse de résonance permanente du conflit syrien » dit un officiel à Beyrouth. « Et pourtant, aujourd’hui encore après l’attentat de Beyrouth, puis celui de Tripoli, des pays comme la France, continuent à parler comme si rien n’avait changé. Le dernier communiqué affligeant du Quai d’Orsay, publié après le massacre de Tripoli est confondant.
Comme à son habitude la France condamne, (une spécialité tricolore qui ne coute pas cher. Là ou ça devient « loufoque », c’est lorsqu’elle « appelle les autorités libanaises à poursuivre les responsables de ces crimes ». lorsque l’on connait la capacité des dites autorités à mener des enquêtes, à identifier les responsables de ce type d’attaque, si tant est qu’elle en ait la volonté, il y a de quoi bondir confie un ancien ancien ami du général Wisamm el-Hassan, responsable du renseignement intérieur, qui a payé de sa vie sa volonté de tenter de casser les réseaux pro-syriens à l’oeuvre pour déstabiliser le Liban. l’enquête sur l’attentat à la voiture piégée qui l’a frappé comme des dizaines de civils en plein Beyrouth n’a pas avancé d’un pouce. Mais la France va encore plus loin dans l’absurde et l’autisme, condamnant (encore) toute tentative de « compromettre la stabilité du Liban« .
« De quoi parlent vos diplomates s’interroge un cadre de la sureté libanaise? dans quel monde vivent-ils? demande’homme lucide qui réagit sous couvert d’anonymat. La stabilité du Liban est une farce! Cela fait longtemps qu’elle a été balayée, en lien direct avec le conflit syrien, et les réseaux infiltrés pro-Bachar qui attisent les braises d’une guerre inter-confessionelle. Le Liban ne doit pas se laisser entrainer dans une spirale de violence héritée de la crise syrienne dit encore votre communiqué. Mais on n’y est en plein dans la spirale » tempête ce haut-responsable policier qui se sait impuissant.
Révélations. L’introuvable Etat libanais soutenu par le quai d’Orsay! mais ses chefs se la coulent douce sur la côte d’azur
Le meilleur est pour la fin… Dans son communiqué, repris sous une autre forme par Laurent Fabius, » la France souligne l’importance pour tous les acteurs libanais de respecter la politique de dissociation conduite par le président libanais Sleimane« . Comme si l’état libanais, en pleine déliquescence, crise constitutionnelle et son chef étaient au « four et au moulin », entrain de se battre farouchement contre la perspective d’éclatement et le spectre d’une guerre civile à coups de voitures piégées, après les attaques de Beyrouth et Tripoli…
« Une mauvaise blague »… Selon les informations du blog, Le président libanais Sleimane est en vacances à Cannes, et son premier ministre démissionnaire mais toujours en poste, vu l’incapacité, des « acteurs libanais » à s’entendre pour former un nouveau gouvernement a été vu ces derniers jours… à Saint-Tropez!
NB: au lendemain de cette parution, Le président Sleimane et Najib Mikati étaient de retour au Liban!
Frédéric Helbert.