Espionnage. Edward Snowden: coup de maître pour Poutine, fiasco pour Obama.
Publié le 02/08/2013 à 01h01 | CIA, droit d'asile, Ecoutes, Edward Snowden, Guerre Froide, NSA, Obama, Poutine, PRISM, Russie, USA | Écrire un commentaire
Affaire Snowden: Poutine met Obama « échec et mat »
« C’est une catastrophe » soupire un diplomate US en poste à Paris. En décidant finalement d’accorder un asile provisoire, et la protection du FSB (ex-KGB), pour un an à Edward Snowden, (l’ancien de la NSA qui a révélé au monde entier les velléités américaines d’écouter tout le monde, amis comme ennemis à travers le programme PRISM), Vladimir Poutine gagne sur tous les fronts.
Une victoire médiatique et diplomatique
« D’abord juge un analyste politique, voilà Poutine qui apparait soudainement dans l’affaire comme le « protecteur de la démocratie, des droits de l’homme, des libertés individuelles et collectives, menacées, mises à mal par les Etats-Unis! ». Poutine a « sauvé » d’une situation qui semblait inextricable l’informaticien, ex-consultant de la CIA et de la NSA. Snowden, qui au nom de la protection de cette démocratie et de valeurs promulguées par la Constitution américaine avait dénoncé les excès de zèle généralisés des services d’écoute US aux moyens planétaires ». Un comble selon un opposant au régime russe installé à Paris. Mais Poutine a joué fin dans une partie d’échecs ou les USA ont été mis « mat ». David Snowden, depuis ses révélations était poursuivi par la CIA, comme un traitre, accusé de vol, et était devenu une « cible » prioritaire absolue pour les SR US. Il fallait le ramener coute que coute « au bercail », pour qu’il y soit jugé et condamné. Et pour l’empêcher d’aller plus loin dans ces révélations.
Snowden: l’Icône populaire
Mais entre temps, aux yeux de millions de personnes, Snowden était devenu un symbole: Celui d’un homme révolté par le dévoiement de la toute puissance technologique US, et par le détournement d’un système autorisant presque tout depuis les attentats du 11 septembre et l’établissement du « Patriot act », en matière d’espionnage, où le travail d’écoutes et de surveillances électroniques est un des nerfs de la « guerre contre le terrorisme ». On savait les débordements dans ce cadre bien vague. Le grand public ignorait que l’hyper-technologie servait aussi dans le cadre d’une guerre économique et financière à l’échelon mondial, où écouter un pays ami pour les USA, ne posait pas plus de problème à l’administration Obama qu’il n »aurait pu en poser à celle de GeorgesW.Bush.
Ayant réussi à fuir après avoir révélé « le pot aux roses », Snowden s’est retrouvé pendant des semaines, « prisonnier » dans la zone de transit internationale de l’aéroport de Moscou, dans l’attente de trouver une terre d’accueil. Il voulait aller en Amérique du Sud. Mais les USA ont multiplié pressions gigantesques, et menaces de rétorsion pour ceux qui « auraient le « malheur » d’accorder l’asile au « renégat » Snowden. Tout le monde y est passé, même le président bolivien, qui s’est vu refuser par L’Italie, le Portugal, l’Espagne, et surtout la France, -patrie des droits de l’homme sur le papier- une autorisation de survol de territoires sur demande ou plutôt injonction américaine. « Les américains étaient comme des fous » se souvient un témoin de haut-niveau de l’épisode. Ils étaient persuadés que Snowden se trouvait caché dans l’avion présidentiel de Evo Moralès qui revenait de Moscou. Contraint faute de carburant à faire une escale forcée en Autriche. Du jamais vu.
Snowden: Une mine d’or pour le FSB
La situation semblait devoir s’éterniser lorsque Poutine a fini par donner l’ordre: Accorder l’asile pour un an à l’ex-consultant américain de la NSA. Et c’est là, où » le coup est doublement gagnant » pour les russes. « imaginez dit un expert du contre-espionnage français. Pendant un an, minimum, le FSB va avoir la main sur Snowden. Ils vont pouvoir le « debrieffer » tout à loisir. Et obtenir bien plus que ce qui a été révélé publiquement. « Les américains auraient dû laissé « le fugitif » partir en Amérique latine. Ils en ont fait désormais un filon, un jackpot que les russes ont récupéré par la force des choses. Obama et les siens vont s’en mordre les doigts. Et Poutine peut lever le pouce! »
David Snowden, dans une courte déclaration n’a pas manqué, avant de disparaitre, de remercier chaudement « les autorités russes, en accord avec leurs lois et les obligations internationales. Lors des huit dernières semaines, on a vu l’administration Obama ne montrer aucun respect pour les lois nationales et internationales, mais en fin de compte la Justice a gagné ».
Dans ses déclarations précédentes, l’informaticien de 30 ans, avait expliqué dans un entretien accordé au « Guardian » que son unique but était « d’informer les gens de ce qui est fait en leur nom et contre eux. Je suis prêt à tout sacrifier parce que je ne veux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’internet, et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde, avec ce système énorme de surveillance qu’il est entrain de bâtir secrètement ». Avant que les autorités russes ne lui accordent l’asile, une majorité d’américains (55%) disaient l’approuver. Durant la longue période d’incertitudes où Edward Sowden est resté bloqué à Moscou, il a déposé une vingtaine de demandes d’asiles politiques, « dénonçant de graves violations de la Constitution Américaine par le gouvernement, et insistant clairement sur sa crainte et sa certitude d’être torturé avant un procès s’il se rendait, dont une auprès de la France (victime elle même du programme d’écoutes US). Mais la plupart des pays, quelques soient leurs possibles griefs, n’ont pas osé défier « l’ami américain ».
Parfum de guerre froide
La colère des Etats-Unis, perdants à tous les nivaux dans l’affaire reste pour l’heure publiquement mesurée. Celle des pays d’Amérique latine, alliés de la Bolivie, elle n’est pas retombée après l’épisode « Moralès ». En coulisses, la diplomatie US est furieuse. « Mais si elle avait laissé s’évanouir le fugitif en Amérique latine, on en serait pas là » estime un observateur averti des relations internationales. l’acharnement aveugle des USA et la lâcheté de l’Europe ont donné à la Russie une occasion unique de remporter « la mise ». Voila qui promet pour le prochain G20 prévu en septembre à Saint-Pétesbourg, et jette une ombre sur la tenue d’une rencontre bi-latérale prévue entre Poutine et Obama qui vient d’essuyer un échec cuisant digne des grands affrontements de la « guerre froide ».
Frédéric Helbert