Mali: Les groupes islamistes et armés qui occupent le Nord du pays. La nouvelle menace.
Publié le 10/01/2013 à 06h23 | AQMI, groupes Islamistes, la France dans la guerre, Mali, menaces, terrorisme, Touaregs | 1 commentaire
Alors qu’après une première bataille, il y a 2 jours, s’étant soldée par une victoire des forces du régime malien, affirmait alors des sources proches du régime de Bamako, sans qu’aucune source indépendante n’ait pu le confirmer, les islamistes, au moins un millier d’homes si ce n’est plus, qui avaient déjà lancé l’offensive, en restant eux silencieux; ont lancé une nouvelle attaque majeure visant l’axe Konna/Moptin ouvrant la voie à la capitale Bamako. Une opération de guerre, qui au regard de la réalité, une déroute de l’armée malienne en perspective a obligé la France à réagir en urgence et à intervenir directement sous mandat onusien , (ce qui n’était pas officiellement prévu, en menant notamment des frappes aériennes contre une impressionnante colonne de Picks-Up armés qui avaient enfoncé la ligne de démarcation, FOCUS SUR LES GROUPES ISLAMISTES QUI MENACENT NON SEULEMENT L’UNITE DU PAYS, MAIS AUSSI DIRECTEMENT LA FRANCE, ET PAS SEULEMENT SES RESSORTISSANTS OU INTERETS AU MALI MAIS DIRECTEMENT L’HEXAGONE .
La France en tête de gondole au conseil de sécurité de l’ONU et au concert des nations désunies pour soutenir une offensive militaire -seule voie possible en l’état- afin que le Mali retrouve son intégrité. Une option diplomatique, impliquant un engagement guerrier (uniquement logistique au départ à en croire le chef de l’état) qui ne va pas sans risque et dont il sera fait état plus tard précisément ici quant à la menace qu’elle fait poser sur les otages, les intérêts français en Afrique, et la très sérieuse perspective d’actions terroristes sur le sol français.
La « grenade islamiste » a explosé au Mali il y a près d’un an (10 mois exactement): Auparavant les immenses étendues désertiques abritaient des groupes (khatibas) d’AQMI, Al Qaida au Maghreb islamique, dont celui du redoutable Abou Zeid, l’un des adversaires les plus virulents de la France, détenant la majorité des otages français, et ayant manifesté des exigences extravagantes pour les libérer.
Mais le refuge, accolé au sud de l’Algérie, est devenu un territoire de conquête, d’expansion pour plusieurs autres groupes, et de contrôle total du Nord-Mali jusqu’a Tombouctou, autrefois perle touristique du pays, mais qui vit désormais sous la coupe des islamistes appliquant une charia (loi islamique) d’une rigueur effrayante.Donne fondamentale: le Mali a servi pendant des années de pays « fournisseur » de mercenaires au régime alors en place en Libye du colonel Khadafi. La rébellion a donné aussi le signal d’une chasse implacable à ses mercenaires, dont ceux qui ont pu échapper aux foudres des rebelles, ont regagné le Mali. Venant nourrir les rangs soit des groupes islamistes, soit des groupes rebelles touaregs opposés au pouvoir central de Bamako, groupes dont certains ont passé des alliances limitées avec les islamistes. Ces alliances ont variés au gré des mois et complexifient la donne. les divisions se multiplient, reste que les groupes sont là, dotés de forces armées conséquentes.
AQMI (Al Qaida pour le Maghreb islamique):
L’organisation la plus ancienne. la mutation d’AQMI (ex-GSPC) en organisation terroriste de plein pied, disposant du label à Al Qaida depuis 2007 et une double explosion à la voiture piégée en plein centre d’Alger. AQMI a alors été chargé de conquérir de nouvelles parts de marchés dans une Afrique sub-saharienne déboussolée. L’organisation a recruté en Mauritanie, au Niger, et au Mali dont les frontières sont extraordinairement poreuses, et où le pouvoir central a toujours été affaibli.AQMI dispose d’un trésor de guerre fabuleux lié aux enlèvements de multiples occidentaux (français, italiens, espagnols, allemands..) dont la libération a été le plus souvent négociée contre des sommes folles de plusieurs millions d’Euros. La mieux organisée aussi. AQMI se sent chez lui désormais au Mali. le groupe est mené par des hommes sans pitié de la trempe d’Abou Zeid. Il sert de modèle à d’autres groupes qui se créent en reproduisant les mêmes schémas, et en appliquant les mêmes préceptes religieux. AQMI, comme d’autres groupes dans son sillage, a participé activement à la destruction des mausolées de Tombouctou, la ville aux 333 saints, fondée au Vème siècle, et devenue au XVème siècle capitale spirituelle et intellectuelle de l’Islam. Vénérée depuis, devenue lieu de tourisme mondial, Tombouctou est devenue la cible des Hommes d’AQMI, ANSAR DINE et autres qui ont détruits les mausolées dénoncés selon eux comme des lieux « d’idolâtrie », alors qu’un bon musulman ne peut, ne doit vénérer qu’Allah
MUJAO (mouvement pour l’unicité et le Jihad de l’Afrique de l’ouest):
Les jihadistes du MUJAO jouent leurs jeu. Utilisant toutes les méthodes « locales ». Enlèvements (détention actuelle au Mali d’un des otages français. Trafics en tout genre pour se fournir en armements. Et le règne par la terreur dans des zones ou le MUJAO fait appliquer sans aucune indulgence « sa charia, en employant des méthodes dignes du Moyen-Age. Le MUJAO n’hésite pas pour gagner du terrain à se battre contre d’autres groupes armés comme les touaregs, du MLNA. le groupe est dirigé par Omar Ould Hamaha, chef charismatique et redouté « imite » les Talibans afghans dans leur interdiction décrétée d’écouter toute musique « profane ». Mais il semblait que ces derniers temps, malgré des communiqués triomphants, le mouvement ait été en difficulté par rapport aux autres et ait perdu de da puissance. la possibilité d’une alliance tactique avec les autres groupes pour mener une offensive de masse.
ANSAR DINE (les défenseurs de l’Islam):
D’abord « associé » à AQMI, ANSAR DINE « joue » désormais seul, sous ses proposer couleurs. Le Noir a disparu de son drapeau, désormais blanc et frappé d’un sabre et d’un Coran. le chef d’ANSAR DINE, Iyad ag Galhi, ancien héros vénéré des guerres menées par les Touaregs passé à l’islamisme. Il aura suffi d’un passage en Arabie Séoudite pour qu’il se convertisse. Plusieurs vidéos le montrent dirigeant la prière, et affirmer que son but est la stricte application de la Charia (loi islamique) dans un Nord du Mali qui aurait fait sécession et disposerait d’une autonomie quasi-totale. Par delà cette profession de foi, le groupe ANSAR DINE, se définit comme un groupe malien et ne revendique pas d’indépendance totale contrairement à son ex-allié du MLNA. ANSAR DINE occupe le centre de la ville de Gao, ou il fait régner la terreur. ANSAR DINE a multiplié à GAO et dans les environs les amputations, de mains, de pieds, de soit-disants voleurs, punis sans autre forme de jugements. La lapidation fait aussi partie de « l’arsenal judiciaire » du groupe. Boire, fumer, ne pas être voilée pour une femme, sont aussi punissables de diverses sentences comme celle à subir plusieurs dizaines de coups de fouets. Les hommes d’Ansar Dine, puissamment armés plastronnent et disent ne craindre aucune intervention internationale. L’un de leur chef se dit prêt au combat. L’initiative nous reviendra. Nous sommes prêts à affronter n’importe qui ». ANSAR DINE est composé essentiellement de touaregs ayant été gagné par la fièvre et la contagion islamiste. Selon les observations de plusieurs services étrangers, le mouvement n’a cessé de recruter, et de grossir ses rangs, fort de son arsenal issu pour une grande part des anciens stocks de l’armée libyenne, et de fonds venus notamment de pays alliés du Golfe.
MLNA (mouvement national pour la libération de l’Azawad):
C’est LE mouvement rebelle historique du Mali. Mouvement aux racines profondément Touareg, et sans cesse en lutte contre un pouvoir central accusé d’accaparer les richesses minières en collusion avec des puissances étrangères ( la France en 1ère ligne). A l’été 2011, le MLNA lance une grande offensive avec à sa tête un ancien haut-gradé de l’armée défaite du Colonel Kadhafi. Avec lui des centaines d’anciens mercenaires qui vivaient en Libye, et y étaient devenus de redoutables guerriers. Après plusieurs mois de combats, les hommes avançant dans le désert sur des pick-up équipés de 12,7 ou autres armes lourdes ne cessent de gagner du terrain en descendant vers le Sud. Ils mettent en déroute l’armée régulière et prennent les principales villes du Nord-Mali: Kidal, Gao, Tombouctou… Les hommes du MLNA s’affirment alors avant tout indépendants et laïcs, et ennemis d’al QAIDA. Mais, manquant de moyens, ils vont perdre de leur superbe, notamment face aux groupes islamistes montants, ils vont perdre des batailles, et des hommes…qui vont rejoindre les rangs des organisations extrémistes, puissantes, mieux armées, plus riches et animées d’une volonté sans faille.
A suivre…
Frédéric Helbert