Exclusif: Syrie, Liban. vidéos inédites: les hommes de Bachar célèbrant l’embuscade de Tal-Kalakh
Publié le 18/12/2012 à 19h23 | babarie, embuscade Tal Kalahk, guerre, images exclusives, Liban, syrie, Tripoli | 2 commentaires
EXCLUSIF
L’intégrale des images tournées par un « vidéaste » amateur après l’embuscade tendue à 21 libanais (présentés comme jihadistes) partis en Syrie de Tripoli se battre aux cotés des rebelles. Les violences faites à ceux qui étaient déjà morts.
Cadavres frappés,piétinés, poignardés, insultes, rires… Abécédaire de la violence sans limite qu’engendrent la guerre et la haine.
Avertissement: ces vidéos peuvent choquer. Certaines images sont difficilement soutenables. Mais la guerre et ce qu’elle produit ne se montre pas à coups d’images « floutées » ou coupées. Ceci n’est pas un jeu vidéo. ce sont des vidéos bien réelles, illustrant la réalité de la guerre, qui montrent jusqu’où l’on peut aller dans la barbarie. En l’occurrence, très loin.
Les cicatrices de la dernière bataille de Tripoli (la 14ème de l’année) ne sont pas encore refermées. Si l’armée libanaise est désormais déployée en masse dans chaque camp (Jabal Mosen (alaouite), Tab al Tabbaneh( sunnite), les haines et les volontés de vengeance sont ancrées dans les esprits. Dans chaque camp, on vous dit: il suffira d’une étincelle et ça reprendra, parce que cela durera tant que la guerre en Syrie durera. Et c’est bien cette guerre, dont nombre de politiques, aveugles et sourds répètent à l’envi que le Liban doit en rester à l’écart, qui est à l’origine de la dernière bataille de Tripoli, et des images, que certains jugeront insoutenables, et qui n’ont qu’un seul mérite: Montrer l’étendue de la haine, et ce dont les hommes sont capables en temps de guerre. Montrer la réalité d’une guerre, sans floutage, sans coupes. Elles laissent aussi très septiques sur l’idée d’une possible « réconciliation nationale en Syrie », même si Bachar el-Assad s’en allait. Ces images disent aussi une évidence. La guerre est une saloperie qui n’a aucune loi. Tous les coups sont permis même contre ceux qui sont déjà morts. La guerre propre n’existe pas, n’a jamais existé. Ce fut une invention US lors de la première guerre du Golfe. Mais ce n’est qu’une illusion. Encore davantage lorsqu’il s’agit d’une guerre civile, où les amis, voisins, parents d’hier en viennent à s’entre-tuer.
Des centaines de vidéos sont diffusés chaque jour, montrant les atrocités commises dans tel ou tel camp. Ces vidéos-ci sont singulières, parce qu’elles ont été tournées juste après l’embuscade, et qu’elles illustrent le point (de non retour?) ou l’on peut arriver quand, sous l’oeil rigolard de ses camarades de combat, on profane des cadavres, on joue avec des morts comme avec des poupées.
Rappel des faits:
C’est la diffusion sur une télé d’obédience syrienne, et la diffusion d’images photocopiées, et de nouvelles qui disaient qu’un groupe de jihadistes libanais ayant passé la frontière pour venir se battre auprès de la rébellion était tombé dans une embuscade de l’armée syrienne qui savait où les attendre, et qui les a tués, hormis 3 dont le sort demeure incertain, qui ont déclenché la bataille de Tripoli au Liban. Du coté de Bab al-Tabanneh, on nous a avoué avoir tiré les premiers. Mais à Jabal Mosen, les combattants étaient prêts à répliquer à l’arme lourde (mortiers, RPG). La situation reste aujourd’hui tendue sur place. Où l’armée qui a tiré elle aussi, pour tenter de faire taire les armes, est tout sauf la bienvenue. A l’heure de la diffusion de ces vidéos. Certaines familles libanaises du groupe des 21 n’ont pas encore récupéré les corps des leurs tombés dans l’embuscade de l’armée syrienne, juste de l’autre coté de la frontière. D’autres ont enterré des corps méconnaissables. Ce que l’on comprendra mieux si l’on regarde les vidéos.
La première vidéo a été tournée de nuit, donc juste après l’embuscade. Les images ne sont pas de très bonnes qualités, mais suffisamment éloquentes quand au traitement infligés au cadavres. Une lampe torche éclaire les cadavres des hommes tombés sous les balles probablement de miliciens. Qui fêtent l’événement à leur manière.
VIDEO 1
Les images, les gestes que montrent les deux vidéo ci-dessus sont accompagnées de commentaires, d’insultes, lâchés dans une ambiance « festive », que j’ai fait traduire. Cela donne des choses du genre:
-Espèce de salopard, tu veux aller au paradis? hein tu veux aller au Paradis fils, de P… enc.., Alors bienvenue dans ton Paradis Hey Regarde celui-là avec ces cheveux longs.
-Hey regarded-celui là avec ces cheveux longs. Amenez-moi le grand couteau, amenez le grand couteau que je le découpe.
– j’emm… ta religion batard…
etc…etc… Certains commentaires s’enchevetrant sont difficiles à traduire mais ils sont tous du même acabit:
VIDEO2
Celle-ci a été tourné une fois le jour levé. Histoire de bien faire les choses, et en attendant une équipe de journalistes syriens qui ont réalisé un reportage sur cette embuscade. Sur la forme et le fond, rien de bien différent. Le reportage ne reprend aucune image de cette vidéo où l’on insulte les morts, où l’on on marche sur leurs cadavres, où l’on filme l’autosatisfaction des combattants (en civil) de l’armée syrienne ou affiliés à l’armée syrienne, profanant des cadavres et lâchant des bordées d’insultes…
Une 3ème vidéo a été tournée une fois le jour levé, aussi se focalisant sur un homme en treillis qui s’acharne sur un mort à coups de poignards allant jusqu’à l’égorger. Vidéo insoutenable que j’ai décidé de garder par dévers-moi.
Au Liban, Les 3 vidéos ont été authentifiées par des proches des hommes tués, qui certifient qu’il n’étaient pas jihadistes, ni armés. » Si on avait su le coup qu’il montait, on les aurait empêché dit un combattant salutiste chevronné. Ils sont partis comme des « bleus » ajoute-t-il Et se sont fait cueillir instantanément parce qu’ils ont été donnés« . Une source à jabal Mosen a également authentifié les vidéos, en certifiant qu’il s’agissait de jihadistes lourdement armés.
Saura t-on un jour la vérité sur le véritable scénario de la tragique épopée de ces hommes partis du Liban soutenir la rébellion? sur les conditions réelles de l’embuscade dans laquelle ils sont tombés? Sur l’identité de ceux qui les ont tués? Probablement-non…
Mais les vidéos présentées dans cette enquête, qui a duré plusieurs jours, démontre, par delà le niveau de haine et de barbarie atteintes, qui laisse mal augurer d’un avenir pacifique entre communautés en Syrie, que le Liban, dont la frontière Nord est située à 30km de Homs, est politiquement et militairement, largement impliqué dans la guerre de Syrie. Et que ses habitants, quelques soient leurs convictions ou engagements en payent parfois le prix le plus lourd.
A Tripoli, Frédéric Helbert