Arafat empoisonné au Polonium? Exhumation de sa dépouille. Polar autour d’un Mythe. REPORTAGE.
Publié le 25/11/2012 à 23h30 | Arafat, causes de la mort, empoisonnement, mystère, Polonium, Ramallah | Écrire un commentaire
La dépouille de Yasser Arafat exhumée de son mausolée dans le calme et la discrétion: Etape-clé d’ une enquête internationale dirigée par 3 juges français. Qui se posent la même question: – Oui ou non Yasser Arafat a t-il pu mourir été empoisonné au POLONIUM210?
Enquête et reportage à Ramallah, par Frédéric Helbert.
A Ramallah, l’air de la guerre est loin. Mais la ville n’en a pas moins vécu journée inédite. Aucun char israélien n’a pointé à à l’horizon, pas de drones de reconnaissance faisant leurs rondes dans un ciel couleur muraille, mais les bérets rouges de l’Autorité Palestiniens étaient pourtant en état d’alerte maximale… C’est autour et au sein de l’immense « compound » de la Moukataa, siège de l’autorité Palestinienne que se sont concentrés l’attention, et la tension A l’intérieur, dès le peti matin selon un témoin ayant ses entrées, des visages tendus. Et un silence est à l’image du ciel, lourd. Ramallah, sous la grisaille retrouve l’afflux journalistique des grands jours. Des barrières osnt été dressées. Le bâtiment transformé en camp retranché; Après des semaines de travail au coeur d’un chantier unique, le mausolée de Yasser Arafat, la dépouille de l’icône de la lutte palestinienne, doit être sortie de terre! Du jamais vu dans une région ou pourtant les surprises ne manquent pas. Yasser Arafat est mort il y a hui ans. Mais les causes exactes de son décès sont demeurées inconnues. En 2004 l’épouse, ici détestée d’Arafat, avait refusée toute autopsie alors que le corps du fondateur de l’OLP se trouvait encore à l’hôpital militaire Percy en France ou Arafat avait vécu ses derniers jours. Huit ans plus tard pourtant, Souha Arafat, -plus connue pour ses dépenses somptuaires que son engagement politique- a porté plainte pour assassinat, après avoir transmis à un laboratoire suisse, des effets personnels de son ex-mari ou ont été retrouvées des traces de poison mortel. Une énigme que l’enquête judiciaire ouverte à Paris va devoir s’efforcer de résoudre, dans un contexte toujours ultra-sensible. L’Autorité Palestinienne nourrissant ses propres soupçons a donné son accord pour une « exhumation de cadavre » et des prélèvements scientifiques qui devraient permettre de savoir enfin… Mais pas tout de suite….
Récit:
A Ramallah partout poussent de nouveaux immeubles, s’implantent des marques mondiales célèbres. Ici les femmes ne se voilent que si elles le souhaitent, les jeunes filles se promènent seules, le soir venu, aux antipodes de gaza, Ramallah continue à vivre. Ici aussi fleurissent des tours ultra-moderne, des bâtiments à l’architecture moderne, des boutiques de design, des villas luxueuses.. » Quand le BTP va, tout va »,‘cest bien cela votre formule« dit en riant un homme d’affaires au costume impeccablement taillé. A Ramallah, emblème d’une réussite palestinienne, économique, et politique, d’une cohabitation les seuls hommes en armes qui s’affichent portent treillis et bérets rouges. Bien sur, dans les cafés, »made in USA », les bouibouis, les fumoirs de « narguileh », le sort de Gaza, celui d’un éventuel rapprochement entre frères ennemis, le Hamas et le Fatah, la possible admission très prochaine la Palestine à l’ONU comme « état-observateur », donnent lieu à d’interminables palabres,des discussions enflammées, mais le sujet qui occupe tous les esprits, qui s’immisce dans toutes conversations, qui passionne, celui sur lequel les avis, les rumeurs, les confidences, les affirmations péremptoires vont bon train, c’est l’incroyable « Cluedo » qui a débouché sur l’opération aujourd’hui: L’exhumation de la dépouille du Raïs, de celui qui était déjà une légende de son vivant, de celui dont l’existence fut un roman, mais dont la mort et ses circonstances pourraient en devenir un autre. Car les colportages qui existaient déjà en 2004, sont aujourd’hui, à la suite d’une plainte a »argumentée » de Souha Arafat, l’épouse du défunt, l’objet d’une enquête internationale à » tiroirs », enquête indépendante menée par trois juges français qui se penchent avec le plus grand sérieux, la plus grande rigueur sur l »incroyable hypothèse d’un possible empoisonnement au Polonium du « père de la nation palestinienne », Yasser Arafat.
Arafat sorti de la tombe: Une exhumation pour déterminer les causes réelles de sa mort
Hier, disait Nabil, commerçant prospère qui vend tout et rien dans son « super-market » de poche, « on va commettre un crime grave, on va souiller une légende ». Après des semaines de travaux -au coeur de la Mouqataa, le grand siège de l’Autorité palestinienne- pour « casser » l’intérieur mausolée qui lui était consacré, devenu lieu de pèlerinage permanent et point de passage obligé pour tous les chefs d’état ou de gouvenrments étrangers, la dépouille, les restes de Yasser Arafat, « le père de la nation palestinienne », ont étét exhumés! Devant trois juges d’instruction français, et des experts internationaux de médecine légale venus de Suisse, de Russie. Opération à grand frais qui scandalise les uns, nécessaire pour les autres. « Parce qu’il faut que l’on sache dit un client de Nabil. Non mais vous vous rendez-compte? Si l’on découvre que Yasser Arafat a vraiment été empoisonné au Polonium? Surement un coup des israéliens contre celui que leurs chars n’avaient pu abattre! » Parce qu’à Ramallah, on ne prête qu’aux « riches ». Les vilains coups ne peuvent venir que du Mossad. Nul n’a oublié la tentative ratée d’empoisonnent en Jordanie d’une cible israélienne, qui avait déclenché la fureur du roi « Husssein » et permis la libération du fondateur du « Hamas »: le seihk Yassine.
A un café, un statisticien de bazar assure que 89% (ni plus, ni moins) de la population palestinienne pense qu’il s’est, au bas mot, passé quelque chose d’anomal. » Il faut chercher, il faut trouver assène t-il et punir les coupables. N’oubliez pas que Sharon, l’ennemi intime d’Arafat a toujours voulu sa peau. Mais il n’est pas le seul. Si le Raïs a été empoisonné, si les israéliens sont (forcément) dans le coup. Ils ont obtenu des complicités internes de personnes qui pouvaient approcher « le reclus de la Moukataa« . L’homme dans un jet de fumée ajoute: « Seul Arafat pouvait imposer la paix à son peuple. Regardez ou nous en sommes sans lu.i Sa mort a servi la cause des faucons israéliens ne voulant rien lâcher pour que survienne la paix des braves, comme elle a servi celle du Hamas ».
Israël, pour sa part balaye ces accusations d’un revers de main: « Du pur fantasme » dit un diplomate à Jérusalem
Souha, la veuve d’Arafat, la femme par qui le scandale est arrivé…
Le soupçon, qui a fait l’effet d’une bombe, a été soulevé par la chaine « Al Jazeera« révélant en juillet dernier, donc huit ans après la mort à Paris du « Rais » que la veuve de Yasser Arafat, Souha, la femme la plus vilipendée de Palestine, avait soumis des effets personnels du défunt, (des effets dont nul ne sait d’ou ils sont sortis ni ou et comment ils ont été conservés) à un laboratoire suisse. Les analyses indiscutables ont permis d’y retrouver de fortes traces de poison mortel! Et pas n’importe lequel… Du Polonium 210. Une matière hautement radioactive qui a fait ses preuves dans des entreprises de liquidation d’anciens espions soviétiques. Pour ajouter de l’huile sur le feu, comme s’il était besoin, il faut savoir que les médecins, pourtant hautement qualifiés de l’hôpital militaire français de Percy n’avaient pas réussi à déterminer les causes exactes du décès. Souha Arafat s’étant alors opposé à la possibilité d’une autopsie. Néanmoins les examens multiples auxquels ont été soumis Arafatdès son arrivée en fFance n’ont jamais permis de déceler aucune trace de produit toxique. Bref Agatha Christie se perdrait dans ce labyrinthes ce dédale de soupçons, d’ombres, de suspicions, de contradictions, d’affirmations, de dénégations, agités à tout vent.
Une enquête officielle et internationale, huit ans après le décès d’Arafat
A la suite de la diffusion du reportage, Souha, qui vit à Malte aujourd’hui et n’est jamais revenue en territoire palestinien, a déposé plainte pour assassinat devant le tribunal Paris. Une plainte recevable,conduisant les magistrats à demander l’exhumation de la dépouille du défunt. A Ramallah , une commission spéciale de l’Autorité Palestinienne, qui mène sa propre enquête depuis des années l’a permise. « C’est très douloureux dit un de ses membres, mais la vérité doit jaillir ». Et Israël (déjà condamné par le plus grand nombre cas ou) payer son crime si les accusations sont prouvées ». Le le débat autour de cette exhumation et de l’enquête est vif , très vif, et si certains n’y voient là que basses querelles indignes de familles, de clans, manipulations, questions d’argent et d’égo, si d’autres estiment qu’il est vraiment des problèmes autrement plus graves et plus urgents à régler en l’état, le fait est là. De la terre de la Mouuqata, sous un mausolée somptueux de pierre et de marbre ou elle était profondément enfouie, la dépouille d’Arafat a surgi par la volonté d’hommes de Justice. « C’est important pour l’histoire » tranche un ancien ministre d’Arafat.
Les juges français chargés du dossier sont arrivés il y a quelques jours sur place, et ont été placé sous étroite protection. Avec eux Un groupe d’experts réputés, des suisses, des russes, dont des champions de la médecine légale et de radiothérapie. L’un d’eux a rassuré les populations: Les examens, prélèvements pratiqués sur place, n’ont nécessité que quelques heures, le tout s’étant fait sous d’immenses bâches bleues dressées spécialement au sein de la « Mouqataa », afin que les sensibilités ne soient point heurtée, et que les curiosités morbides ou autres ne soient attisées, puis dans les formes, « El Raïs » Arafat a été à nouveau inhumé, lors d’une cérémonie protocolaire arrangée dans ses moindres détails. Des ordres ont été donnés pour éviter tout trouble. La « Mouqataa était une place forte « imprenable », bien loin de ce qu’elle fut, lorsqu’elle accueillit le 11 novembre 2004, le corps du défunt au milieu d’une foule déchainée. Des milliers de palestiniens de la rue qui avaient envahi un lieu ouvert à tous vents par les obus israéliens, pour approcher la dépouille de celui qui venait de mourir et être aux premières loges d’obsèques célébrées dans un chaos total. Aujourd’hui, les bérets rouges étaient partout. Et le respect, la pudeur commandaient une évidente retenue pour une population choquée par cette exhumation jugée par beaucoup comme sacrilège. Mais il n’y avait pas d’autre choix, estiment ceux qui soutiennent, même si difficile à vivre, la quête de vérité. Et puis les ordres avaient été donnés pour voter tout débordement où mouvement d’exaltation où de fureur, qui aurait pu venir troubler l’exhumation de celui dont l’ombre tutélaire plane pour l’ éternité sur toute l’histoire de la cause palestinienne.
Les Résultats: Pas pour demain!
Si tout avait été prévu pour aller très vite sur place, tout en respectant scrupuleusement les procédures, après que le travail de prélèvements ait abouti, Il faudra encore attendre des semaines, des mois même, avant que les résultats ne soient connus. Déjà dit un des experts, il faut certifier qu’il s’agit bien de polonium. Deux vérifications valent mieux qu’une et si c’est du polonium, une question se pose immédiatement: Comment les traces d’un produit volatile, dont les effets s’évaporent assez vite, peuvent se trouver encore 8 ans après sur des effets personnels. Dont nul ne sait comment diable ils ont été préservés, sans être touchés, manipulés, lavés. On sait seulement, selon une source proche de l’enquête, que le temps et l’enfouissement ont fait leur effet, et que ce qui a été prélevé n’est pas en bon état… La suite des travaux ne sera guère aisée. Mais nul ne ménagera sa peine pour que soit connu si cela est possible, le fin mot de l’histoire. « Si c’est un coup monté par Souha, elle ira au diable » dit un ancien compagnon d’armes d’Arafat. Et le mauvais scénario sera oublié. Mais si d’aventures, par extraordinaire, le mystère parvenait à être percé et que ces résultats venaient à confirmer l’incroyable soupçon d’empoisonnement, alors nul n’ose imaginer ce que pourrait être la réaction du « peuple palestinien », qui voue encore un culte sans limite à celui qui a symbolisé la lute, la résistance, les espoirs de paix, celui qui fut haîïou adoré, ou les deux à la fois, et celui qui n’a jamais cessé d’incarner le rêve: « une terre, deux états ».
Bien sur, « Arafat a été parfois très bousculé jusque dans son propre camp se souvient un ancien de l’OLP. Népotisme, clientélisme, corruption, protection de certains terroristes notoires… tout y est passé… Mais la mort, après une vie de résistance et de combat, et les dernières années passées dans son Quartier-général transformé en prison, à portée de tir des canons des chars israéliens, l’ont en quelque sorte « sanctifié ». Et puis n’oublions pas quand même, il fut avec Rabin à qui ll secoua vigoureusement la main à Washington l’homme de ces « accords de paix » massacrés par la suite. N’oubliez pas qu’il fut n tribun hors-pair, et le seul qui aurait pu imposer les sacrifices demandés par les israéliens lors des négociations. La paix, un état viable, ils les a vraiment voulu! Qui se rappelle qu’aux moments des plus beaux espoirs, il accueillit lors d’une journée historique, le président des Etats-Unis Bill Clinton à Gaza! Quand on voit ou on en est aujourd’hui »…
A la fin de son « règne », affaibli mais vivant, toujours aux manettes, Yasser Arafat est resté jusqu’au bout pour beaucoup un homme à abattre. A t-il été éliminé de manière plus discrète, ou bien était-il arrivé au bout de son chemin? L’enquête est loin d’être terminée. Et dans une région ou tant de choses obéissent à l’irrationnel, la lumière jaillira définitivement grâce aux travail de scientifiques indépendants. Leur diagnostic, leur verdict final est attendu par tôt un peuple tout entier et un « pays », sur lesquels son ombre éternelle ne cessera jamais de planer…
Récit/Photos: FH