Israël-Palestine: Loin de Gaza, prison à ciel ouvert, l’autre visage de la Palestine et des Palestiniens…
Publié le 17/11/2012 à 15h15 | espoir de paix, Mahmoud Abbas, ONU, palestiniens, Ramallah, UNESCO | 1 commentaire
En septembre 2011, il y a un peu plus d’un an, Mahmoud Abbas déposait la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU. Seul contre tous. Une initiative qui n’est peut-être pas étrangère à la situation de guerre actuelle. Et qui fut source de fous espoirs. Elle permet aujourd’hui de montrer les visages d’une Palestine pacifique, bien loin des ardeurs guerrières d’aujourd’hui.
Récit/Diaporama
Mahmoud Abbas, le politique, l’homme qui fut de toutes les négociations, réputé pour son intégrité, son habileté, l’ancien ministre d’Arafat qui était capable de lui claquer la porte, celui qui négociait les trêves, multipliant alors les allers-retours entre Ramallah siège de l’autorité palestinienne et Gaza, ou vivent le plus grand nombre de palestiniens, mais sous la coupe du Hamas, Abbas dont l’élection fut unanimement saluée après la disparition de Yasser Arafat, à la fois par les israéliens et la communauté internationale, Celui qui incarnait l’espoir d’un vrai dialogue avant d’être à son tour décrédibilisé et prix entre deux feux (Ariel Sharon alors d’un coté et les extrémistes du Hamas) est la partie immergée d’un nouvel épisode guerrier sanglant. Abbas entend aller jusqu’au bout et présentera le 29 novembre, la demande, unilatéralement, (sans avoir négocié avec quiconque puisque tout le monde veut l’en dissuader) à l’ONU, sans le soutien des Etats-Unis, d’Israël, du Hamas qui verrait d’un très mauvais oeil l’obtention par l’autorité Palestinienne, du statut de « non-membre » (en tant qu’état) mais « membre observateur ». L’an dernier déjà, à la surprise générale, et la fureur de certains, la Palestine avait obtenu son adhésion à l’UNESCO.
Le vote ne requiert qu’une majorité simple à l’assemblée générale. Cette partie là semble gagnée donc d’avance. Et déchaine la colère d’Israël, qui pourrait être visée par exemple par des plaintes visant des crimes de guerres… de saisir la Cour Pénale Internationale. Les USA, constants dans leur soutien inconditionnel ( de Bush à Obama) à Israël ne soutiennent pas Abbas dans sa démarche. Les Etats-Unis affirment qu’il faut retourner à la table des négociations sur la base du plan de paix initié en 1993, mais dont Netanyahu n’a jamais voulu… Quant au Hamas, qui monopolise les écrans, et veut monopoliser la résistance à « l’occupation israélienne » par les armes, elle voit en l’ancien go-beetween un ennemi qui concentrerait soudain toute la lumière sur lui… Et sur cette « autre Palestine », celle qui marche, avance, peut se prévaloir de réussites économiques, et ne veut plus de guerres, encore moins de guerre fratricide.
Les événements d’aujourd’hui peuvent-ils compromettre l’initiative de Mahmoud Abbas, qui voudrait reprendre les négociations avec Israël après l’épisode onusien si proche, prévu pour se dérouler dans 12 jours seulement? La question est posée…
Mais les images de guerre, de bombardements, de roquettes, de haine, de peur, de sang aujourd’hui ne doivent faire oublier d’autres images: Celles d’une autre Palestine, (loin d’être un bloc monolithique, pas plus que ne l’est Israël). L’an dernier, le 27 septembre 2011, à Ramallah, ce sont des images de joie, de liesse, d’espoir, de fraternité et de fête que j’avais alors saisies à Ramallah, ou la première pierre déposée à l’ONU par Mahmoud Abbas avait été retransmise partout dans la ville et en Cisjordanie sur des écrans géants.
Une liesse extraordinaire s’était alors emparée des territoires sous le contrôle de l’autorité palestinienne. Retour sur un moment d’histoire et des visages bien loin de ceux des membres ou partisans du Hamas s’opposant sans merci aujourd’hui à Tsahal…
Diaporama en Cisjordanie, à Ramallah.
Le pari de Mahmoud Abbas, si difficile à gagner dans les conditions actuelles aura permis de montrer que les lanceurs de roquettes, et les hommes du Hamas imposant leur lois, et leurs volontés au peuple de Gaza n’ont pas le monopole de l’image « Palestine ». « les palestiniens », ce sont aussi des dizaines de milliers de personnes, qui vivent loin de la foi en la loi des armes, de la violence, en celles de la religion et de l’intolérance, et d’une impossible cohabitation pacifique avec Israël.
NB: Quelques soient les menaces, Mahmoud Abbas, qui vient d’interrompre une tournée diplomatique en Occident, a confirmé qu’il irait porter la candidature de laPalestine à l’ONU le 29 novembre prochain, qu’il condamnait une offensive faisant couler le sang israélien et palestinien mais qu’elle ne le dérouterait pas de son cap…
Reportage Texte/Photos: Frédéric Helbert.