Liban: « François Hollande compte pour du beurre » Un membre du Hezbollah.
Publié le 04/11/2012 à 19h28 | François Hollande, Hezbollah, Liban, syrie, visite | 2 commentaires
Pour le Hezbollah, allié stratégique de la Syrie, et au pouvoir au Liban, François Hollande est venu à à Beyrouth pour rien!
Rencontre et entretien avec Ali, 38 ans, dans un lieu discret de la banlieue-sud de Beyrouth. Cet homme qui préfère à l’heure ou les officiels du Hezbollah sont peu diserts, ne pas montrer son visage, est membre d’une grand clan de Dahieh, affilié depuis toujours au Hezbollah. La visite de François Hollande, qu’il juge sévèrement, est pour lui un geste sans aucune véritable portée diplomatique. Un non événement politique pour son pays.
Interview
FH: Que représente pour vous la visite du Président Français François Hollande?
– Rien! (sourire). La venue de votre président François Hollande ne compte pas pour nous. Pas plus lui qu’un autre. C’est un non événement. D’ailleurs on ne le connait pas. Et sa visite, de pure forme, n’a rien changé. Qu’il soit venu exprimer son soutien à tel ou tel, n’a aucune importance pour nous. Hollande est peut-être fort à Paris mais pas au Liban, pas ici. La France de toutes les façons s’aligne sur la position des Etats-Unis. Elle ne fait que parler cela ne change rien au cours des choses. Que les solutions ici soient politiques, ou militaires, nous décidons entre nous. Nous n’avons pas besoin d’une ingérence française ni d’aucune autre. D’ailleurs cette visite-éclair présentée comme un « symbole-fort » est une farce! A peine arrivé, votre Président est déjà reparti .
– C’est le point de vue du Hezbollah?
– Mais c‘est le point de vue de tout le monde! Sur ce coup-là, Mr Hollande a réussi le tour de forces d’unir les libanais. Ils ne sont pas dupes. Que peut représenter pour nous cette escale de deux heures, d’un homme qui ne connait rien au proche-orient, et au Liban ou il n’a vu personne d’autre que Sleiman (le président libanais, sans réel pouvoir)… Allez partout, on vous dira la même chose.! Enfin certains ménageront leurs versions publiques, mais comment croire que cette visite calée au dernier moment, entre des grandes embrassades avec l’israélien Netanyahu, et des accolades avec les Saoudiens, rime à quelque chose? Qu’est ce que ca veut dire: « La France s’opposera de toutes ses forces aux tentatives de déstabilisations du Liban » (NDLR: propos Hollande lors du Point de presse)? Ils vont faire quoi? Envoyer des soldats? Empêcher Israël d’essayer de nous nuire? C’est une grande formule mais il y a quoi derrière? Que les français commencent par stopper leurs propres ingérences… D’autant que votre diplomatie est curieuse, confuse et faible: Pourquoi les français veulent établir la démocratie au Liban, et ne disent rien aux saoudiens. Pour le pétrole? La France ne trouve rien à redire à un pays qui pratique impitoyablement la charia et finance le terrorisme parce qu’elle compte lui vendre des armes? Pourquoi la France ne fait plus rien pour le peuple palestinien, ignorant son sort, alors que rien n’est réglé dans le conflit israélo-plaestinien ? Qu’est ce que Monsieur Hollande connait de la problématique libanaise. Et de celle de toute la région. Des oppositions communautaires, des obstacles entre les chiites, les sunnites, les chrétiens, les druzes, tous eux-même divisés entre eux. Et entre groupes et sous-groupes, groupuscules politiques… Qu’est ce qu’il connait de l’échiquier politique libanais en 3D?(sourire). Non, Tout cela n’a aucun sens. Ou alors peut-être votre président se sert de la politique internationale, pour des raisons internes…
–Vous doutez de la sincérité des intentions du Président français?
– Quelles intentions? Garantir la « stabilité libanaise »? Avec quoi, avec qui? quels moyens? La stabilité libanaise, on l’a vu, c’est le « 14 mars » (bloc de l’opposition sunnite) qui s’est servi de la mort de Wissam el-Hassan (le chef du renseignement des FSI tué dans un attentat à la voiture piégée) pour tenter de la faire voler en éclats. Et votre président qui accueille chez lui ce « couard » de Saad Hariri, (un des leaders du 14 mars) a envoyé son ambassadeur avec tous ceux du Conseil de sécurité des Nations-Unies, soutenir ensemble le gouvernement de Najib Mikati, premier Ministre issu des rangs du Hezbollah! Et en même temps, nous entendons les accusations qui nous visent. Nous aurions tué Wissam el-hassan pour faire plaisir à Bachar el-Assad, qui est notre allié . Et contre lequel Hollande et son gouvernement ne cessent d’aboyer et de menacer, sans rien faire. Croyez-moi, Bachar el-Assad a d’autres soucis que de « s’occuper » d’une seule personne… Nous nous disons que les gens du 14 mars étaient prêts à sacrifier l’un des leurs (Wissam el-Hassan), et qu’ils l’on fait, pour tenter un coup, qui a échoué. L’assassinat, Ce qui s’est passé après les funérailles, la campagne contre Mikati… les gens du 14 avaient leur « agenda ». Ce sont eux qui voulaient déstabiliser le pays de l’intérieur. Ils ont perdu. Un stratégie si désastreuse qu’elle a contraint les occidentaux à soutenir Mikati et son gouvernement. Au nom de la « stabilité menacée ». La diplomatie française a suivi. Et Maintenant Francois Hollande voudrait que tout le monde ici, s’assoie gentiment à une table et discute, pour former un nouveau gouvernement! C’est un gag et la foire aux idées contradictoires. Au rayon cohérence, on peut faire mieux… Le Président Français est arrivé au Liban sans idées claires, sans idées nouvelles, il n’a délivré aucun message fort, rencontré aucun acteur important de la scène politique libanaise et il est reparti. Bon voyage! Pour nous François Hollande n’est rien d’autre qu’un lézard serpentant dans l’herbe et changeant de couleur à chaque minute!
Propos recueillis dans la banlieue sud de Beyrouth: Frédéric Helbert.