Cellule terroriste: l’avocat cible supposée du groupe n’a pas de protection rapprochée!

Publié le 16/10/2012 à 19h02 | absence protection rapprochée., avocat parisien juif, cellule terroriste, cible, identité protégée, ITW, projet assassinat, RTL | Écrire un commentaire

A chaque jour, l’enquête sur la cellule islamiste démantelée à Cannes et en région parisienne, dans le plus grand désordre judiciaire, réserve ses surprises.

La dernière en date est une exclusivité signée RTL ce matin, qui n’a pas manqué de faire le buzz. Un avocat d’origine juive, en l’occurrence Maitre William Goldnadel, aurait été la prochaine cible de ceux qui n’avaient pour l’heure qu’un jet de grenade à plâtre (acte antisémite s’il en est requalifié en  acte de terrorisme par le Procureur de paris sans convaincre grand nombre de pros de l’anti-terrorisme) contre une épicerie de Sarcelles à leur actif. A l’époque si l’acte a juste titre avait ému, choqué, la communauté juive de Sarcelles surnommée la « petite Jérusalem »), et les représentants des institutions juives de France, l’affaire n’avait fait que peu de bruit dans les colonnes de la presse. On évoquait un engin de faible puissance, le jet ensuite par deux individus encagoulés d’une pierre dans la vitrine d’un Supermarché. Depuis on a pu lire ici ou là que la grenade à plâtre s’était transformée en « grenade défensive d’origine yougoslave », qu’il y avait eu des repérages etc, etc…

Mais revenons à la révélation de la radio RTL. Je viens de m’entretenir longuement avec Me Goldnadel, dont il est question:. « J’assume mes convictions, je n’ai pas la voix qui tremble a-t-il ironisé, vous pouvez l’entendre, mais je ne ferai pas mon « outing » sur cette affaire. J’ignore la réalité de la menace, mais elle peut donner des idées à d’autres, et certains membres de la cellule terroriste sont encore en liberté ». J’insiste. L’avocat rétorque: « En l’état je ne me ferais pas une publicité dans un sens ou un autre à bon compte parce que mon nom figure sur une liste ». Certains de ses confrères n’auraient pas eu cette pudeur.

D’autant que cet avocat parisien, pénaliste connu,  est une figure emblématique du barreau de Paris et des institutions juives: Membre du CRIF, ne rechignant jamais à prendre la plume,  à s’exprimer devant les caméras, pour exprimer des convictions pour le moins très tranchées sur l’islamisme, le conflit israélo-palestinien, parfois sur un ton très abrupt,  voire critiquer vertement le rôle trop souvent attribué  aux « médias français »  jugés par certains  au sein de la communauté juive, « coupables » de rentrer dans je cite  » le jeu de la victimisation palestinienne ». L’avocat qui entretient aussi d’excellentes relations avec des journalistes apparaît toujours en première ligne, n’hésitant pas à flirter avec la provocation, ne s’empêchant aucun franchissement de lignes…. Estimant que son droit est le bon!

J’ai eu moi-même l’occasion de me frotter en direct à la télévision, à ses talents d’artilleur très engagé, lorsque revenu de la bande de Gaza, j’avais ramené un reportage qui montrait des enfants palestiniens (non en lanceurs de pierre, soit disant envoyés comme chair à canon face aux chars israéliens, mais en petits écoliers en uniforme -héritage du colonialisme anglais- courant pour rentrer chez eux cartables au dos, alors que les F16 israéliens, après avoir longtemps tournoyé dans le ciel de Gaza avaient fini par bombarder des bâtiments de sécurité du Fatah). Le débat avait été « hot ». Et les critiques acerbes fusaient comme des balles traçantes,  comme il l’est à chaque fois lorsque l’on aborde la question d’un conflit datant de 1948, et qui est à l’origine de bien des maux, frappant aujourd’hui le Proche-Orient. « Bah, c’était juste une petite passe d’armes dit-il désormais »

Revenons à aujourd’hui… Les charges, et cet éventuel projet d’attentat ciblé, apparaissent bien minces en l’état de ma connaissance d’un dossier oh combien, j’y reviendrai, monté en épingle, en dépit du bon sens. Et que pour faire « monter la sauce » sur un dossier bancal, les autorités judiciaires s’en chargent.

Me reste alors en état une dernière question:  « Vous bénéficiez d’une protection rapprochée? ». Et la, la réponse tombe, et j’en tombe des nues: « Non! me dit-il, je n’ai même pas remarqué le dispositif discret censé entouré mon cabinet ».

Voila donc un avocat juif, connu pour ses sorties médiatiques, ses positions, ses emballements réguliers, aisément identifiable, désigné comme n°1 sur une (pseudo?) liste de cibles, par la première radio de France, et à qui nul, au sommet de l’état, ne songe à fournir une protection?

Alors qu’il y a quelques mois , après la révélation (toujours par le même Procureur Molins) d’un éventuel projet d’assassinat d’un magistrat juif à Lyon, après le démantèlement du réseau Achamlane, et l’attribution illico-presto d’une garde rapprochée de membres du SPHPP, une source très proche du dossier, qui était à l’instruction depuis plusieurs mois m’avait confessé son étonnement, puisque rien dans le dit-dossier n’apparaissait comme élément tangible de l’élaboration du projet, simplement  évoqué très en amont lors d’écoutes téléphoniques et abandonné depuis belle-lurette. Voila qui laisse songeur quant à la désignation officielle ou officieuses de cibles potentielles de jihadistes plus ou moins structurés, et quant à l’idée de protéger l’avocat juif, que tout le monde aura re-connu, tellement il est connu dans le petit microcosme parisien, au sein de sa communauté, comme dans le camp de ceux qui le contestent sur le champ politique,  voire dans les banlieues, ou les cités, où le conflit israélo-palestinien s’est largement exporté.

Frédéric Helbert