Petit lexique de « L’Islam radical » et du Jihad
Publié le 08/10/2012 à 20h16 | Intégrisme, Islam Radical, Jihad, Salafistes, taqiya | 2 commentaires
Comment s’y retrouver dans la jungle des mots liés à la lutte contre le terrorisme? Petit Lexique…
L’islam Radical
Voila le mot lancé depuis 48h à toutes les sauces, prononcé ici et là, agité comme un épouvantail mais quelle définition exacte peut on apporter à ce nouveau label qui fait médiatiquement fureur?
L’Islam dit radical est une expression à la française, un nouveau label pour qualifier ceux qui convertis de longue et de fraiche date basculeraient soudain dans un autre monde: Celui du terrorisme, ou du pré-terrorisme, de la volonté de faire le « Jihad par l’épée », de partir guerroyer en terre étrangère contre l’ennemi américain, chrétien, juif, les mécréants, les apostats, les mauvais musulmans, ou de s’attaquer à des cibles nationales. Ceux-la on les appelait auparavant, les islamistes, notament dans les cercles policiers ou judiciaires, ou l’apelation reste en vigueur dans des conversations courantes: » on a « tapé » (arrêté) des islamos »… Mais le printemps arabe est venu bouleverser la donne. Car de nombreux partis dits islamistes (c’est à dire fidèle aux préceptes de la loi Islamique) sont arrivés au pouvoir par les urnes. Leurs idées ne font pas (ex Tunisie, Egypte, Libye…) l’unanimité, mais ces islamistes ont été élus par les urnes. Il a donc fallu que les médias notamment trouvent une autre expression plus parlante. Et c’est là qu’arrive « l’islam Radical » appellation qui n’est pas satisfaisante pour autant, puisque certains musulmans ont des opinions « radicales », sans pour autant nourrir une seule seconde l’idée de basculer dans l’action violente. L’Islam radical de Jeremy Louis Sydney n’est pas celui d’un frère musulman, érudit… L’islam radical est encore moins une branche dérivée de l’Islam qui aurait été théorisé par des Imams. Entendre comme cela pu être le cas, sur divers médias: « Is s’étaient convertis récemment à l’Islam radical » est pure hérésie. Les hommes interpellés depuis samedi qualifiés comme appartenant à l’Islam Radical ne représentent pas un phénomène nouveau, contrairement à ce qui peut être dit ici et là. Depuis plus de dix ans déjà, et notamment après les attentats du 11 septembre 2001, des réseaux structurés opérationnels, des filières d’acheminement d’apprentis terroristes, ou des loups solitaires s’étant auto-radicalisés, parfois en prison, parfois seuls, en ayant fait leur apprentissage sur le « net » ont sans cesse été interpellés et neutralisés par les services de lutte anti-terroriste français.
Les Jihadistes
La formule est plus claire, même si elle est le dérivé d’une formule initiale d’ou la violence est absente. Pour nombre de musulmans non violents, faire son Jihad personnel est une recherche intérieure, religieuse, une introspection pacifique. C’est une purification de l’âme, un effort à faire pour aller vers Allah. Mais Le terme « Jihadiste » désigne aujourd’hui plus communément, dans le langage commun et celui des experts du renseignements et de l’anti-terrorirsme, ceux qui sont près à basculer dans la violence, ceux qui l’ont déjà fait, ceux qui détournent des sourates du Coran ou en dévoient le sens, pour justifier leur lutte. Ce Jihad là qui conduit à prendre les armes, à verser dans le terrorisme, à tuer des innocents, on peut l’appeler » le Jihad par l’épée ». Il est impossible d’estimer sérieusement en France, le nombre exact de jihadistes, ou de membres de l’Islam radical. Ils sont évidement une immense minorité au sein d’une communauté musulmanes de 6 à 7 millions de personnes, (dont 2 millions de pratiquants assidus) mais l’équation du terrorisme est éternel: Il suffit d’un petit groupe d’une dizaine de personnes, parfois moins, parfois plus pour semer la panique à coups de bombe, d’attentats, et du coup, par la forces amalgames jeter l’opprobre sur toute une communauté. Le jihadisme, c’est, et là réside le danger,une lutte permanente « au nom du Coran », qui en théorie ne s’achèvera que lorsque la Charia (loi islamique) règnera sur le monde, fidèle à celui qui a fédéré longtemps en les accueillant dans les camps d’entrainement (Soudan, Afghanistan, Zones pakistano-afghanes, ou par ses discours mis en ligne sur Internet, Oussama ben Laden. Le cap qu’il a fixé, d’un Jihad global, à l’échelle mondiale, ou chaque musulman aurait droit de se lever et de lutter en se revendiquant combattant d’al Qaida, continue à être suivi malgré la disparition du fondateur d’al Qaida-base. Là encore, nombre de jihadistes ou de groupes jihadistes qui étaient sur le point de frapper en France, après s’être formé à l’étranger ou non, ont été démantelés, parfois à la dernière minute par le staff anti-terroriste français.
Les Salafistes
les Salafistes prônent un retour à l’ancien temps celui d’un Islam « pur » le respect de la suuna (la loi immuable de L’islam). Qui rejette les valeurs occidentales. Le terme Salaf renvoie à Mahomet et ses compagnons. Pour eux, le temps s’est rareté en 661, (dynastie des Omeyyades) Ils vivent en vase clos. Selon des règles très strictes. Un signe permet de les reconnaître. ils portent des pantalons qui s’arrêtent aux chevilles. Pour eux, la société française n’existe pas. La loi islamique est plus forte que celle d’un pays. ce sont des champions du prosélytisme. Mais aussi de la clandestinité. Ils ont noyauté quantité de mosquées en France, mais leur mouvement n’est pas violent par essence. Restent que certains salafistes ont basculé dans le jihadisme… Un cocktail parfois redoutable. le Salafiste Jihadiste a pris naissance lors de la guerre d’Afghanistan. Il est aujourd’hui partout. En France comme ailleurs. Il y a un mois à Tripoli (Liban) je rencontrais des salafistes se battant contre les alliés alaouites du régime de Bachar el Assad.
Drapeau salafiste flottant dans les quartiers sunnites de Tripoli
combattant salafiste
Les djihadistes salafistes, sont considérés par les services de renseignement comme les plus dangereux des activistes potentiels.
La Taqiya
Un « art » spécifique, devenu essentiel dans le cadre de la constitution de groupes clandestins, la préparation de leurs actions, leur attitude en public où face aux forces de l’ordre. La Taqiya c’est une pratique qui consiste à manier la dissimulation, à des fins diverses: Cacher ses pratiques religieuses pour échapper à des persécutions. Mentir pour tromper l’ennemi, avec la bénédiction d’Allah. La Taqiya est devenue une pratique essentielle dans le terrorisme d’aujourd’hui. La Taqiya fit l’objet dès 1986, (alors que la France avait subi une campagne d’attentats menée par le Hezbollah libanais, sous commandite directe de l’Iran) d’une étude spéciale et d’une note confidentielle rédigée alors par un des magistrats de la section anti-terroriste du Parquet de Paris. La Taqiya est devenue au fil ses ans une pratique essentielle, une « arme », du terrorisme contemporain. Notamment lorsque des jihadistes supposés se retrouvent face à des enquêteurs. Tout alor leur est permis. Un ex de laDST se souvient d’un suspect de haut niveau, dont tout l’itinéraire de jihadiste était connu, qui en garde à vue, avait croqué en souriant un sandwich au jambon, et bu une bière! A plusieurs reprises lors de perquisitions, les hommes du contre-terrorisme ont récupéré de vrais manuels, qui enseignaient l’art de la ruse, du mensonge permis, voire du reniement de sa propre religion, pour échapper aux soupçons…
Les terres de JIHAD
Ces terres de Jihad sont celles ou des apprentis-terroristes, venus de tous les pays du monde, et notamment de France, viennent acquérir une « formation en conditions réelles », quitte à risquer leur peau. Le phénomène est apparu avec la première d’Afghanistan, contre les forces soviétiques. Depuis il n’a cessé de croitre. Les terres de Jihad sont celles où des conflits se sont succédés dans les Balkans, au Moyen-Orient, dans la Péninsule arabe-musulmane. Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie, Kosovo, Irak, Libye, Syrie , Mali et corne d l’Afrique aujourd’hui. Ou des musulmans ont estimé qu’il fallait venir au secours d’autres musulmans, quitte à prendre les armes. Je ne souviens des combattans étrangers parmi lesquels des français, engagés au sein de la brigade de Zenica en Bonsie. D’autres occidentaux croisés en Irak… Le phénomène est donc loin, bien loin donc d’être une nouveauté, même si de plus en plus de « candidats » partent maintenant, seuls, à l’aventure, dans l’espoir d’être pris en main sur les terrain par des combattant agguerris comme ce fut le cas de Mohammed Merah avant qu’il ne tombe sur son « formateur » le tunisien francophone Moez Garzallaoui. Certains comme Hervé Djamel Loiseau, français converti à l’Islam, parti de la mosquée des Couronnes à Paris, n’en sont jamais revenus. D’autres ont regagné l’hexagone, parfois sur ordre, avec mission de bâtir d’authentiques réseaux opérationnels. Les hommes revenus bénéficient d’un réel charisme, et de l’auréole du vrai combattant d’Allah.
La Mouvance intégriste
Terme parfaitement flou, parfait pour l’opération déclenchée bien trop tôt, et ou la chasse désespérée aux éléments à charge se poursuivent. La Mouvance intégriste n’est pas l’UMP, le PS, les Verts, ou lesRouges, ou Dieu sait quelle entreprise pyramidale. La mouvance intégriste n’existe pas. Elle n’est pas conceptualisée. Il n’y a pas de chef, pas de secrétaire général, pas de branche politique, et armée… La mouvance intégriste est un terme « four-tout », qui permet de faire des liens douteux quand on manque d’éléments reliant des individus, des groupes opposés, des réseaux venus d’ici ou de là. La mouvance intégriste est une fumisterie qui permet de faire croire à l’existence un grand mouvement là ou tout est parfaitement déstructuré. L’intégrisme existe. partout, et de tout coté. Là ou il y a religions, politiques, il y a des intégrismes. L’intégrisme existe, avance, La mouvance intégriste (comprendre la mouvance intégriste islamiste) elle n’existe pas…
Lexique autres-mots clés (Takfir, coran, Sunna. Chiites, Suunites; Alawouites..) à suivre….
Frédéric Helbert