L’enfer des réfugiés. Syrie, Liban.
Publié le 19/09/2012 à 00h41 | Enfer, Réfugiés, syrie | 3 commentaires
Un Jour, Une photo
Perdus au milieu de nulle part, premières victimes d’une guerre sans pitié,un bébé handicapé et sa soeur.
Lorsque nous sommes arrivés sur la frontière libanno-syrienne, nous avons rencontré un groupe de réfugiés survivant dans des conditions indignes, victimes de la guerre, victimes aussi de l’incroyable disette en matière d’aide humanitaire, malgré les ronflantes déclarations, et promesses des diplomates de la communauté internationale. (cf. portfolio précédent).
Cette photo illustre un des terribles chapitres de « plus belle la vie » made in Syria, pour les civils qui ont réchappé aux bombardements et pris la route de l’exode.
La petite fille au grand regard noir, tient dans ses bras son frère, un bébé malingre. Il est né prématuré à Homs pilonnée par les obus de l’armée syrienne. Il était placé sous couveuse, lorsque l’hôpital ou il se trouvait a été bombardé. Résultat: Une coupure d’électricité générale, et des dommages irréversibles pour l’enfant dont le cerveau n’a plus été correctement irrigué. Un handicap mental, l’impossibilité de parler, et une paralysie des membres inférieurs qui fait son chemin…
C’est ainsi que nous l’avons retrouvé. Après son évacuation en catastrophe avec sa mère de l’hôpital, et sa fuite. Sa soeur et les plus grands qui l’entourent font ce qu’ils peuvent, et donc peu, si ce n’est lui donner de l’amour, mais l’amour ne guérit pas les lésions qu’il a subi.
Aujourd’hui, les parents ne sont plus là. Le père a été arrêté et emprisonné par l’armée syrienne. Devenant presque folle de douleur et de rage, la mère a rebroussé chemin vers Homs, malgré les vaines tentatives de ceux qui l’accompagnaient pour l’en dissuader. Elle voulait retrouver à tout prix son mari et le père des enfants… Depuis qu’elle est repartie vers l’intérieur de la Syrie, plus aucune nouvelle.
La petite fille est seule avec son frère, qui n’a jamais vu le moindre médecin, jamais reçu de traitement approprié, jamais été pris en charge. L’aide humanitaire promise est pour ceux-là, si douloureusement atteints, comme pour tant d’autres, pure abstraction. A terme, au vu des circonstances, survivant dans des conditions innommables, indicibles, le bébé est purement et simplement condamné à devenir un nom de plus sur la longue liste des victimes du conflit…
Photo/récit: Frédéric Helbert