Enfants perdus de la guerre. Syrie, Liban. Occident absent. Portofolio.
Publié le 13/09/2012 à 01h11 | enfants, guerre, Liban, syrie | Écrire un commentaire
– C’est quoi l’Aide Humanitaire? parole d’enfant réfugié au Liban. – Où est la France, où est l’Occident? question d’une maman en colère.
Ils sont syriens, libanais, peu importe, leur parents sont des réfugiés, des déplacés, des combattants, des survivants, des femmes seules souvent… Parfois, ils n’ont plus de père, ni de mère. De la guerre ils ne comprennent pas grand-chose, ou si peu, et à la fois tant: Elle les blesse intimement, physiquement, les marque à jamais. Elle tue leur enfance. Rien de nouveau sou le ciel noir de la guerre… Aujourd’hui ces gosses manquent de tout, sont malades, prostrés, silencieux. Les plus atteints offrent toujours le même terrible regard… Des grands yeux noirs, qui interrogent, interpellent, condamnent… Des yeux cernés par la fatigue, la malnutrition, l’absence de sommeil, la maladie, le choc de la violence, la souffrance muette… D’autres sourient quand ils voient (pour la première fois dans certains lieux!!) un étranger avec son drôle d’appareil. C’est un moment de répit, de découverte, parfois de rigolade, d’évasion. Ces enfants-là, Je les rencontre depuis trois semaines au Liban, de Tripoli jusqu’à la frontière Nord avec la Syrie exposée à des obus ignorant les frontières, un peu partout. Ils sont là, responsables de rien, victimes de tout.
Le pire dans l’histoire? Il suffirait de si peu parfois, un minimum d’argent, des médicaments, de la nourriture, une « vraie » aide humanitaire pour leur apporter du réconfort. Au Liban, elle ne vient pas, ou au compte-goutte. La France, « mère » de l’ingérence humanitaire, patrie des « french doctors », semble étrangement absente, là où elle fut si présente autrefois, et là ou elle a tant promis, là ou elle pourrait faire sans se poser de questions. Ceux quelque soient leurs nationalités, confessions, ne demandent pas d’armes, mais juste de quoi vivre…
L’on me rétorquera que le Liban est saturé de réfugiés, et que le climat politique ambigu qui y règne face au conflit syrien, fait que le gouvernement ne permet pas d’installations de vraies camps de réfugiés. Raison de plus pour les aider! Car c’est ici que la situation est la plus dure à vivre, pour des gosses, perdus, ballottés, grandissant trop vite, souvent seuls avec leurs mères, ou celles qui les ont pris en charge. Des mères qui ne comprennent pas pourquoi, cette France, dont la diplomatie a fait claquer tant de belles promesses, ne fait pas le minimum. « On ne demande pas grand-chose, pas de nourriture, de vêtements, de médicaments inadéquats. Donnez-nous juste un peu d’argent, quelques dollars par jour, et nous saurons nous occuper d’eux, nous savons de quoi ils ont besoin. Ce sont nos enfants! » crie une de ses mères (qui jusqu’à notre rencontre n’avait jamais vu d’occidental!) Une mère en colère « vivant » sur un terrain d’immondices, sous une chaleur suffocante, dans la puanteur et dans des conditions d’hygiène déplorables. Mais rien ne vient! Ou si peu, du pain de l’eau, données par le comité aux réfugiés du conseil National Syrien, installé quelque part au centre de Tripoli. Et encore chaque matin, elle doit marcher 10 kilomètres, allez-retour pour trouver un bus qui la conduira vers un point de distribution…. Ceci n’est pas un jugement, simplement un constat. Souvent le même à chaque guerre. Etrange distorsion entre l’agitation politique, les réunions onusiennes, le rituel des promesses de don, annonces médiatiques de mobilisation, déploiements de moyens, et la réalité, les si maigres résultats sur le terrain…
Mais place au photos, sans commentaires. Pas de pathos inutile. Les images parlent d’elles même.
Reportage Texte/Photos: Frédéric Helbert