Liban: Tripoli la volcanique. Docs Exclu Vidéos
Publié le 04/09/2012 à 14h37 | Bachar el assad, Liban, syrie, Tripoli | Écrire un commentaire
Chapitre n°1- L’embrasement venu de Syrie
A Tripoli, si proche de la Syrie, la situation a toujours été volcanique. Les anciens se souviennent que la ville fut le théâtre d’une terrible bataille en 1983 alors que Yasser Arafat et les Palestiniens avaient installé leurs base-arrière au Liban. Déjà les Syriens étaient à la manœuvre pour déloger Arafat. Par la suite, Hafez El-Assad voulut faire de Tripoli l’un de ses bastions stratégiques. De là est née l’opposition entre alaouites et sunnites, et l’exode chrétien. Les quartiers pauvres, déshérités, de Baba al-Tabana et Jabal Moshen, ont été mis en coupe réglée par des chefs de clans qui y ont cultivé les ferments de haines féroces. La guerre en Syrie a été un nouveau détonateur. Sunnites d’un côté, violemment opposés hier à l’occupation syrienne du Liban et soutenant aujourd’hui les rebelles. De l’autre, les alaouites, de même confession que Bachar el Assad, dont les hommes ont maintenu leur emprise sur Jabal Mohsen. Le départ des Syriens du Liban n’a pas changé la donne. Régulièrement, depuis 2008, les deux clans s’opposent l’arme à la main. La révolution syrienne toute proche a été un détonateur pour de nouveaux affrontements d’une telle intensité et d’une telle violence que l’on a cru un temps que de Tripoli, la contagion pouvait gagner tout le pays..
Vidéo exclusive des combats enregistrée il y a quinze jours, avec un smart-phone (une arme dans la guerre aujourd’hui), du coté des sunnites – majoritaires – mais moins bien équipés et organisés. Elle témoigne du déchaînement de violences. Les combats se déroulent sur une ligne de front figurée par une simple rue qui sépare les deux quartiers.
Chapitre 2- La trêve…
Puis l’armée libanaise, étonnamment ou pas, inerte lors des premiers affrontements mortels, a fini par se déployer massivement dans toute la ville. Avec l’accord des deux parties après de longues palabres avec les chefs de clans. Des blindés-légers, camions et troupes se sont installés dans les deux quartiers rivaux. Aux points stratégiques, et même dans le reste de la ville.
Ce à quoi personne ne pensait dans les deux camps est pourtant arrivé. Une trêve qui tient encore, même si de chaque coté on campe sur ses positions, on astique les Kalashnikov, dans la crainte, (ou l’espérance) d’une prochaine étincelle… Nous sommes allés dans les deux camps à la rencontre des « frères ennemis ».
Chapitre 3- Un leader sunnite, pro-rebelles syriens, chef combattant salafiste, s’explique
Pour rejoindre l’autre camp, qu’une rue sépare, il faut accomplir bien des détours. Sur les hauteurs de Jabal Mohsen, quartier où les portraits de Bachar el-Assad sont partout. Et où le discours politique va très loin, sous la férule d’une organisation parfaitement structurée.
Chapitre 4 – Rencontre coté alaouite avec Ali Foda, un leader du « parti démocratique arabe »
Les positions des uns et des autres sont bien tranchées. Si la contagion violente n’a pas gagnée le Liban tout entier, si le calme règne pour l’heure à Tripoli, la présence de l’armée libanaise n’y est pas pour grand-chose: C’est le seul point d’accord entre les deux camps belligérants qui prennent leurs ordres et l’aide matérielle venue de Syrie pour les uns, de l’Arabie Saoudite et du Quatar pour les autres. La crainte reste donc présente et palpable parfois. Le pays du cèdre, manipulé par les uns ou les autres, pourrait devenir une vraie caisse de résonance du conflit syrien. Et sombrer à nouveau dans le chaos des années noires de la guerre civile.
Reportage à Tripoli, Texte/Photos/Vidéos, Frédéric Helbert.
Avec Olivier Flaisler à Paris.