Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Avi Dichter: Un « dur de dur » pour gérer la défense civile d’Israël en cas d’attaque contre l’Iran

Publié le 19/08/2012 à 20h01 | ,  | 1 commentaire

« L’Iran fait peser une menace existentielle sur l’état d’Israël. Il faut la réduire à néant »

Avi Dichter

Photo d'Avi Dichter

Avi Dichter tout juste nommé ministre de la défense civile appelée le front de l’intérieur, sait que sa mission sera décisive si Israël attaque l’Iran. Il se souvient comme nombre d’israéliens des images de 2006, lorsque l’Etat hébreu s’était attaqué au Hezbollah au Liban, et que les roquettes du « parti de Dieu » avaient semé la mort, la terreur, le désordre, un vaste chaos sur tout le front Nord d’Israël jusqu’à Haïfa, quotidiennement frappé. Un dimanche matin, je me souviens, j’y étais, une salve de « Katioucha » avait frappé un dépôt ferroviaire. 8 morts, des dizaines de blessés. La stupéfaction pour des habitants qui n’y croyaient pas. La panique à l’hôpital. Et Haïfa devenue soudain ville-morte. Ceux qui le pouvaient avaient fui vers le Sud. Les autres restaient enfermés dans les caves de leurs maisons, quand il y en avait. Les sinistres sirènes d’alerte  censées prévenir d’une attaque imminente sonnaient sans cesse, parfois à tort et à travers, comme un coucou déréglé. Les routes, les rues étaient vides. Plus un magasin ouvert. Impossible alors de trouver même un simple rasoir. Israël avait beau bombarder sans cesse le Liban, du Sud jusqu’à Beyrouth, avec ses avions de chasse et ses canons de 155mm, les roquettes continuaient à pleuvoir. La plupart s’abattaient dans la mer. D’autres au hasard sur des bâtiments ou maisons désertés. Mais jour après jour on comptait encore parfois des victimes. La chaleur suffocante qui régnait n’arrangeait rien. Cette image d’une ville entière totalement désemparée, dépourvue de structures d’urgences suffisantes, au système de défense défaillant m’avait impressionné. Il était presque impossible de trouver quiconque dans les rues pour témoigner. Au hasard d’un « road-movie » solitaire, j’étais tombé sur un vieil homme, stoïque, qui m’avait alors confié: « Je n’ai rien vu de pareil depuis les heures terribles de la guerre du Kippour « .

Contrer une riposte d’une puissance inédite en cas d’attaque

Il faut imaginer que si Israël venait à frapper l’Iran, la riposte serait d’une ampleur infiniment plus importante et dévastatrice. « Les Katioucha dit à Beyrouth un expert ne sont rien comparés aux missiles balistiques iraniens, qui potentiellement pourraient atteindre Tel-Aviv. Et si Israël frappait la riposte pourrait venir à la fois d’Iran, du Hezbollah libanais, du Hamas palestinien, et de la Syrie… qui dispose aussi d’un arsenal qu’elle n’a pas encore déployée dans le cadre de la guerre civile qui s’y déroule ». Alors, il faudra, le cas échéant, que le le front de l’intérieur tienne! Ce qui suppose une organisation préalable de moyens de défense, d’évacuations, d’alerte, de soins, et de prévention d’une éventuelle frappe chimique qui défie le rationnel dans les esprits. Bref une entreprise jamais mise sur pied auparavant en Israël. « Attaquer c’est une chose, et encore faudra t-il qu’Israël en ait les moyens tant il y aura de cibles à traiter et de défenses anti-aériennes à affronter. Mais il faudra que les israéliens puissent se défendre d’une possible déferlante de missiles en tout genre dit encore l’expert libanais qui ne souhaite pas que cette guerre ait lieu. Elle mettrait selon lui toute la région à feu et à sang. Au point qu’il s’y refuse d’y croire. Pourtant, tout semble indiquer que bravant l’opposition du Président Shimon Pérès, de nombreux politiques, militaires, hommes du renseignement de tout bord, et de la majorité de la population, Benjamin Netanyahu flanqué d’un Ehud Barak qui fut son opposant aux dernières élections législatives, soit bien décidé à aller jusqu’au bout.

Avi Dichter, l’homme de fer

La nomination d’Avi Dichter au poste de Ministre de la Défense civile apparait comme un signe supplémentaire. Ancien fidèle d’Ariel Sharon, l’homme que j’avais rencontré lorsque Kadima avait porté au pouvoir Sharon est « dur de dur ». Un de ces personnages à la poignée de main aussi ferme que le caractère, auréolé d’un passé qui rassure… Dichter est un ancien chef du Shin Bet, le service de renseignement intérieur. Il y a gravi tous les échelons, a restructuré le service. A collaboré avec les services américains. Ce fils de survivants de l’holocauste  fut avant un ancien soldat des grandes guerres qui ont façonné L’Israël d’aujourd’hui. Il était de ceux qui ont conquis Jérusalem il y a 43 ans, et ont pu prier pour la première fois devant le mur des Lamentations. Il a été un parachutiste d’élite. Ariel Sharon en avait fait l’un de ses atouts maitres, le monsieur sécurité, lors de la fondation du parti Kadima ( En avant ). En une campagne politique aussi fulgurante qu’une attaque surprise militaire, Kadima avait conquis le pouvoir. Elle a mené Avi Dichter au poste de Ministre de la Sécurité Interne. Ca ne fera pas de lui, il en convient, un fervent défenseur du partage de la terre avec les palestiniens.

Une mission sacrée pour sauver Israel du péril iranien

Cet homme a toujours placé les intérêts supérieurs de l’état hébreu tel qu’il les concevait au dessus des siens, ce qui le différencie de nombre de politiciens israéliens, prêts à toutes compromissions pour garder leurs sièges, postes et avantages dans un système de pouvoir s’apparentant à celui de la IVème république en France.. Il y a quelques jours,  Benjamin Netanyahu lui demande de quitter la Knesset pour devenir « Home front Defense Minister », le ministre de la Défense du Front Intérieur. Charge à cet homme à la poigne de fer et aux convictions d’acier, de mettre en place le vaste et très complexe système qui permettrait aux israéliens de tenir, et de supporter les conséquences d’une riposte en cas de frappe contre les installations nucléaires iraniennes. Il n’a pas hésité à franchir le pas. Persuadé qu’un Iran nucléaire ferait peser une menace existentielle sur Israël. Une menace qu’il faut parer et détruire selon lui. Il l’a redit publiquement aujourd’hui avec force. le temps ou l’on pouvait tuer des israéliens simplement parce qu’ils étaient juifs est terminé. Nous ne laisserons pas l’Iran faire. Les révolutions arabes ont bouleversé la stabilité de la région et obligé Israël à changer sa manière de voir. Avant il y avait ceux que nous devions respecter, ceux que nous devions suspecter. Maintenant, il y a ceux que nous devons suspecter, et ceux que nous devons suspecter aussi… Bref, Avi Dichter voit l’ennemi partout. Mais en cible n°1 dans son collimateur, il y a l’Iran. L’iran avec lequel Dichter pense qu’il ne sert à rien de négocier. La couleur pour lui est clairement affichée. « La force de ma mission s’est multipliée depuis que j’ai eu trois enfants. J’ai maintenant quatre petits enfants. En pensant à eux je place le niveau de la tache qui m’a été confiée au moins à 8 sur l’échelle de Dichter« .

Frédéric Helbert

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  1. Aliocha dit :

    Je n’arrive pas à y croire. Comment Israël pourrait mener un tel combat sans l’appui de l’OTAN ? Les conséquences risqueraient d’être épouvantables. Quel intérêt d’en parler si tôt, et publiquement ? Guerre psychologique ? Préparation du terrain en vue des futures alliances ?
    J’ai encore du mal à comprendre toutes les subtilités des politiques internationales, mais si cette guerre a véritablement lieu, ce serait une catastrophe pour tous.


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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