Liban: les casques bleus de la FINUL sur leurs gardes
Publié le 18/08/2012 à 21h43 | FINUL, Liban | Écrire un commentaire
La FINUL interrompt ses déplacements entre Beyrouth et le Liban-Sud par sécurité
En une période où le Liban doit faire face à différentes menaces, le commandement des casques bleus de la FINUL, a pris une mesure exceptionnelle. Les déplacements entre le Liban-Sud et la capitale Beyrouth sont suspendus siné dié. Plus de mouvement au delà du nord du fleuve « Litani ». Raison invoquée: la sécurité des hommes et des matériels. Les services de renseignements militaires craignent que la FINUL puisse être prise pour cible, ou se retrouver entre « deux feux » en parcourant les routes conduisant à Beyrouth, là ou se font notamment les rotations entre les différents contingents, ceux qui « ont fait leur temps » et ceux chargés de prendre la relève. La zone de l’aéroport international, théâtre de manifestations de plus en plus violentes, et d’enlèvements d’étrangers maintenant, (essentiellement des syriens) est considérée comme particulièrement sensible. « Nous n’oublions pas dit un officier français que nous avons déjà été attaqué par le passé, que cela constituait parfois une sorte d’avertissement et que nous pouvons à nouveau être pris pour cibles dans cette période troublée. Alors nous nous adaptons« .
Une mesure décidée après le début des kidnappings
Ce sont les enlèvements d’étrangers qui ont décidé l’Etat-major à prendre ces précautions préventives, mais aussi le fait que des membres des familles des 11 pèlerins libanais (enlevés eux en Syrie, par les forces rebelles), aient tenté d’attaquer un convoi de la FINUL non loin de l’aéroport International de Beyrouth. « Tout peut paraître un calme et en instant tout peut s’embraser, c’est le Liban dit un observateur désabusé« … Les patrouilles sont donc limitées désormais et jusqu’à nouvel ordre au sud du fleuve Litani, cette fameuse « ligne » derrière laquelle les troupes israéliennes avaient tenté de repousser en vain le hezbollah lors de la guerre de 2006. Ces patrouilles sont le plus souvent mixtes, constituées de casques bleus et d’hommes de l’armée régulière libanaise. Dans un secteur, ou les drapeaux et les fanions du Hezbollah, (le parti de Dieu) sont partout, la FINUL, qui a tenté d’empêcher toutes violations de la résolution 1701, et notamment le réarmement du Hezbollah est aujourd’hui souvent perçue par certains si ce n’est comme une « armée d’occupation », à tout le moins comme une force qui gène les chefs de clan locaux.
Le contingent Turc en alerte
Par ailleurs des mesures spéciales de sécurité ont été prises, autour du contingent de forces turques faisant partie de la FINUL. L’armée libanaise est mobilisée pour éviter tout dérapage autour de ce contingent, qui lui même a pris ses propres dispositions pour renforcer davantage sa sa sécurité au coeur du périmètre d’action qui lui est affecté près de Tyr et de son camp de base.
« Les turcs dit un commandant de la FINUL se trouvent en position très particulière. les tensions entre autorités turques et syriennes sont exacerbées en ce moment« . L’enlèvement d’un ressortissant turc par un groupe armé familial de la Bekaa qui détient plus d’une trentaine d’otages, a fait vivement grimper la tension puisque ceux qui le détiennent disent que si leurs exigences ne sont pas satisfaites, l’otage turc sera le premier à être tué.
Des mesures justifiées
Les mesures de sécurité ne sont pas prises pour le plaisir. La FINUL (Force d’action intérimaire des Nations Unies au Liban) a vu son action renforcée, et ses objectifs et moyens s’intensifier considérablement depuis la résolution 1701 de l’ONU, une résolution mettant fin à la guerre en 2006 lancée par Israël, et instaurant une solide force d’interposition entre la frontière israélo-libanaise et le fleuve Litani, en plein secteur Hezbollah. Les renforts français alors avec leurs moyens de haute technologie militaire avaient été les premiers à être déployés.
Mais ce déploiement de forces n’a cessé, au gré des tensions ambiantes, d’être dans le collimateur de groupes armés, souvent liés au Hezbollah, et parfois actionnés en accord avec des puissances voisines du Liban. Et la FINUL a payé un lourd tribut. En 2007, une voiture piégée tuait 5 soldats espagnols au passage de leur blindé. l’année suivante c’était les italiens qui étaient ciblés. En 2010, 5 soldats français perdaient la vie accidentellement sur les petites routes dangereuses du Sud-Liban. En 2011, des français ont été blessés lors de l’explosion de deux charges au passage de leurs convois.
La France est le deuxième pays contributeur au contingent global de la FINUL. Il comptait 1500 hommes au début de la mission. le dispositif s’est resserré: Quelques 1000 hommes sont déployés sur le terrain actuellement. L’effectif global compte environ 13000 soldats qui savent que dans le contexte actuel, au coeur d’un Liban devenue dangereuse caisse de raisonnante du conflit syrien, et une poudrière instable, la moindre étincelle pourrait embraser le pays. Alors la consigne aujourd’hui est là: Limitation stricte des déplacements et états de veille et d’alerte maximales.
Frédéric Helbert à Beyrouth.