Mohamed Merah. Ses liens avec Sabri Essid La filière jihadiste Artigat -Revélations
Publié le 11/07/2012 à 06h50 | Abdelkader meeah, Al Qaida, filière Toulouse/Artigat, islamisme, Merah, Mohamed Merah, Olivier Corel, Sabri Essid, terrorisme | Écrire un commentaire
Comment Merah aurait pu, dû, être démasqué, arrêté, mis hors d’état de nuire, bien avant les tueries de Toulouse et Montauban.
Une fois encore, les fameuses « fadettes », (listes de numéros téléphoniques fournis par les opérateurs sur réquisitions judiciaires) ont parlé:
Et elles mettent à jour un fait très troublant: Peu avant la première série de tueries visant des militaires, Mohammed Merah, appelle très régulièrement un certain SABRI E..
Sabri E, ou Sabri ESSID, homme-clé de l’enquête, de la construction de Merah en tant que jhadiste, ami d’Abdlekader Merah aussi, d’abord.
Sabri Essid arrêté en 2008, en Syrie, alors qu’il partait faire le Jihad en Irak. Un exemple, un modèle à suivre, à dépasser pour M.Merah. Sabri Essid, qui jusqu’à présent n’a pas été placé curieusement sous les feux de l’enquête… Ses liens anciens avec Merah auraient permis de sonner l’alerte rouge depuis longtemps…
ESSID lui pourtant ne fait pas dans la discrétion. Il apparait au grand-jour, à l’heure des obsèques de Mohammed Merah. C’est lui qui est « à la manœuvre », qui dirige tout dans le petit cimetière du village de Cornebarrieu. Au reporter de « Paris-Match » qui l’interroge, il lâche brièvement: « je suis le demi-frère de Mohammed Merah ». En fait, il est bien plus que cela…
PHOTO PARIS-MATCH: ESSID est l’homme à la barbe et au catogan.
Si Sabri Essid, est si proche, de son ami, son « frère », Mohamed Merah, c’est qu’une longue histoire les lie. Une histoire qui n’a en rien échappé à l’époque aux services de renseignements français, ni à la Justice, pas plus qu’à l’administration pénitentiaire… Mais pourtant, aucun des éléments connus n’amèneront à l’heure du début de la série sanglante de Merah à faire appel aux hommes maitrisant le dossier sur le bout des doigts. Encore un mystère dans l’affaire.
FLASH-BACK:
Merah-Essid et la filière Artigat/Toulouse
Au départ, c’est Abelkader Merah, le grand-frère, salafiste pur et dur, mis en examen pour complicité d’assassinats, mais qui nie tout, qui semble très lié à Sabri Essid. On est en alors en 2005. Mohammed Merah n’est qu’un ado, mais qui traine déjà dans les pattes des « grands »… Fin 2006, Sabri Essid est interpellé en Syrie, avec un albigeois , converti à l’Islam, alors qu’il s’apprêtait à passer clandestinement en Irak pour aller y faire le Jihad contre les américains. Au lendemain de leur retour, la Justice anti-terroriste dirige un vaste coup de filet contre ce qui a été identifié comme une structure, une filière solide irakienne d’envois de volontaires au combat et au martyr. La SDAT (sous-direction nationale anti-terroriste, la même unité que l’on retrouvera en tête de gondole sur l’enquête des tueries de Toulouse, frappe à Paris, mais surtout dans la banlieue de Toulouse (quartier des Izards, de la Reynerie), et dans le paisible village d’ARTIGAT en Ariège. Ou réside celui que l’on appelle l’émir Blanc, Olivier Corel, un franco-syrien, considéré non comme un opérationnel mais un maître à penser. Les deux hommes qui dirigent l’enquête sur la filière d’Artigat sont des « champions » de la lutte contre le jihadisme: Le Juge Bruguière, (aujourd’hui retiré des affaires) et le juge Trévidic devenu le n°1 en la matière, mais non associé à l’enquête Merah (« une fleur » de Sarkozy via la hiérarchie).
En 2008, dans le cadre de l’enquête, le nom d’Abdelkader Merah apparait. Mais l’homme est habile. « Un vrai salafiste, champion de la dissimulation » se souvient un enquêteur de la DST. Il est inquiété, placé en garde à vue, avec Mohammed, mais aucun des deux frères ne feront pas partie des 6 personnes condamnées à Paris, pour avoir été membre de cette filière baptisée filière Artigat.
Sabri Essid lui se retrouve en prison. Et qui va demander des permis de visite pour venir le voir régulièrement? Qui va lui amener de l’argent pour cantiner? Mohammed Merah! Dès 2008 donc, le lien « quasi-officiel » entre Mohammed Merah et une filière sérieuse de « fondus du Jihad » est établi…
Le mariage religieux du père de Sabri Essid et de la mère de Mohammed Merah
Pour corser le tout, c’est Mohammed Merah qui va présenter à sa mère, alors seule, le père de Sabri Essid en 2011, à quelques mois des tueries. S’en suivra un mariage religieux, qui ne durera pas. Mais Zoulikha Merah continuera après le mariage a se faire appeler Zoulikha Essid. C’est l’argument – un peu court- utilisé par les policiers pour dire qu’ils n’ont pas percuté immédiatement lorsque a été établi une short-list des suspects possibles des tueries ou apparait le nom d’une une certaine Zoullikha Essid dont l’ordinateur avait été utilisé pour contacter le premier militaire abattu par Merah…
Ignoraient-ils ces policiers que le père de Sabri Essid a épousé religieusement également une autre mère d’un combattant du Jihad également arrêté?
De décembre 2011 à février 2012, Mohammed Mérah estre dans la phase finale de sa préparation opérationnelle: C’est alors qu’il va se mettre à appeler sans cesse Sabri Essid, l’ancien candidat au Jihad, devenu une « référence ».
Il appelle aussi alors Olivier Corel, « l’émir blanc », le chef spirituel, vivant reclus dans sa maison d’Artigat, jamais arrêté, ni condamné.
Un témoin sérieux, dira aux policiers, après la tuerie, qu’il a vu ensemble Abdelkader et Mohammed Merah venir voir « l’émir blanc » quelques jours avant le début des tueries…
Nombre d’éléments, nombre d’éléments confondants, nombre d’éléments qui auraient pu, dû permettre de donner l’alerte en amont. Certains membres ou ex-membres du staff contre-terroriste ont fait le lien très vite après la mort de Merah. Ils auraient pu le faire avant s’ils avaient été associés à l’enquête, et si, question qui se pose plus que sérieusement désormais aujourd’hui, Merah n’a pas été recruté comme source ouverte, par la DCRI, après « ses voyages », ce qui par rapport au service, croyant avoir la maîtrise aurait offert au jihadiste terrifiant, à la double, triple vie, une parfaite couverture et tranquillité pour opérer sans être inquiété, et ce qui expliquerait la panique s’emparant au sein de certains services et les ratés de l’enquête, de la négociation, et de l’opération.
Frédéric Helbert