EXCLU- Daniel Pearl: Les services pakistanais derrière son assassinat. Le dossier secret du FBI.
Publié le 25/06/2012 à 04h56 | islamisme, terrorisme | Écrire un commentaire
– révélations exclusives-
En 2002, les images de sa courte détention et celles de son assassinat ont fait le tour du Monde. Le 23 janvier, Daniel Pearl, journaliste américain âgé de 30 ans, marié à une Française, est enlevé au Pakistan à Karachi, alors qu’il mène une enquête sur Richard Reid, le « shoe bomber« , l’homme aux chaussures piégées ayant tenté de faire exploser en plein vol un avion de ligne Paris-Miami. Une semaine plus tard, il est égorgé et décapité devant une caméra. Les images sont mises en ligne sur le net. C’est la première fois qu’un occidental est ainsi victime d’une telle barbarie, volontairement montrée. Daniel Pearl pense-t-on alors a été tué par al Qaida parce qu’il était juif, américain, journaliste, l’ennemi parfait d’al Qaida. En 2003, le cerveau des attentats du 11 septembre aux USA, Khalid Sheikh Mohammed, est arrêté au Pakistan. Il avoue après 183 séances de tortures (water-boarding ) qu’il a tué de ses propres mains Daniel Pearl. Khalid Sheikh Mohammed ou le coupable idéal. C’est aussi, bien que plusieurs versions divergentes aient circulé, celui que désigne l’enquête dirigée par une de ses anciennes amies du Wall Street Journal l’année dernière.
LE DOSSIER DES F-16 NON LIVRES AU PAKISTAN
Mais selon des informations confidentielles, contenues dans le dossier secret du FBI, qui poursuit discrètement l’enquête, ni Al Qaida, ni le cerveau des attentats du 11 septembre, ne sont réellement instigateurs ou acteurs de l’enlèvement et du supplice infligé à Daniel Pearl. Ces informations ont été communiquées au Juge Trévidic et à des agents de la DCRI, partis aux Etats-Unis, il y a quelques mois, poursuivre leurs investigations dans l’enquête menée sur l’attentat de Karachi (cf. article précédent). Selon le FBI, Daniel Pearl a été enlevé et tué par un groupe d’islamistes, soutenu notamment dans le cadre de ses actions au Cachemire contre l’Inde, par L’ISI, les très poreux services de renseignements pakistanais, entretenant des rapports opaques et troubles avec nombre d’organisations terroristes, y compris des groupes affiliés à al Qaida, que l’ISI manipule ou instrumentalise. Le FBI a fourni aux enquêteurs français les preuves, les éléments, prouvant que Pearl a été victime d’un « coup monté » orchestré par l’ISI et le pouvoir pakistanais de l’époque. Leur objectif: faire pression sur les Etats-Unis pour qu’ils acceptent de livrer des chasseurs F-16, achetés et payés par Islamabad, mais dont la livraison a été empêchée par le Congrès américain.
L’ETRANGE REVENDICATION
Au lendemain de l’enlèvement de Daniel Pearl, un mystérieux groupe se prénommant « le mouvement national pour la Restauration de la souveraineté pakistanaise » (un label bien loi des « standards » jihadiques et aux connotations très « nationalistes ») le revendique par e-mail en prévenant: « Nous donnons encore un jour à l’Amérique, si elle n’accepte pas toutes nos revendications, nous tuons Daniel ». Le mail est accompagné de photos représentant le journaliste enchaîné et une arme braquée sur la tempe. La revendication majeure, dont la signification n’échappe pas alors au gouvernement américain, est encore une fois bien loin des prétentions traditionnelles d’al Qaida, puisqu’elle demande que « les avions F-16 achetés par le Pakistan soient enfin livrés ou bien remboursés avec des intérêts en prime sur la somme versée ».
Or il ne s’agit pas d’une revendication fantaisiste: Un contrat a bien été signé en 1990. Par les administration US et pakistanaises. Les avions ont été construits. Mais alors que les USA s’apprêtaient à les livrer, un rapport de la CIA prévient: Le Pakistan a construit en secret des missiles sol-air à mini-têtes nucléaires! qui pourront armer les F-16. Le Congrès interdit la livraison. Imbroglio: Le constructeur refuse de rembourser puisqu’il a construit spécialement les avions qui se retrouvent stockés sur une base dans le désert du Nevada. Le Département d’état sollicité à son tour dit que l’administration ne peut rien faire, puisque le Pakistan a menti sur son arsenal nucléaire. C’est l’impasse. En 1995, nouvelle demande, nouveau refus du Congrès. En 2000, même chose! En 2001, Musharraf en fait encore la demande directement au Président Bush, après les attentats du 11 septembre, en échange de son « soutien à la guerre contre le terrorisme ». Encore un refus… un an avant l’enlèvement de Daniel Pearl, et donc la revendication que les avions soient livrés, revendication faite cette fois par un groupe terroriste, dirigé par un Omar Sheikh, jihadiste ayant ses entrées au sein des Services de Renseignements , l’ISI.
Cette revendication, malgré la menace d’exécuter Daniel Pearl, restera aussi sans réponse. 6 jours plus tard, le journaliste américain sera égorgé et décapité. Et KSC, Khalid Sheikh Mohammed, revendiquera au nom d’al Qaida l’assassinat. Revendication écran, et récupération a conclu le FBI après une enquête de terrain, qui lui a permis de récupérer les preuves informatiques permettant d’authentifier la revendication de l’époque. Le FBI a également recueilli les aveux partiels d’Omar Sheikh, qui a reconnu travailler pour l’ISI et être à l’origine de l’enlèvement, mais dont les souvenirs se font moins clairs quand il s’agit d’évoquer l’épilogue tragique pour Daniel Pearl. Rien d’étonnant : « balancé » à la Justice pakistanaise par un ancien agent de l’ISI chez qui il s’était réfugié, l’homme a depuis été condamné à mort, condamnation toujours suspendue en l’état par un appel. Mais les preuves de son implication et du scénario d’une « manip » orchestrée par les services pakistanais ont été confiées, d’enquêteurs à enquêteurs, par les Américains à l’équipe française partie à New-York à la recherche d’indices quant à la piste financière ayant pu servir de « déclencheur » de l’attentat de Karachi (cf. article précédent).
LE RAPPORT NAUTILUS
Cette thèse sur l’assassinat de Daniel Pearl, derrière laquelle on retrouve la main des services pakistanais et une revendication portant sur un énorme contrat d’armement, avaient été évoquée brièvement dans le rapport « Nautilus« , rédigé en 2002 par un ancien du contre-espionnage français pour le compte de la DCN et exhumé en 2007 par le juge Trévidic. Un rapport à l’origine du bouleversement de l’enquête Karachi, mais sans qu’aucune preuve ne soit alors apportée sur ce point particulier. Aujourd’hui, ces preuves sont dans le dossier français. Autant d’éléments qui éclairent d’un jour nouveau les conditions de l’enlèvement et de la terrible mise à mort du journaliste américain Daniel Pearl, victime d’une sinistre machination d’État.
FH