Mohammed Mérah: les plaintes judicaires du père du tueur, du père d’une victime. La vérité au bout?
Publié le 11/06/2012 à 21h12 | Merah, RAID, terrorisme | Écrire un commentaire
« Pour les tenants de la version officielle, c’est la pire des configurations » dit un magistrat spécialisé de l’anti-terrorisme. Une plainte venue d’Alger, déposée par le père du tueur à la moto, après un festival de tergiversations. Un père affirmant que son fils a été assassiné et qu’il en existe la preuve. L’autre plainte, antérieure est le fait de la famille d’une des victimes, le caporal Abel Chennouf. Dont le père a été ulcéré, blessé, scandalisé par les propos et l’attitude de l’ex-chef de l’état, qui a drivé toute l’opération. Ces deux plaintes s’ajoutent à l’enquête administrative interne demandée par le ministre de l’intérieur, Manuel Valls et celle des juges anti-terroristes qui ont promis aux familles de toutes les victimes, de tout faire pour comprendre ce qui s’est réellement passé. Et éclaircir toutes les zones d’ombres demeurant encore dans cette affaire à tiroirs… Pourquoi Mohammed Merah a été traité à la légère, au retour de ses voyages en zone AFPAK, et alors qu’il était connu précédemment du staff anti-terroriste français, et « tamponné » par plusieurs services? Quelle était sa relation exacte avec la DCRI ? Avait-il berné les hommes du contre-espionnage, au point de devenir un « indic » pour eux, mais de jouer un double jeu jusqu’à son passage à l’acte? Comment a été mené l’enquête à partir du premier assassinat, puis de la tuerie de Montauban? Pourquoi tant de retards alors que les réseaux de l’islamisme à Toulouse étaient connus? Pourquoi a-ton voulu absolument privilégier d’abord une piste criminelle, d’un ancien militaire revanchard, ou de soldats ayant des relations troubles avec le néo-nazisme? Pourquoi aucun juge spécialisé qui aurait pu taper du poing sur la table, faire les connexions, et décider d’un top opérationnel n’a pas été nommé? Enfin, comment expliquer les différentes erreurs, voire fautes tactiques du RAID? Et éclaircir les mystères du dernier assaut à la version officielle pour le moins discutable, imposée par les autorités politiques de l’époque?
Ce sont toutes ces questions et l’absence de réponses admissibles, cohérentes, claires, acceptables, l’omerta imposée par la présidence de Nicolas Sarkozy, qui ont fait que l’on en arrive à une situation pareille se lamente un ancien as du renseignement. Une plainte déposée par le père du tueur, une autre par une famille exemplaire d’une victime, soldat exemplaire, maltraitée par les autorités françaises… Ca fait vraiment désordre « .
La plainte du Jour
Elle ne fera pas certainement pas pleurer la population française, mais elle peut faire mal. D’autant que l’avocate algérienne du père n’est pas la première venue. Coté français, c’est maitre Isabelle Coutant-Peyre, qui est aux manettes. Avocate engagée s’il en est. Prenant parfois d’étonnants partis pris dans ses plaidoiries, experte en « agit-prop », et connue pour avoir défendu et toujours défendre le dinosaure d’un terrorisme d’une autre époque: Carlos, que l’avocate a épousé en Prison. Reste le mystère que fait peser depuis les premiers jours Me Mokhtari, depuis Alger, sur une éventuelle possession de deux vidéos, de 20 minutes qui prouveraient indubitablement que Mohammed Merah a été exécuté par le RAID. On l’entendrait dire notamment à un moment: « Mais pourquoi vous me tuez? Ces vidéos, que le tueur aurait filmé lui-même existent-elles vraiment? Si oui, par qui auraient-elles été récupérées et transmises à Alger? Ce ne pourrait être qu’un policier présent sur les lieux, et refusant un quelconque éventuel travestissement des faits masquant une exécution délibérée? Cela parait peu vraisemblable. Mais en même temps, si ces vidéos n’existent pas, cela jetterait le discrédit immédiat sur la défense du père de Mohammed Merah. Maître Coutant-Peyre, assure que les vidéos seront transmises en temps voulu, quand les autorités judiciaires françaises en feront expressément la demande… En attendant le choix tactique des avocates a été de déposer une plainte simple contre X pour meurtre (donc non pas pour assassinat qui aurait inclus la préméditation. Une plainte simple contre X, avec circonstances aggravante (elle vise les autorités policières et les donneurs d’ordre). le Parquet de paris devra donc trancher et s’il décide de classer cette plainte sans suite, alors, les avocates auront encore la possibilité de « relancer » l’affaire, en déposant un plainte avec constitution de partie civile, disposition obligeant la Justice à saisir un juge d’instruction. Voilà un dossier brûlant donc sur le bureau de Christiane Taubira nouvelle garde des Sceaux, qui a déjà subi une flambée d’attaques venues de l’opposition.
La première plainte
Mais, ce n’est pas le seul. car il est une autre plainte dans l’affaire, qui elle, émane d’une famille vivant dans la douleur, et un chagrin permanents, une famille ayant été maltraitée, ayant subi humiliations et vexations, qui peuvent difficilement ne pas être considérée comme scandaleuses et indécentes. Cette plainte émane du père du Caporal Abel Chennouf, l’un des soldats assassinés à Montauban, Abel Chennouf, soldat aux états de service exemplaires, et de confession religieuse chrétienne. une information importante, lorsque l’on se souvient, que le caporal Chennouf fut publiquement affublé après sa mort, du qualificatif maladroit par le chef de l’Etat de « français d’apparence musulmane ». Un mot ressenti comme une gifle par la famille de la victime. Et qui n’a que raffermi la colère de son père: A qui le président de la république avait assuré, avant que l’assaut final ne soit donné, « vous inquiétez pas, on va prendre le tueur vivant, je suis responsable de tout, et on vous laissera pas tomber, on vous abandonnera jamais « . Paroles restées vaines…. Alors avant de fermer le cercueil de son fils, Albert Chennouf lui a fait une promesse: celle » de se battre par tous moyens, pour savoir la vérité, toute la vérité. » dès lors que Nicolas Sarkozy avait dit « je suis responsable de tout« , le père de la victime au vu des éléments révélés après la mort de Mohamed Mérah, et n’ayant reçu alors aucun coup de téléphone, aucune aide, assistance, a décidé de porter plainte directement contre Nicolas Sarkozy, et contre Bernard Squarcini (alors patron de la DCRI dont on s’interroge sur les relations exactes entretenues avec Merah) , pour « non assistance à personne danger ». Techniquement, les experts estiment que la qualification peut difficilement être retenu par les autorités judiciaires. Mais comment assener un nouveau coup à un père qui se bat pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ont été assassinées lâchement son fils, qui s’était engagé pour servir la France, et celles dans lesquelles, le tueur, que la famille aurait aimé voir et entendre, a fini sous les balles du RAID…
Est-ce parce que le père du caporal Chennouf, refuse de se taire, et de baisser les bras, et maintient sa plainte contre vents et marées, que l’armée française a refusé le versement du capital-décès, au motif, que bien que très modeste, la famille bénéficierait de jugements supérieurs au plafond prévu par la législation? Laminés par cette décision consternante, les parents du soldat du 17eme RGP de Montauban, dont la compagne est enceinte, ont écrit et lancé un appel solennel le mois dernier au Président de la République, François Hollande.
Ils n’ont pas encore reçu de réponse.
FH