Frédéric HELBERT, journaliste d'investigation

Notre rôle n’est pas d’être pour ou contre, il est de porter la plume dans la plaie. (Albert Londres)


Le juge antiterroriste Trévidic : l’ennemi d’Etat.

Publié le 15/05/2012 à 05h00 | , , , , , , , , , , , ,  | 1 commentaire

Voici l’enquête que nombre d’entre vous m’ont réclamé sur « Twitter », enquête consacrée au juge les plus expérimenté en matière de contre-terrorisme jihadique, l’emblématique Marc Trévidic. Cette enquête parue en janvier dernier (6 pages dans Marianne) faisait état des difficultés rencontrées alors par un magistrat ayant à coeur d’accomplir sa mission et de défendre sa fonction avec intégrité, face à un pouvoir aux abois… (le Juge Trévidic instruit sans faillir les dossiers des moines de Thibirine et celui de Karachi et se heurte par là-même à la raison d’état). Depuis la parution de cet article l’étau s’est quelque peu desserré, mais l’on notera que Marc Trévidic, spécialiste des filières afghanes et autres, et des réseaux jihadistes de toutes obédiences, n’a pas été co-désigné dans le dossier Merah, ou trois de ses confrères de la Galerie Saint-Eloi, ont été saisis. Le texte suivant est l retranscription du coeur de l’enquête diffusée dans Marianne. En cliquant au bas du texte sur le lien conduisant vers le journal, vous aurez accès à l’enquête complète.

ENQUÊTE EXCLUSIVE

La une de l'enquête parue alors dans les colonnes de "Marianne"

La une de l’enquête parue alors dans les colonnes de « Marianne »

Parce qu’il instruit des dossiers brûlants dans un sens qui n’est pas forcément favorable au pouvoir, le juge qui a relancé le dossier Karachi est l’objet de brimades de sa hiérarchie. Il ne cache plus sa lassitude et son écœurement.

Il est la bête noire des terroristes, mais c’est le pouvoir qui veut sa peau. Marc Trévidic, 46 ans, vice-président du pôle antiterroriste, est devenu une cible, mais ce sont des magistrats couverts de pourpre et d’hermine qui lui mènent une véritable « guerre larvée ». Le « crime » du juge ? Diriger sans faille l’enquête sur deux affaires qui font trembler l’Etat : le dossier Karachi et l’assassinat des moines de Tibéhirine. Et d’avoir mené à terme l’enquête sur le Rwanda (lire p. 64). Le juge a aussi eu le tort, en sa qualité de patron de l’Association française des magistrats instructeurs (Afmi), de s’opposer publiquement – et avec quelle ironie ! – aux projets judiciaires du chef de l’Etat, qui voulait en finir avec les juges d’instruction. Crime de lèse-majesté, impardonnable pour l’Elysée et la Place Vendôme.

Marianne est en mesure de révéler cette semaine les dessous d’une véritable opération de déstabilisation décidée en haut lieu contre le juge Trévidic. Lassé de lutter seul, jour après jour, Marc Trévidic a même fini par alerter l’Union syndicale des magistrats (USM), laquelle a demandé audience aux hiérarques de la cour d’appel de Paris. Reçus un mois plus tard, les membres de la délégation ont pu mesurer la volonté de « broyer » un juge qui, à l’évidence, dérange. Au point que l’un d’eux n’a trouvé d’autre conseil amical à lui donner que celui d’abandonner son poste. « Aujourd’hui, Marc est au bord de la rupture », raconte l’un de ses proches, tant ce magistrat, travailleur infatigable, d’ordinaire enjoué et imperméable aux pressions, parvient mal à dissimuler sa lassitude, voire son écœurement. En réalité, le juge des dossiers brûlants est devenu la victime d’incessantes brimades, de vexations, de coups bas et d’attaques délibérées. Pis, les incidents avec sa hiérarchie ne cessent de se multiplier.

Tentatives de pression

Le 28 novembre dernier, l’Union syndicale des magistrats (USM) a en effet sollicité audience auprès des plus hautes autorités de la cour d’appel de Paris. Dans son courrier, auquel Marianne a pu avoir accès, l’USM s’inquiète de « mesures concernant Marc Trévidic depuis plusieurs mois, qui semblent être autant de tentatives de pression, voire de déstabilisation, difficilement acceptables ». Une délégation de magistrats a été discrètement reçue peu avant Noël. Selon nos sources, elle en est ressortie « effarée » par la volonté clairement exprimée de mettre au pas, voire à l’écart, un juge encombrant. Le grand inquisiteur de l' »affaire Trévidic » s’appelle Jacques Degrandi, premier président de la cour d’appel de Paris, la plus importante et la plus sensible juridiction de France. Ce magistrat tout-puissant, hautain, sec et cassant, ne dissimule guère son mépris pour les juges d’instruction, les syndicats… et les journalistes. Aux yeux de nombre de professionnels de la justice, il représente la frange la plus conservatrice de la magistrature. Lorsqu’il reçoit ses pairs syndiqués, le 16 décembre dernier, Jacques Degrandi se lance dans un réquisitoire d’une rare violence. Il n’hésite pas à brandir la menace de sanctions contre Marc Trévidic « à la prochaine incartade médiatique ». Pour Degrandi, un bon juge est un juge taiseux, obéissant et aux ordres. Au cours de cet entretien, il ne tergiverse pas et dit tout haut son souhait de voir supprimer – tel que le veut Nicolas Sarkozy – les juges d’instruction, parmi lesquels se trouvent, selon lui, « de nombreux caractériels ». Devant la délégation médusée, il invite le juge Trévidic « à se calmer ». Il lui reproche de « trop parler de ses propres dossiers, de ceux de ses confrères » ; dans un inquiétant mélange des genres, il fustige les propos ironiques du juge sur France Info qui, en février dernier, visaient directement le président de la République. Après l’assassinat de la jeune Laëtitia Perrais, à Pornic, par un criminel récidiviste, Nicolas Sarkozy ouvre le feu et cible durement les juges, promettant des sanctions contre ceux qui ont failli. Les « porte-flingue » du pouvoir évoquent même l’idée d’un projet de loi, inspiré par l’Elysée, qui conduirait à la suppression des juges d’instruction. Marc Trévidic dégaine alors son humour corrosif. Invité sur France Info le 7 février au matin, en tant que président de l’Afmi, il déclare : « Il serait temps d’appliquer la peine plancher à Nicolas Sarkozy puisqu’il faut être très dur envers les multirécidivistes ». Et de dénoncer le manque de moyens de la justice : « Il n’y a pas de politique à long terme, que de l’affichage, c’est du pipeau. » En clair, le juge Trévidic, refusant la révérence autant que la déférence, défie le pouvoir pour mieux défendre son métier.

La menace Karachi

Le pouvoir, lui, se sait menacé depuis 2008, année où le juge Marc Trévidic ouvre la piste politique dans le dossier de l’attentat de Karachi de 2002 : celle des commissions et des rétro-commissions qui auraient servi à financer en 1995 la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, alors Premier ministre et dont Nicolas Sarkozy était le ministre du Budget ; celle, aussi, de l’arrêt des versements ordonnés par Jacques Chirac, qui aurait pu être à l’origine de l’attentat sanglant. Parallèlement, il relance l’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat des sept moines trappistes de Tibéhirine, en Algérie, exhume les coups tordus et les mensonges des diplomaties algérienne et française. Deux affaires dans lesquelles surgissent au cours de l’enquête les noms de certains des plus hauts responsables de l’ex-RPR devenu UMP, de l’actuel gouvernement, et celui du chef de l’Etat. « Le pouvoir a alors déterré la hache de guerre », explique Me Patrick Baudouin, l’avocat des parties civiles dans le dossier Tibéhirine. « La pression, parfois insidieuse, parfois cousue de fil blanc, s’est faite de plus en plus forte au fil du temps. Aujourd’hui, Marc Trévidic fait clairement l’objet d’une tentative de déstabilisation majeure menée par un pouvoir qui se sent cerné. Et use de procédés lamentables, consternants, pour tenter de fragiliser celui qui agace, quand il n’affole pas tant à l’Elysée qu’à la chancellerie. » Même écho au cabinet de Me Olivier Morice. Visage et voix graves, l’avocat des familles des 11 victimes de l’attentat de Karachi lance un avertissement solennel : « Les familles des victimes sont scandalisées et indignées du traitement fait au juge. Nous ne nous laisserons pas faire face à des manœuvres concertées et à des pressions visant à le décourager de poursuivre sa mission. Les familles entendent lui renouveler son entière confiance et s’insurgent face à tout acte d’intimidation qui aurait pour seul objet de le discréditer. Pour ces familles, le juge Trévidic est le symbole de l’indépendance de la justice face à toutes les magouilles, tous les petits arrangements qui permettraient d’étouffer la recherche de la vérité et d’épargner les plus hautes personnalités de notre pays mises en cause dans des scandales d’Etat. » « Si nous devions perdre Marc Trévidic , ajoute Me Patrick Baudouin, ce serait un enterrement de première classe pour nos dossiers. Le juge a démontré qu’il était le seul à pouvoir diriger de telles enquêtes. Et à instruire avec une compétence et une expérience uniques, à charge comme à décharge. On veut le brider, le briser. Ceux qui agissent ainsi devraient avoir honte. »

Déstabilisation

Mais sa hiérarchie n’a honte de rien. Elle guerroie contre un juge pourtant considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du terrorisme islamiste. Or, c’est justement sur ce terrain, le combat d’une vie pour Marc Trévidic, qu’on l’attaque. Le voilà soudainement mal noté par ses supérieurs : une brimade encore signée… Jacques Degrandi. Selon lui, Trévidic n’écoute pas assez les conseils du patron du pôle anti-terroriste, Yves Jannier, « fidèle » serviteur de la chancellerie, réputé pour estimer le plus souvent qu’il est urgent de ne rien faire. Le juge est aussi écarté des nouveaux dossiers qui surgissent. A la grande surprise des spécialistes de l’antiterrorisme, Marc Trévidic n’a pas été saisi des affaires du Niger, ni de celle de l’attentat de Marrakech. Pourquoi se passer d’un des plus fins connaisseurs de l’islam radical et des mouvances d’AQMI, la branche d’Al-Qaida au Maghreb ? Aucune explication sérieuse. Plus édifiant : trois dossiers qu’il gère directement l’ont amené à trouver de nouveaux éléments, à débusquer de nouvelles filières islamistes. Des découvertes qui ont donné lieu à l’ouverture d’instructions, sans qu’il y soit associé ! Mais c’est un autre épisode qui a conduit le magistrat à sortir de ses gonds. Au printemps dernier, le gouvernement nigérien, souhaitant se doter d’un appareil de lutte antiterroriste calqué sur le modèle français, l’invite officiellement à Niamey pour former les magistrats locaux. « Cela n’avait rien d’un voyage d’agrément, décrypte un spécialiste du renseignement. Former des magistrats dans une zone aussi sensible représente à terme une perspective de collaboration efficace pour contrer la menace et sauver nos otages. Remonter une filière, identifier des terroristes, les mettre hors d’état de nuire réclame un savoir-faire très particulier et l’existence d’un système judiciaire fort. » L’Ecole nationale de la magistrature (ENM) accepte et délivre à Trévidic un ordre de mission international en bonne et due forme. Le Quai d’Orsay y ajoute le sien : l’ordre no 72649A, signé le 9 juin 2011 par le directeur du pôle Maghreb du ministère des Affaires étrangères. Marc Trévidic et ses gardes du corps ont en poche leurs billets d’avion, leurs réservations sur place et leurs carnets de vaccination à jour. Décollage prévu le 19 juin dernier. Mais, quarante-huit heures avant le départ, le juge apprend oralement qu’il est écarté de la mission. Sans aucune raison valable. Une manœuvre de nouveau orchestrée par le premier président de la cour d’appel de Paris, Jacques Degrandi.

Visé par la chancellerie

A l’un de ses proches, le juge Trévidic confie alors : « Cela fait de nombreux mois que je suis victime de harcèlement. Même si je suis blindé, ça fait toujours quelque chose. Tout le monde a parfaitement compris qu’il s’agit d’une mesure de rétorsion. J’ai l’impression maintenant qu’on veut me pousser à la faute. » Interpellé sur le point précis de la « mission Niger », le 16 décembre dernier dans son bureau du palais de justice de Paris, par une double délégation de magistrats syndiqués de l’USM et de l’Afmi, Jacques Degrandi nie avoir eu connaissance d’une telle demande d’autorisation, envoyée pourtant le 25 mai. Puis il explique benoîtement que « cette histoire tombe mal, au moment où [il a reçu] instruction du ministère de la Justice de convoquer Marc Trévidic pour le mettre en garde contre sa médiatisation, le juge étant accusé d’avoir parlé de ses affaires en cours et de celles de ses collègues, mais aussi d’avoir traité Nicolas Sarkozy de multirécidiviste suite à l’affaire de Pornic ». Voilà qui a le mérite de la clarté ! Pour faire bonne mesure, le haut magistrat menace explicitement d’engager une procédure disciplinaire contre le juge récalcitrant si l’affaire était médiatisée, bafouant par là même la liberté d’expression syndicale. Sollicités par Marianne, ni Jacques Degrandi, ni Yves Jannier n’ont émis le moindre commentaire. Toujours est-il que « ce sont des propos dignes d’une république bananière qu’il faut dénoncer, réplique Me Patrick Baudouin. Se taire, ce serait rendre les armes. » L’avocat estime, en effet, que la médiatisation est un « bouclier » pour un magistrat exposé à la vindicte du pouvoir et à la jalousie de certains de ses pairs. « Sa popularité est l’une de ses forces. Aujourd’hui, c’est à nous de faire passer le message. Les Français doivent savoir les difficultés rencontrées par un juge d’exception qui déplaît en haut lieu parce qu’il fait avancer les dossiers et menace la raison d’Etat. » Ancien président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, grande figure des combats pour les libertés fondamentales, ennemi juré de nombreuses dictatures, Patrick Baudouin affirme qu’il mettra tout son poids dans la balance, si nécessaire. « Même si, dans un autre dossier, je défends une personne qu’il a mise en examen, précise-t-il, au fond, nous partageons, avec Marc Trévidic, la même cause : le refus d’une magistrature couchée, aux ordres, le même souci d’une justice équitable pour tous, le même souci de la recherche de la vérité. »

Ubu au palais de justice

Signe de la tension – palpable – et du climat – irrespirable – qui règne au sein de la galerie Saint-Eloi où loge le pôle des huit juges antiterroristes, un autre incident ubuesque est intervenu en septembre 2011 qui prouve que tous les prétextes sont bons pour tenter de déboulonner Marc Trévidic. Après la sortie de son livre Au cœur de l’antiterrorisme*, le juge multiplie les interviews. Se sachant dans le viseur de la chancellerie, il prend soin, comme dans son ouvrage, de ne jamais évoquer les affaires en cours devant les journalistes. Il n’empêche : la médiatisation du magistrat agace l’exécutif. Un juge antiterroriste qui, sur France 2, guitare à la main, entonne Vertige de l’amour, de Bashung, voilà qui est, en effet, insupportable ! Toujours est-il qu’en septembre dernier Marc Trévidic accepte de recevoir une équipe de journalistes de la revue l’Essentiel des relations internationales. Le patron de cette publication a demandé au préalable si le juge tolérait la présence d’un photographe dans son bureau. Le magistrat n’y voit pas d’inconvénient, mais prévient : les photos dans la galerie du « bunker » abritant, sous les combles du palais de justice de Paris, le pôle antiterroriste sont interdites. Rendez-vous est pris pour le 22 septembre en fin d’après-midi. A l’issue de l’entretien, les gendarmes, qui surveillent les allées et venues, croient voir sur leurs écrans de contrôle un des journalistes prendre des photos du grand couloir vide de la galerie Saint-Eloi. Alerte ! Intervention immédiate des pandores. Immobilisation des journalistes. Le commandant militaire du palais et plusieurs hauts magistrats se rendent aussitôt sur les lieux. Vérification faite en présence de Marc Trévidic, l’appareil photo ne contient d’autres clichés que ceux pris dans le bureau du magistrat. L’incident aurait dû s’arrêter là. La politesse élémentaire eût même exigé que des excuses soient présentées. C’est compter sans l’acharnement de sa hiérarchie. La présidente du tribunal de grande instance de Paris, Chantal Arens, convoque le juge pour le tancer comme un gosse. Elle estime qu’il a fait preuve d’imprudence, que cela aurait pu avoir des conséquences néfastes en termes de sécurité. Elle se fend même d’un rapport assorti d’une « mise en garde » officielle qui sera versée à son dossier ! Cette fois, Marc Trévidic voit rouge. Il fustige le caractère arbitraire de cette mesure, dénonce l’absence de débat contradictoire. « En définitive, déplore-t-il non sans humour, on me reproche de n’avoir pas fait en sorte d’empêcher des journalistes de prendre des photos qu’ils n’ont pas prises. » Mais il s’interroge aussi sur la signification réelle de cette « mise en garde » qui apparaît comme une sanction déguisée. Il en demande le retrait, alerte les syndicats. Prise au propre piège de son zèle, la hiérarchie recule. Exit la « mise en garde » !

Atmosphère irrespirable

Marc Trévidic, lui, ne supporte plus le « flicage » permanent dont il estime faire l’objet et le climat de défiance qui règne au sein de la galerie Saint-Eloi. En témoigne la présence désormais systématique du supérieur hiérarchique du juge, Yves Jannier, codésigné dans le dossier, à chaque audition dans l’affaire Karachi. « On ne le voyait jamais dans le bureau du juge avant que la piste politique ne soit ouverte », raconte un familier de la galerie, qui préfère garder l’anonymat. Selon cette même source, Yves Jannier a, en revanche, refusé de participer à deux réunions d’information organisées pour les familles des victimes. Comme pour montrer son hostilité à la tournure prise par l’enquête. Il faut dire que Jannier est bien plus proche de sa hiérarchie que des magistrats qu’il est censé protéger. La preuve : deux juges de la galerie, Philippe Coirre et Marie-Antoinette Houyvet, fatigués par les pressions politiques, usés par le climat délétère, lassés d’être critiqués parce qu’ils travaillaient de bon cœur avec Marc Trévidic, ont fini par démissionner en 2009 et 2010. Pour l’heure, le magistrat, irréductible Breton, poursuit ses enquêtes avec une rigueur jamais mise en défaut, mais avec une lassitude qu’on ne lui connaissait pas. « Lors de notre dernier rendez-vous, la semaine dernière, il semblait rongé, miné », confie Me Patrick Baudouin. Contacté par Marianne, Marc Trévidic n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il attend la réaction des syndicats qu’il a alertés. Ou la prochaine offensive de ceux qui mènent contre lui cette guerre « à bas bruit ».

Comme le juge Boulouque ?

« Vous voulez savoir comment il va et ce qu’il ressent vraiment, lance un de ses amis d’enfance. Reportez-vous à son bouquin lorsqu’il évoque le destin tragique de Gilles Boulouque. Tout est dit. » Gilles Boulouque était juge antiterroriste dans les années 80. Victime des manipulations du pouvoir de l’époque, cible permanente de sa hiérarchie, inculpé pour violation du secret de l’instruction, bref poussé à bout, il s’est donné la mort chez lui, avec son arme de service, en 1986. De celui qui reste à ses yeux un modèle de probité et de professionnalisme, Marc Trévidic écrit : « Même si les difficultés de ma tâche sont loin d’égaler la complexité des situations qu’il a dû affronter, je sais comment cette pression incessante a pu affecter sa vie personnelle, comment les critiques […] et le peu de soutien de sa hiérarchie ont eu raison de ses forces. Dans la guerre contre le terrorisme, les ennemis sont trop nombreux pour que l’on puisse sans dommages se passer de renforts. Le plus éprouvant, c’est l’attitude de son propre camp, les luttes internes. » Aujourd’hui, le juge Trévidic n’entend pas se laisser entraîner dans une spirale destructrice, mais il sait désormais qu’il lui faudra combattre sans répit contre celui que, dans son livre, il a surnommé « l’ennemi de l’intérieur ».

Frédéric Helbert

 

* Ed. Jean-Claude Lattès, février 2011.

Accéder au dossier complet tel que paru dans Marianne N°769 (pour le sauvegarder : click droit sur le lien, puis enregistrer sous).


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À propos de l'auteur

Grand-reporter de guerre, (souvent), journaliste d'investigation, multi-médias, tous terrains, membre de l'association de la presse judiciaire, passionné par les phénomènes terroristes depuis le début de ma carrière à Europe11. Tropisme assumé pour le Moyen-Orient et la péninsule arabe-musulmane. Jamais rassasié d'infos,  accro à tous types d'enquêtes et reportages, j'aime explorer le dessous des cartes de dossiers sensibles. En toute liberté. Vos témoignages, vos infos, vos commentaires sont  bienvenus!

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